Critique Infiniti : l'espace d'une mini-série, Canal+ vise le cosmos

20 mars 2022 à 18h36
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Infiniti © Canal+

Pour des raisons qui peuvent s'entendre, Canal+ semble se donner beaucoup de mal pour que sa nouvelle mini-série, Infiniti, passe sous votre radar. Mais ce serait vraiment dommage. Surtout si vous aimez l'espace, le voyage physique ou ésotérique, les thrillers et la science-fiction.

Infiniti
  • Vous aimez les séries qui brouillent les pistes
  • L'utilisation de différentes langues vous botte
  • Vous cherchez une œuvre courte
  • Vous n'aimez pas l'ésotérisme dans vos drames
  • Vous n'avez pas du tout aimé Missions
  • Vous préférez les séries plus longues

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série (ou plutôt, faute de la présence de la BO en ligne pour le moment, avec une piste des compositeurs Thomas Couzinier & Frédéric Kooshmanian, qui avaient déjà collaboré sur l'excellente série Zone Blanche) :

Fiche technique Infiniti

Résumé

Informations

Genre
Science-Fiction, Thriller, Mystère, Fantastique
Réalisation
Stéphane Pannetier, Julien Vanlerenberghe
Editeur
Empreinte Digitale, Federation Entertainment Belgique
Plateforme
MyCanal
Format d'épisode
52mn
Nombre de saisons
1
Nombre d'épisodes (Total)
6
Classification
Déconseillé / interdit aux moins de 16 ans

Vers l'Infiniti et au-delà !

Suite à un accident, la Station Spatiale Internationale ne répond plus, et son équipage semble en très mauvaise posture. En parallèle de ce drame, un cadavre décapité et couvert de cire est retrouvé sur un toit au Kazakhstan : il s’agit d’Anthony Kurz, un astronaute américain censé être actuellement en mission à bord de l’ISS… Une spationaute française écartée du programme spatial et un policier kazakh désavoué vont tenter de résoudre cet étrange mystère.

Au moment où sont rédigées ces lignes, à savoir mi-mars 2022, Canal+ ne fait que très peu de promotion de sa prochaine série Infiniti. Celle-ci arrive pourtant le 4 avril prochain. La chaîne ne doit pas en avoir honte, puisque comme vous le verrez dans cette critique elle ne manque pas de qualités. C'est donc certainement, et à juste titre, l'actualité du moment qui doit être la cause de ce silence.

Infiniti © Canal+

Entre cette histoire d'ISS en perdition et l'intrigue au Kazakhstan (pays toujours très lié à l'URSS et à la Russie à l'instar de l'Ukraine…) où - alerte spoiler - les Russes manigancent en se cachant à peine… niveau mauvais timing Infiniti remporte probablement la palme.

Quoi qu'il en soit, il est agréable de voir la production française tenter des choses en allant chercher du côté des genres risqués et coûteux que sont la science-fiction et l'espace. Tout comme Missions sur OCS d'ailleurs, dont l'ultime saison a été diffusée il y a peu, on retrouve la société Empreinte Digitale à la production. Difficile d'ailleurs de ne pas y sentir sa patte, tant les similitudes entre les deux shows sont nombreuses.

Infiniti © Canal+

ISS, c'est la hess

Tout d'abord, on y trouve des personnages venus de nombreux pays. Dans Infiniti, on entend parler tour à tour anglais, russe, français et d'autres dialectes. C'est logiquement lié à l'équipe multi culturelle de l'ISS, mais aussi à la ville de Baïkonour et à son Cosmodrome où se déroule une bonne partie de l'action. Ce mélange des cultures est assurément dépaysant pour les oreilles.

Infiniti © Canal+

Le dépaysement passe également par les très jolis plans dans l'espace évidemment, par les moments convaincants dans l'ISS fort bien reconstituée, mais aussi par les magnifiques prises de vues aériennes de la steppe kazakh, qui donneraient presque des envies de voyage si l'environnement n'était pas aussi vide, hostile et aride. La réalisation inspirée (assurée par Thierry Poiraud) et la photo (Christophe Nuyens) sont d'ailleurs à saluer dans leur ensemble.

« le show de Canal+ nous a convaincus. »

L'autre point commun entre Missions et Infiniti - point que cette dernière maîtrise d'ailleurs spécialement bien -, c'est son talent pour brouiller les pistes. Dès que l'on est persuadés qu'une explication rationnelle existe pour justifier des événements au scénario, quelque chose de visiblement paranormal nous fait douter. Et inversement, dès qu'on se persuade qu'il y a bien de la science fiction là-dessous, un fait scientifique vient donner une explication plausible.

Infiniti © Canal+

Perdre la tête pour Saint Cire

Pour les plus cartésiens (comme votre serviteur), pas de panique : non seulement la mini-série apporte dans son dernier épisode de nombreuses réponses aux questions posées et fait un réel effort de réalisme physique, mais en plus la part ésotérique du show demeure relativement légère et digeste. Avec son format court sans suite de prévue (normalement), la série évite d'aller trop loin dans la complexité et ainsi de perdre des personnes en route, tout en mettant en avant avec tact un peuple, une culture et des croyances méconnues.

Infiniti © Canal+

Il faut dire que le pan thriller est finalement le plus important d'Infiniti. Outre l'enquête plutôt bien menée malgré quelques petits raccourcis sur ce qu'il s'est passé sur l'ISS et sur Terre, une intrigue politique se joue également dans la base de lancement et autour. Les tensions entre les représentants des différents pays et acteurs de l'aérospatiale impliqués sont fortes, les allégeances mouvantes et les égos malmenés ; dans le fond les ingénieurs ne sont pas en reste niveau pression pour tenter de sauver la station et ses potentiels survivants.

Infiniti a d'ailleurs juste ce qu'il faut d'action pour non seulement surprendre et faire se redresser le spectateur dans son canapé, mais aussi souligner que les enjeux montrés sont bel et bien sérieux. Bien que composée de nombreux dialogues et moments assez contemplatifs voire poétiques, la série ne pèche pas par son rythme et développe intelligemment ce qui doit l'être.

Infiniti © Canal+

C'est notamment le cas des personnages, tous fort bien incarnés et convaincants. Leurs histoires respectives qui expliquent leurs motivations sont plutôt bien racontées et, à l'image de l'ensemble de la série, l'écriture est maitrisée et laisse transparaitre l'implication de l'équipe créative dans le projet.

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Inspirée assez visiblement de nombreuses œuvres et tombant donc par moments dans le « déjà-vu », ce qui pourrait l'empêcher de marquer les esprits sur le long terme, Infiniti n'en demeure pas moins une excellente série que nous vous recommandons.

En utilisant le Kazakhstan et sa culture méconnue comme terrain de jeu atypique, Canal+ développe une histoire bien ficelée, à la fois intime et grandiose grâce aux moyens investis dans la production, et nous propose une série qui nous a tout simplement convaincus.

Cette œuvre est pour vous si

  • Vous aimez les séries qui brouillent les pistes
  • L'utilisation de différentes langues vous botte
  • Vous cherchez une œuvre courte

Cette œuvre n'est pas pour vous si

  • Vous n'aimez pas l'ésotérisme dans vos drames
  • Vous n'avez pas du tout aimé Missions
  • Vous préférez les séries plus longues

Infiniti est disponible sur Canal+ (2 épisodes tous les lundis soirs) et myCanal (en intégralité) à partir du 4 avril.

Antoine Roche

Journaliste spé culture pop (séries/ciné/JV), technologie (SVoD, OS, apps…) et jeux de mots douteux. Pas forcément dans cet ordre.

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Commentaires (6)

louchi
C’est la première fois que je regarde une bande annonce de…8 secondes c’est court, mais on entend bien Feu! Chatterton, j’aime bien ce groupe. Why not.
aGa
Oui il n’y a toujours pas de vraie bande-annonce
Pierre_Remi
Bonjour,<br /> Je pense qu’il y a un petit contresens sur l’utilisation de « sous les radars » au début :<br /> sous le radar — Wiktionnaire.
aGa
Je ne crois pas justement. Il y a eu très peu de promo de la part de Canal+, donc beaucoup de gens vont manquer la série.
Pierre_Remi
Mes excuses alors, c’est moi qui ai mal compris, je pensais qu’ils en avaient fait la promotion.
jac07
il y a 1 peu de gravity dans la serie !! toutefois j ai eu du mal a suivre !! sa s senbrouille dommage …
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