Live Japon : des poussettes aux camions, la conduite électronique facile

Karyn Poupée
Publié le 19 octobre 2013 à 15h14
S'il y a une différence que tout individu sensé remarque d'emblée entre Tokyo et Paris, c'est la facilité dans la mégapole japonaise à se déplacer à vélo, en fauteuil roulant ou avec une poussette, et la galère que cela peut être dans la capitale hexagonale, en tout cas au moins pour les deux derniers engins.

Pourtant, ce sont encore les Japonais, perfectionnistes s'il en est, qui, non seulement sont en train de barder les automobiles d'une foultitude de puces électroniques pour renforcer les capacités sensorielles du conducteur, mais ont aussi imaginé des techniques nouvelles pour rendre les chaussées et lieux publics les plus praticables possibles pour tout individu, quel que soit son moyen de locomotion et son degré de validité.

Au point qu'il n'est pas impensable qu'un jour, comme le suggère J.P. Nishi, les poussettes n'aient plus non plus besoin de ... pousseur.


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Conduire une poussette dans les rues de Tokyo, prendre le train ou le métro avec, aucun souci. Non seulement c'est admis, mais en plus c'est facilité, par des ascenseurs le plus souvent ou l'aide souriante du préposé s'il n'y a que des escaliers, lesquels sont aussi équipés d'un porte-fauteuil roulant. Sur simple signalement un employé vient déployer une rampe d'accès pour les handicapés à la porte de la voiture du métro. Les chemins sont balisés de lignes jaunes à plots en relief pour ceux qui se déplacent avec une canne blanche et à l'avenir des étiquettes électroniques seront intégrées dans ces marqueurs pour être lues par la canne blanche reliée au smartphone qui donnera ainsi des indications vocales.

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Cela existe par exemple déjà pour les automobiles qui, sur les grandes routes du Japon, reçoivent pas ondes ou infrarouges des informations sur l'état du trafic et d'autres données que comprennent les systèmes de radionavigation. Un tel dispositif est déployé depuis 1996 et s'est bien entendu techniquement fortement amélioré depuis. La prochaine étape, c'est la communication entre véhicules. On utilise d'ailleurs déjà ces derniers pour collecter des informations adressées à un centre de gestion et qui servent justement à prévoir l'état du trafic. 

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Dans un genre voisin, le groupe de télécommunications japonais NTT a imaginé une solution technique pour connaître l'état physique des rues grâce aux... poussettes, vélos et fauteuils roulants, justement. 

« Attention, à 15 mètres devant vous, le trottoir est très abîmé », dit en substance le smartphone, incitant ainsi l'intéressé(e) à ralentir le pas, changer de côté ou bifurquer. Selon le concept de NTT, cette alerte provient d'un centre de données qui contient des informations très précises sur l'état de la chaussée tout au long du chemin. Pour obtenir ces données, il faut installer des capteurs sur des poussettes, des bicyclettes, fauteuils roulants et autres engins empruntant les trottoirs et bas-côtés. Ces capteurs de vibrations transmettent les informations collectées à un centre de traitement, via le mobile de la personne concernée. Les smartphones des piétons peuvent aussi être dotés de capteurs et jouer ce rôle. Toutes ces informations géolocalisées et horodatées sont conjuguées à une cartographie. « Plus il y a de personnes pour recueillir les données, plus la cartographie de l'état de la chaussée devient précise et plus elle est utile à un grand nombre », explique un des responsables du projet. « Ce n'est encore qu'à l'état de concept mais nous aimerions faire des tests grandeur nature », ajoute-t-il.

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Le but est non seulement d'informer ceux qui manœuvrent des poussettes mais aussi les personnes handicapées en fauteuil roulant, les coureurs, les piétons et les pouvoirs publics qui ne connaissent pas nécessairement l'état des rues et venelles de tous les quartiers, surtout dans les grandes villes. De telles informations leur seraient donc utiles pour planifier des travaux. Même les commerçants y trouveraient leur compte puisqu'ils pourraient plus facilement connaître la fréquentation des rues et y prévoir de façon plus pertinente l'ouverture de boutiques.

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« Cela contribuerait non seulement à la sûreté mais aussi à l'entretien et à la vitalité des quartiers », ajoute le chercheur de NTT. Au Japon, le fait d'installer des capteurs et de recueillir des données anonymes sur la localisation et le cheminement des personnes ne suscite généralement pas de craintes, les Nippons ayant tendance à voir davantage le bénéfice qu'ils en retirent que des menaces à leur liberté individuelle. Ainsi, personne ne s'inquiète trop du fait que les compagnies ferroviaires connaissent précisément tous les trajets effectués par une personne munie d'un passe à puce sans contact Pasmo ou Suica ainsi que tous les achats effectués avec ces cartes qui sont aussi des porte-monnaie électroniques.

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Dans l'esprit nippon, la technique est une bonne chose dont il ne faut pas avoir peur, elle est une amie de l'homme, d'où cette relation fraternelle qu'ils développent avec les robots. C'est vrai aussi pour l'automobile. L'électronique est donc censée permettre de réduire encore le nombre d'accident sur les routes, en palliant aux déficiences humaines, grâce à des techniques visuelles, auditives, tactiles et même olfactives.

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« Une ambulance arrive sur votre gauche au prochain croisement », prévient le pare-brise de la voiture. Le chauffeur comprend : il doit ralentir, céder le passage. S'il n'avait pas été averti, il aurait peut-être pilé au dernier moment au risque de se blesser. 

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En bardant une voiture de caméras, radars, capteurs, micros et autres composants électro-sensibles capables de communiquer avec l'ordinateur de bord local ou avec un système plus large impliquant un réseau de véhicules, on confère à l'automobile des facultés que l'homme n'aura jamais. Tout concentré qu'il soit au volant, il sera naturellement toujours incapable de voir à 360 degrés ou de remarquer le cycliste ou le camion situé derrière un bâtiment au carrefour suivant.

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Ces technologies peuvent avoir pour objectif de rendre la conduite semi-automatique, un concept que développent notamment les constructeurs Nissan, Toyota et Honda et que nous vous avons présenté précédemment, mais elles peuvent aussi la rendre plus rationnelle sans enlever au chauffeur la sensation que c'est lui qui perçoit et décide, bien au contraire.

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« Le but de nos équipements est de permettre de conduire de façon instinctive avec un minimum d'actions en maximisant les capacités humaines innées », explique le fabricant d'autoradios et systèmes de radionavigation Pioneer, lequel veut « faciliter la conduite dans une position décontractée avec une perception naturelle de la situation ».

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Exemple : en projetant sur le pare-brise des données sur la direction à prendre, la présence d'un passant sur le bas-côté à 50 mètres et la vitesse du véhicule, le conducteur dispose d'un surcroît de données visuelles que son cerveau prend en compte pour agir. Les jeunes habitués des jeux vidéo maîtrisent cette profusion d'éléments et savent très bien agir en conséquence.

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La superposition d'informations sur le pare-brise (souvent appelée « réalité augmentée » ou AR) ou la projection de l'image de la route sur un grand tableau de bord/écran sont des grandes tendances actuelles censées améliorer la sécurité puisque les yeux du conducteur ne quittent ainsi plus la route. Et alors que nombre d'automobilistes écoutent la radio et se coupent de l'environnement sonore extérieur, pourtant bien utile, Pioneer a développé un dispositif audio qui mixe astucieusement les sons pertinents du dehors afin d'alerter l'intéressé sur la présence d'une moto ou d'un camion à proximité.

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Et tant qu'à solliciter les sens du chauffeur, autant s'assurer qu'il est bien en état de conduire. C'est par exemple ce que fait l'équipementier Denso avec un analyseur de regard. Quel est le pourcentage d'ouverture des yeux, où visent-ils, le sujet n'a-t-il pas sommeil ? Plusieurs paramètres du visage sont conjugués pour émettre un jugement. Le chercheur Yasuhiko Nakano de Fujitsu a combiné pour sa part un capteur à fixer sur l'oreille et un smartphone pour suivre très précisément les pulsations cardiaques. Mitsubishi Electric va encore plus loin avec son concept « Emirai », une voiture de science-fiction qui prend non seulement le pouls mais aussi la température faciale du conducteur et lance une alarme en cas d'anomalie.

Si d'aventure l'individu a tendance à piquer du nez, une bonne odeur n'est-elle pas de nature à le remettre d'aplomb ? Eh bien peut-être selon des chercheurs de l'université Meijo.

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« La concentration continue nécessaire lors de la conduite entraîne un stress et une fatigue qui sont la cause de nombreux accidents. Or, en se basant sur les résultats relaxants obtenus en aromathérapie, on peut espérer pouvoir réduire la fatigue avec des parfums qui stimulent la sécrétion de sérotonine, laquelle tend à diminuer lorsque le sujet est tendu », rappelle l'équipe du professeur Yuya Ogawa. Déceler l'entrée en somnolence du conducteur et tenter de le requinquer ne saurait cependant suffire à éviter le pire, insiste Yoichi Hasegawa, de la faculté de Sciences et technologies d'Aichi, province-fief de Toyota. Car selon lui, il faut un système qui s'adapte réellement aux réactions du sujet. 

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D'où son idée : un volant équipé d'une caméra (pour suivre les yeux, l'attention, le pouls), des vibreurs (pour stimuler les points sensibles de la main) et des boutons de réaction pour permettre à l'automobiliste, au chauffeur de bus ou au camionneur de se manifester et de prouver qu'il est bien alerte et apte à poursuivre son chemin. Si ne l'est pas, on peut toujours tenter de le raisonner avec des systèmes d'interaction vocale capable de suggérer au conducteur de faire une pause pour se rendre dans un café.
Karyn Poupée
Par Karyn Poupée

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