L'Union européenne aura sa constellation de connectivité IRIS² (et non ce n'est pas Starlink)

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
17 février 2023 à 17h45
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Voici IRIS². Crédits EUSPA
Voici IRIS². Crédits EUSPA


Le parlement européen a voté en faveur d’une grande enveloppe de 2.4 milliards d’euros pour développer et mettre en place la nouvelle constellation européenne IRIS². Cette dernière fournira aux gouvernements, aux services publics et d’urgence une solution de connectivité en continu.

Présentée parfois comme un concurrent à Starlink, elle sera surtout présente pour éviter que les administrations n’utilisent le réseau américain, et fournir un service plus sûr.


L’Union veut se connecter

« C’est une capacité essentielle que l’Europe n’a pas et que fournira IRIS² », expliquait le commissaire européen Thierry Breton ce 14 février. La constellation de connectivité européenne, il la défend depuis plus d’un an, à tel point qu’elle a parfois été appelée « constellation Breton ». Mais, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février dernier, les responsables européens ont eu tout le loisir de constater à quel point Starlink, la constellation de connectivité proposée par SpaceX, était devenue indispensable non seulement sur le front, mais aussi et surtout, dans des régions coupées du monde par les bombardements.

Une situation de dépendance à une entreprise américaine, et plus encore, aux décisions radicales de son fondateur, Elon Musk. Et une inquiétude pour l’Union européenne, qui voit le risque de généraliser cette solution pour des services publics, parfois critiques, en Europe et ailleurs, en même temps que celui du piratage des infrastructures. C’est le rôle d’IRIS² (c’est de l’anglais : Infrastructure for Resilience, Interconnectivity and Security by Satellite), qui fournira des communications « globales, ultrasécurisées et autonomes » aux gouvernements et services publics.

Éviter Starlink, c'est trop tard ?

Pour y arriver avant que l’usage d’autres outils (dont Starlink) soit généralisé, l’Union européenne veut se doter de mécanismes pour déployer rapidement sa constellation. Elle pourra compter sur l’ESA, qui a déjà mis sur la table une enveloppe de plus de 700 millions, mais aussi sur les industriels européens qui ont été plusieurs fois sollicités pour des pré-projets l’année passée. Car pas question d’utiliser des prestataires extérieurs ou pire, un sous-traitant travaillant pour ou avec la Russie : pour l’UE, la collaboration est close.

Il s’agira d’envoyer les premiers éléments en orbite dès 2024-2025, avec un objectif de 170 satellites en orbite basse d’ici 2027, assurant un maillage global. On le sait, un tel nombre d’unités ne pourra pas lutter contre les débits proposés par Starlink ou ses concurrents qui proposent des milliers de satellites équipés de transpondeurs et de liens entre eux ou vers les stations au sol… Mais ce n’est pas l’objectif, qui est surtout de disposer d’une colonne vertébrale de communication européenne, avec du chiffrage et des stations sécurisées.

Des contrats rapides

L’Union européenne veut aussi innover en mettant en place une forme de contrat public-privé pour accélérer le développement d’IRIS², avec une part qui sera directement confiée à des PME et startups européennes, et une autre qui devrait tirer parti des forces industrielles déjà en place. C’est le cas des technologies quantiques de chiffrage avec des projets tels que TeQuantS attribué à Thales Alenia Space en janvier. L’Europe est donc dans les starting-blocks avant sa propre course à la connectivité.

À noter qu’elle n’est pas la seule : si l’attention publique est focalisée sur les grands projets commerciaux tels que ceux de SpaceX ou OneWeb, on se rappellera que la Russie souhaite aussi mettre en place un tel réseau pour ses besoins gouvernementaux, c’est le projet Sfera.

Source : Spacenews

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (26)

paskamatas
IRIS² (c’est de l’anglais : Infrastructure for Resilience, Interconnectivity and Security by Satellite)<br /> un comble avec l’UK qui est sortie de l’UE …
dfinit
Pourquoi le comble? L’anglais n’est plus associé avec l’uk depuis longtemps.<br /> Sinon bonne nouvelle pour le réseau IRIS, curieux de voir l’implémentation.
MattS32
paskamatas:<br /> un comble avec l’UK qui est sortie de l’UE …<br /> Ça n’empêche pas que l’anglais soit la langue de travail de l’UE, puisque quasiment chaque pays a sa langue…<br /> En un certain sens, c’est presque même mieux que la langue de travail ne soit pas celle d’un des pays majeurs de l’union, ça permet de ne pas en avantager un particulièrement.
spark90
On va encore poubelliser l’espace, trop bien !
Werehog
Il aurait fallu quoi ? De l’espéranto ?
kroman
Le parlement européen étant à Strasbourg, ça devrait être l’Alsacien
MattS32
Peut-être « Infrastructure für Resilienza, Interconectividad și Bezpieczeństwo kõrval Družice », comme ça (presque) tout le monde aurait été content
Tabouret
Pourriez-vous casser les paragraphes? Je ne demande pas d’aller a la ligne a chaque phrase, mais une tartine ainsi n’est pas evidente a lire
Espeyrut
Le Français est aussi une langue de travail de l’UE, la troisième, c’est l’allemand.<br /> Une des caractéristiques fondamentales de l’Europe c’est son multilinguisme… Sur un site de l’UE on peut trouver ça :<br /> Le multilinguisme est l’un des principes fondateurs de l’Union européenne.<br /> Cette politique vise à:<br /> communiquer avec les citoyens dans leur propre langue;<br /> protéger la grande diversité linguistique de l’Europe;<br /> promouvoir l’apprentissage des langues en Europe.<br /> De plus, il n’est pas rare que par gain de temps des documents ne soient pas traduits autrement qu’en Anglais ce qui a de méchants effets sur la compréhension des concepts qui y sont exprimés par des députés qui ne sont pas tous bilingues mais qui doivent ensuite voter en « connaissance ».
cclude
Entre un grabataire des usa Biden et une UE pathétique, on est bien partie…
ebottlaender
J’ai espacé oui, même si perso ça me choquait pas, moins de 200 mots par paragraphe… Faut changer de smartphone
Eths25
Et des flamants roses
bronngeor
Cela va faire comme le fameux GPS Européen il n’est toujours pas complété cela va vous couter un bras mais il y en a qui vont se remplir les poches c’est pas grave. L’Europe n’encourage pas les initiatives c’est les politiciens qu’ils veulent récolter des fleurs.
ebottlaender
Hum, s’il manque 2 à 4 unités sur Galileo, précisons tout de même que d’une part la constellation est fonctionnelle, et qu’elle est à ce jour la plus précise au monde. Plus d’un milliard d’objets connectés s’en servent… Après des débuts lents et poussifs (2000 - 2014) c’est reconnu comme un succès.
fioh
Si c’est Ariane qui va monter les engins en orbite, on y sera encore en 2040
bennukem
Iris=œil=être espionné=illuminatis=terre plate=nous sommes esclaves des hommes lézards.<br /> Voilà ce qui se cache dessous ce nom.<br /> Le ² est juste là pour dire qu’on va en baver au carré
Cmoi
En même temps, l’UE est cette fois lucide…puisque comme elle ne peut pas concurrencer Starlink qui lance des dizaines de satellites toutes les semaines ou presque…elle essaye de préserver uniquement les communications sensibles.
Chirokee
Ne pas dépendre des USA, voilà une décision bien venue. Mais continuer d’en dépendre - ainsi que d’autres - pour accéder à l’espace pour nos astronautes est bien pire encore et là, bonjour l’indépendance !<br /> Nous continuerons donc à faire du stop
grandlulu
Chaque pays va mettre sa constellation de satellites, ça être top !
bennukem
Peu de chance que tous les pays puissent se le permettre.
Azarcal
+1<br /> Clair, ont doit en etre a plus de 2000 satellites a peu pres en ce moment…
Vankovic
Un énorme problème de plus pour les observations astronomiques et toutes les spécialités qui en dépendent…
Comcom1
Critiquer la technologie qu’on utilise directement ou indirectement, c’est un comble
SATS
Une situation de dépendance à une entreprise américaine, et plus encore, aux décisions radicales de son fondateur, Elon Musk.<br /> C’est bien, l’UE comprend vite. Après s’être aperçu que la dépendance avec la Chine posait de graves problèmes, on s’aperçoit que celle avec les USA est aussi un problème.<br /> On est vraiment gouverné par des clowns.
Lepered
Biden et l’UE sont des solutions plus viables que des humanistes et poètes à leurs heures comme poutine ou kim… La démocratie (sous toutes ces formes) reste encore le moins pire des mode de gouvernement et de loin.
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