De nouvelles exoplanètes bientôt découvertes grâce au télescope Gaia ?

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
01 février 2022 à 16h35
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La Voie lactée, ses nuages de gaz et ses milliards d'étoiles… © ESA/Gaia/DPAC; CC BY-SA 3.0 IGO. Acknowledgement: A. Moitinho and M. Barros
La Voie lactée, ses nuages de gaz et ses milliards d'étoiles… © ESA/Gaia/DPAC; CC BY-SA 3.0 IGO. Acknowledgement: A. Moitinho and M. Barros

Le prochain catalogue du télescope spatial Gaia dédié à l'astrométrie, qui cartographie notre voisinage galactique, devrait proposer une liste d'étoiles qui hébergent probablement au moins une exoplanète. La méthode est complexe, mais ce sont plusieurs milliers de systèmes qui seraient potentiellement concernés.

La technique requiert une précision maximale et beaucoup de relevés… la spécialité de Gaia !

Gaia cherche des étoiles, et encore des étoiles

Il faudra attendre le deuxième trimestre pour que le troisième catalogue « définitif » de la mission Gaia soit publié. Il contiendra des informations précises sur plus de 1,8 milliard d'étoiles, incluant pour la majorité d'entre elles leur spectre lumineux (intensité, couleur, type), leur position, leur déplacement… Une véritable mine d'or de 5 pétaoctets de données, centrée sur les 34 premiers mois de mission scientifique. Voilà « seulement » trois ans de données, alors que le télescope est au Point de Lagrange L2 depuis neuf ans ! Le reste est précieusement stocké sur Terre.

En s'intéressant aux étoiles, il est parfois possible de déterminer si ces dernières hébergent des exoplanètes sans avoir à utiliser ni la méthode des transits, ni la parallaxe, ni l'imagerie directe. Avec la position précise de l'étoile, une exoplanète massive va influencer sa trajectoire, qui va ainsi ressembler à une vague. Une vague minuscule, observée à des dizaines ou des centaines d'années-lumière, comme le fait Gaia. Seuls quelques autres télescopes extraordinaires comme Hubble ou le VLT peuvent réussir de même, au prix de très longues observations.

Le catalogue DR3 sera une nouvelle avancée déterminante pour comprendre notre univers. Ici, l'infographie « early data release » de décembre 2020. Crédits : ESA
Le catalogue DR3 sera une nouvelle avancée déterminante pour comprendre notre univers. Ici, l'infographie « early data release » de décembre 2020. Crédits : ESA

Un soleil qui bouge, une planète en embuscade

Pour tester la méthode de détection d'exoplanètes via l'astrométrie, les scientifiques ont observé les relevés de Gaia sur l'étoile HD81040, située à environ 115 années-lumière de notre Soleil. Autour de cette dernière, une exoplanète de type « Super-Jupiter » orbite en 1 000 jours environ, elle a été découverte en 2006… et c'est une très bonne candidate pour tester la méthode. Et ce, même si les 34 mois d'étude de DR4 ne couvrent qu'une période de 900 jours où HD81040 apparaît sur les données (pas tous les jours, évidemment, Gaia tourne en permanence pour observer l'ensemble du ciel observable).

L'étude des données est catégorique, l'analyse de l'astrométrie et de la mesure de son déplacement au fil du temps montre bien la présence d'une exoplanète massive. Seule la période est faussée, pour une bonne raison : cette « Super-Jupiter » n'a pas eu le temps de faire une orbite complète autour de son étoile.

Le télescope orbital Gaia en préparation au Centre Spatial guyanais. Crédits : ESA
Le télescope orbital Gaia en préparation au Centre Spatial guyanais. Crédits : ESA

Téma la taille du catalogue

Avec une astrométrie précise et le catalogue toujours plus fourni et raffiné de Gaia, il sera en théorie possible d'extraire des milliers d'étoiles candidates hébergeant probablement des exoplanètes massives… bien que ce ne soit pas la mission principale du télescope !

Il faudra pour cela faire travailler des algorithmes prédictifs, qui devront être modifiés en fonction de la validation (ou non) des candidates avec d'autres télescopes ou d'autres méthodes de détection. De quoi faire exploser un autre catalogue qui pourtant se remplit bien vite, celui des exoplanètes connues. Il n'y en a « que » 4 905 en ce début 2022…

Source : ESA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (5)

ybrasseleur
Des millions d’années lumière pour se rendre sur l’une de ces planètes, la probabilité d’y accéder est nulle, nous n’avons pas la technologie pour et nous ne l’aurons probablement jamais, il faudrait une nouvelle énergie qui permet le déplacement à une vitesse prochaine de la lumière mais même avec ça il faudrait des milliers d’années, autant dire jamais
Guillaume1972
Pas forcément vrai, si nous découvrons le moyen de « télécharger notre conscience », alors nous deviendrons en quelque sorte immortel , et qui dit immortel, implique que le temps mis pour rejoindre n’importe quelle étoile de la galaxie n’est plus un problème.On peut aussi envisager l’arche "générationnelle ou bien le voyage en « sommeil » et j’oublie certainement d’autres possibilités.Bref, ce qui paraît impossible aujourd’hui ne le sera peut-être plus demain. Si quelqu’un avait affirmé au moyen-âge qu’un jour nous irions sur la Lune…Le besoin colossal d’énergie est vrai si l’on prend comme référence la durée d’une vie humaine mais on peut tout à fait imaginer d’autres projets (méthodes).Une sonde n’a besoin que de sa vitesse de départ, ensuite sa vitesse ne baisse pas. Les sondes Voyager et Pionner ont conservées leur vitesse de départ.Et tout ceci en ne voyant même pas les découvertes que nous pourrions faire dans le futur, en ce qui me concerne, je pense qu’il y a plus de choses à découvrir que de choses que nous savons
Kahn-San
on a intérêt à en avoir fini avec l’obsolescence programmée si chère à certains … sinon l’immortalité durera le temps qu’un condensateur claque <br /> en tout cas Gaia est un bel outil et ses données vont occuper quelques génération d’astronomes
Guillaume1972
Non, je peux assurer que certains pensent exactement le contraire, que nous avons découvert la majorité des choses que nous devrions découvrir, donc La Palice n’a pas sa place.Il y a ceux qui pensent que nous avons découvert la majorité et les autres. Après tout, ce n’est qu’une histoire de convictions.Pour essayer de s’en convaincre (ou 0as), il suffirait de comparer tout ce qui a été comparer avant et pendant le XXème siècle. Et de se demander si l’évolution va stagner, va régresser ou augmenter. Donc définitivement, La Palice n’a pas sa place.
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