Le Royaume-Uni propose un premier pas vers la fin de l'anonymat sur Internet

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 28 février 2022 à 16h55
© Sora Shimazaki / Pexels
© Sora Shimazaki / Pexels

Le gouvernement britannique a présenté un projet de loi sur la sécurité en ligne qui, pour mieux protéger les utilisateurs contre les contenus dangereux et préjudiciables et leur donner davantage de contrôle sur ce qu'ils voient sur les plateformes, vise à mettre fin à l'anonymat sur Internet.

La question très sensible autour de la levée de l'anonymat sur Internet pourrait enfin accoucher d'une réponse tranchée chez nos voisins britanniques. Le Royaume-Uni, par le biais d'une loi sur la sécurité en ligne, obligerait alors les grandes entreprises du secteur numérique, à savoir Google, Facebook, Twitter et autres, à procéder à la vérification de l'identité de ses utilisateurs pour mieux lutter contre les individus postant des contenus dangereux et malveillants.

Le gouvernement britannique veut mettre fin à l'anonymat et redonner du pouvoir aux utilisateurs

Le gouvernement de Sa Majesté entend frapper fort pour lutter contre ce qu'il appelle les « trolls anonymes ». Et les utilisateurs sont en première ligne de ce projet de loi, puisque ce dernier se destine à leur offrir davantage de pouvoir sur les médias sociaux et les autres grandes plateformes. « Les plus populaires et les plus grandes entreprises devront fournir aux utilisateurs des outils pour personnaliser leur expérience et leur donner plus de pouvoir de décision sur qui peut communiquer avec eux et quel type de contenu ils peuvent voir », écrit le gouvernement britannique.

Les dirigeants du Royaume-Uni considèrent que l'anonymat en ligne, qui est aujourd'hui la règle sur Internet, facilite et accentue les abus subis par les internautes, « les délinquants n'ayant que peu ou pas peur d'être récriminés par les plateformes ou les forces de l'ordre », ajoute le gouvernement. Les contenus et messages racistes, haineux notamment envers les footballeurs (n'oubliez pas que le ballon rond est pris très au sérieux outre-Manche), violents (envers les femmes par exemple), homophobes et autres causent de nombreuses dérives comme le harcèlement et la menace, qui peuvent avoir de très graves conséquences pour celles et ceux qui en sont victimes.

Le gouvernement britannique, qui ajoute ainsi deux nouvelles obligations à son projet initial de loi sur la sécurité en ligne, veut renforcer l'arsenal législatif contre les abus anonymes en faisant notamment peser la responsabilité sur les plateformes. Aujourd'hui, la plupart des réseaux sociaux britanniques n'exigent pas le partage d'informations pouvant servir à identifier les utilisateurs.

Une vérification de l'identité à la discrétion des plateformes, qui pourront développer leur propre système

Ce projet de loi britannique est d'abord fait d'un pan qui consiste en la vérification des identités et à la lutte contre les abus anonymes. Ici, il vise par exemple et par extension à interdire les récidivistes sur les plateformes. Un utilisateur exclu de Twitter ne pourrait ainsi plus y revenir, même en créant un nouveau compte, ou alors, avec des fonctionnalités très limitées.

Pour permettre cela, la vérification de l'identité - donc la levée de l'anonymat sur Internet - est un élément capital. Chaque plateforme sera souveraine et pourra mettre en place son propre mode de fonctionnement, mais l'utilisateur aura le choix de l'accepter ou de le refuser, si l'on en croit le texte, qui ne précise pas si ce refus peut entraîner l'impossibilité de maintenir son compte ou de s'inscrire sur un réseau social. La vérification de la photo de profil peut être un système intéressant, tout comme l'authentification à double facteur, mais en ajoutant, cette fois, une pièce d'identité dans la balance, que ce soit pour créer ou pour mettre à jour son compte. Certains filtres pourront aussi être appliqués, pour notamment écarter les contenus dits « légaux » mais pouvant être choquants pour un public plus jeune.

L'autre grande partie de ce projet de loi consiste à offrir aux utilisateurs un réel pouvoir sur les contenus qu'ils peuvent voir. Outre la suppression automatique ou via modération humaine des contenus très dangereux ou particulièrement choquants, les utilisateurs adultes auront à disposition des outils qui leur permettront de choisir s'ils souhaitent être exposés à tout contenu certes légal, mais qui pourrait être malgré tout préjudiciable. Ici, la loi vise tous les contenus qui flirtent avec les limites réglementaires et avec les politiques de contenu des grandes plateformes, par exemple des messages, photos ou vidéos qui pourraient s'apparenter à de la désinformation, à la promotion de troubles de l'alimentation, à l'automutilation. « Ces outils pourraient inclure de nouveaux paramètres et fonctions qui empêcheraient les utilisateurs de recevoir des recommandations sur certains sujets ou de placer des écrans de sensibilité sur ce contenu », complète le gouvernement britannique.

Les entreprises qui enfreindraient cette future loi pourraient faire face à des amendes pouvant atteindre 10 % de leur chiffre d'affaires annuel. Le gouvernement britannique se réserve aussi le droit de bloquer l'accès au Royaume-Uni à certaines plateformes. Reste à convaincre le Parlement désormais, mais aussi l'opinion, dont on sait qu'une partie reste très attachée au principe de l'anonymat en ligne.

Source : Gov.uk

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
philumax

« Une vérification de l’identité à la discrétion des plateformes » : …

SPH

« …un premier pas vers la fin de l’anonymat sur Internet »
Si tant est que l’on soit vraiment anonyme… :wink:

Than

Comment avec plus de 1000 années de guerres en historique on peut ne toujours pas comprendre l’intérêt, vital, de conserver l’anonymat ?
Car ce n’est pas parce qu’on ne fait rien de sensible qu’il peut pas nous arriver des bricoles le jour où il y a changement de vent dans le gouvernement…

alsaco67

1000 années ? non, depuis que l’on habite les grottes il y a eu des conflits .

Aujourd’hui, l’anonymat protège délinquants de toute nature, du petit dealer aux réseaux mafieux, trafiquants de tous types, armes, drogues, voitures, contre façon, humains … incitation à la haine, désinformation, etc … fraude de tout type (téléchargements par exemple) … la liste n’est pas exhaustive …

Soit les britanniques traitent ce sujet en prenant le risque (?) en Angleterre qu’un monarque sanguinaire monte sur le trône soit on laisse les « bandits » devenir de plus en plus riches et puissants…

Proutie66

Cela me semble une bonne idée.
Le cyber harcèlement est un fléau, drame pour nos enfants / jeunes adultes.

cid1

Et on s’identifie comment, en Belgique on a la carte d’identité électronique avec l’eID,
on branche son lecteur de cartes eID et on met sa carte dedans, on est directement identifié, on utilise ce système pour se connecter aux impôts et remplir sa déclaration fiscale, pour voir ce qu’on va toucher comme pension et d’autres services gouvernementaux. Mais les autres pays?

manu7224

Le cyberharcèlement est un fléau, la surveillance généralisée des gens aussi. Je ne sais pas ou trouver un juste milieu, mais ça ne me plait pas. Pourtant je ne harcèle personne, ne participe pas à propager des théories du complot (contrairement à certains militants de certains partis politiques) mais je pense que même les cons ont le droit de s’exprimer et ils le peuvent sur internet. C’est un magnifique moyen de contrôler ce que dise les gens sur les réseaux, peut être les politiques s’imagine aussi que cela peut leur permettre d’éviter r les rebellions de type gilets jaunes et de contrôler l’information officielle que nous fournis une presse et des chaines d’infos aux mains de milliardaires. Bref control, control, control, liberté on verra ils nous en laisseront peut être un peu…

Jack_Omva

N’importe quoi :thinking: que nous sommes d’abord dans l’anonymat sur internet :roll_eyes:

foufou2022

Il n’y a aucun anonymat au Royaume-Uni de base et ce n’est pas prêt de changer! Pour y vivre je peux vous dire que si vous avez galéré un jour dans votre vie vous ne trouverez jamais de boulot… rien que pour être plongeur en cuisine il vous faut un DBS Favorable (« Disclosure and Barring Service »). Pour faire simple pour faire le métier de plongeur on va analyser votre passé, votre casier judiciaire etc malheur à vous si vous avez volé des pates à Tesco vous n’obtiendrez jamais le poste… si vous êtes locataire et que vous voulez changer de logement, pour peu que votre proprio soit une mauvaise personne, vous ne retrouverez plus jamais de logement nul part au Royaume-Uni si ce proprio vous catalogue comme un **** de locataire car tout est fiché: un proprio potentiel tape votre nom et voit votre « parcours » avant de prendre une décision ! Je ne rentre dans aucun des exemples cités personellement je donne des exemples mais c’est juste pour vous dire que de base on est tous fichés/condamnés au Royaume-Uni pour tout les aspects de la vie quotidienne et qu’il en faut vraiment très peu pour être persona non grata… et je ne parle même pas des 18 caméras de surveillance dans un simple bus à double étage! souriez vous êtes fliqués! Si je ne m’abuse en terme de caméra le Royaume-Uni a le record du monde. Pour y vivre je trouve ca malaisant d’avoir plusieurs caméras braquées sur moi rien qu’en prenant le bus ou en me baladant c’est la porte ouverte aux derives… bref je ne m’etonne pas de la mesure de fin d’anonymat dans l’article

Bombing_Basta

La fin de l’anonymat, pour la sécurité des gens, mais c’est bien sûr.

Avant, quand y’avait fuite de données, ton mail et ton ip, associés à ton pseudo étaient compromis

Après, bah on va connaitre ton nom prénom et peut-être même adresse… Parfait !

Et les « criminels », et bien ils continueront comme avant, hors RU bien sûr, à ceci près qu’ils sauront tout de leurs victimes potentielles.

Avant, critiquer ou contredire des propos/groupes extrémistes pouvait t’amener à des assauts numériques de ces personnes.

Aprs, elles t’attendront en bas de chez toi pour te faire la peau.

Vive la « sécurité »…