Airbnb : une valorisation évoquée à 35 milliards, est-ce bien raisonnable ?

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
02 décembre 2020 à 17h21
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© AlesiaKan / Shutterstock.com
© AlesiaKan / Shutterstock.com

Le service de location de logements, qui espère lever près de 3 milliards de dollars, se prépare à faire son entrée en Bourse.

Malgré les secousses de la pandémie de coronavirus, Airbnb croit dur comme fer en ses capacités à convaincre le marché. Après avoir publié divers documents financiers et son dossier auprès de l'autorité de la référence, la Securities and Exchange Commission (SEC), l'entreprise californienne devrait débarquer sur le marché boursier dans le courant du mois de décembre, à New York, sûre de son fait. Comme le géant américain de la livraison de nourriture, DoorDash, ou le site de ventes en ligne Wish, en proie à quelques soucis en France. Mais gare à l'excès de confiance…

Des actions comprises entre 44 et 50 dollars

Alors où en est-on aujourd'hui de la procédure d'introduction en Bourse d'Airbnb ? La plateforme de location de logements en ligne, qui espère lever 2,6 milliards de dollars d'actions, propose de mettre pas moins de 51,9 millions d'actions sur le marché, actions dont la fourchette de prix irait de 44 à 50 dollars l'unité. Sans compter les actions accordées aux employés ni celles réservées aux banques partenaires.

Airbnb n'a jamais caché avoir grandement souffert au début de l'année, au plus fort de la pandémie, avec des réservations annulées et des déplacements restreints sur plusieurs de ses marchés. Le tout symbolisé par un chiffre d'affaires en très nette baisse (-32%) sur les neuf premiers mois de l'année.

Mais l'été avait redonné du peps au service, grandement sollicité notamment en juillet avec un million de nuitées bloquées par jour dans le monde.

Un contexte pas encore rassurant

Si les choses se passent comme Airbnb l'imagine, la société pourrait être valorisée autour de 35 milliards de dollars (environ 29 milliards d'euros) à l'issue de son IPO.

Ces dernières années, la jeune entreprise californienne a vécu les montagnes russes, avec une valorisation au sommet au printemps 2017 à 31 milliards de dollars, avant de plonger à 18 milliards de dollars en avril dernier avec des licenciements à la clé et la recherche d'urgence d'investisseurs pour sauver une maison en feu, puis de retrouver de sa superbe depuis.

La perspective de continuer à grossir enchante sans aucun doute Airbnb, mais attention à la surenchère. Le modèle de la plateforme reste soumis à plusieurs facteurs, certains qu'elle ne maîtrise pas, comme les règlementations mises en place dans certaines villes, comme Paris, et d'autres qu'elle ne pourra jamais appréhender, comme la pandémie et les confinements qui peuvent en découler.

Qu'en pense-t-on chez Clubic ?

L'introduction en Bourse peut, dans de telles circonstances, représenter un risque pour Airbnb. Et la tentation de « l'argent facile » semble irrésistiblement trop grande, surtout depuis que les annonces de vaccins contre la Covid-19 fleurissent outre-Atlantique ! D'autant plus que la situation économique fragile du secteur du tourisme pourrait accélérer les remontrances à l'encontre d'Airbnb, l'entreprise étant souvent accusée de nuire à l'hôtellerie et à l'économie locale. Sans parler de l'éclatement de la bulle autour du numérique, qui finira tôt ou tard par arriver.

Source : Fox/Yahoo

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (12)

vbond007
C’est sûr qu’on peut se demander si c’est raisonnable, tout comme par exemple les 27.7 milliards du rachat de Slack par SalesForce.<br /> De toute façon aujourd’hui tous les rachats se font en milliards… et c’est souvent de la démesure.
AlexLex14
Effectivement…<br /> J’ai fait un bon quand j’ai vu le montant du rachat de Slack je me demande jusqu’où ça peut monter avant que ça n’explose
xavz78
Non «&nbsp;l’argent facile&nbsp;» apporté par cette IPO ne constitue pas un risque pour Airbnb, pour les investisseurs éventuellement si tant est qu’une «&nbsp;bulle&nbsp;» éclate. Le risque politique est quant à lui bien réel notamment en Europe.
edou
La «&nbsp;planche à billets&nbsp;» alimente directement la bourse car celle-ci est très haut dans la pyramide de ruissellement de la monnaie nouvellement créée par les banques centrales. Les banques commerciales investissent massivement en bourse dès qu’elles reçoivent la monnaie nouvellement créée. Ce qui explique ces montants décorrélés des actions boursières. (N’allez pas croire que cette argent irai aider les entreprises en difficulté… :-P)
Proutie66
Autant Slack c’est nimp, autant AirBnb, ça me paraît beaucoup ,mais «&nbsp;pas beaucoup plus&nbsp;».
cyrano66
Ils doivent se dire que c’est le bon moment de vendre et prendre leur retraite avant que ça finisse en eau de boudin tellement Airbnb énerve les grandes villes et les professionnels, en plus ils commencent à se traîner quelques grosses gamelles.
c_planet
j’ai du mal à voir l’économie participative du futur cloisonnée par sociétés. Leur modèle est hyper attaquable, viendra un jour où l’économie participative/réseau social sera typé p2p, sandbox, blockchain.
PsykotropyK
Tu as raison sur le fait que les opérations de rachat de dette sur les marchés par les Banques Centrales augmente l’argent en circulation ce qui profites principalement à des entités qui le réinvestiront sur les marchés ce qui bénéficiera que dans une moindre mesure au coeur de l’économie, c’est à dire les PME, et le quidam moyen.<br /> Tu te trompes par contre sur la façon dont cela se produit. Les banques commerciales bénéficient des largesses des banques centrales, mais ce ne sont pas forcément celles qui en bénéficient le plus, et le réinvestissement sur les equity est quasi nul. Les marchés actions pour compte propres sont quasi inexistant des bilans des banques, car les coûts associés en gestion du risque et en fond propres à mobiliser en face sont bien trop important.
Lord_Crazy
Pourquoi pas, mais il faut aussi garder en tête que Airbnb ne fait pas juste intermédiaire dans l’économie participative, ils agissent aussi en tiers de confiance au niveau de l’argent en proposant de rembourser y compris si la propriétaire le nécessaire. Dans un système Blockchain il serait plus compliqué d’avoir cet aspect puisque le but serait de ne pas avoir de tiers de confiance.
koalalefou
Tu te trompes un peu toi aussi, elles profitent largement de ces liquidités pour leur compte propre, comme l’a crié le Brésil après la crise de 2008 et le surinvestissement des banques commerciales européennes qui a fait exploser l’inflation et accessoirement l’économie brésilienne. La trappe à liquidité n’est pas une légende et le ratio de fonds propres a été comment dire, battu en brèche par des journalistes qui ont montré les manipulations des banques pour passer outre. Ce dernier point était un secret pour personne comme le fait que Airbnb repose sur autant de vent que Uber et pour être plus précis, sur un vide juridique sans avenir.<br /> Et je suis d’accord avec l’apport des blockchain qui ne permettrait que de sécuriser les transactions et ne permettrait pas de créer un environnement favorable mais Airbnb profite d’un vide. Il ne sécurise pas grand chose et ne fait pas grand chose, il donne juste un accès à l’information, son principal argument de vente, la sécurité ne vient là que pour sécuriser le modèle économique principal. Facebook, Amazon ou autres réseaux sociaux pourrait remplacer facilement Airbnb avec un investissement non négligeable mais pas extrêmement élevé. Accessoirement faudrait pour certains, arrêter de voir la Blockchain comme la technologie libératrice du monde, c’est un concept de décentralisation avancé qui manque encore des différents environnements qui doivent l’accompagner.
PsykotropyK
koalalefou:<br /> Tu te trompes un peu toi aussi, elles profitent largement de ces liquidités pour leur compte propre, comme l’a crié le Brésil après la crise de 2008 et le surinvestissement des banques commerciales européennes qui a fait exploser l’inflation et accessoirement l’économie brésilienne.<br /> Non je ne me trompe pas, mais tu m’as peut être mal lu. Petit rappel de ce que j’ai écrit : «&nbsp;Les banques commerciales bénéficient des largesses des banques centrales&nbsp;»<br /> Au passage, contrairement à obtenir sa connaissance depuis un article, travailler sur la réglementation bancaire, notamment les divers ratios d’encadrement des risques, c’est mon travail, et je pense en avoir une bonne compréhension.
PsykotropyK
mokocchi:<br /> C’est quand même bizarre qu’il n’y ait pas de super-inflation, ça arrivera forcément un jour…<br /> Le manque d’inflation est principalement dû au fait que les liquidités injectées ne profitent pas autant qu’il faudrait au quidam moyen. Les premiers bénéficaires sont les porteurs d’obligations (les banques centrales injectent des liquidités via des programmes de rachats d’obligations, notamment souverains, et dans une moindre mesure corporate). Ces bénéficiaires réinvestissent dans d’autre oblig, de l’equity, … ce qui fait que les entreprises n’en deviennent que le deuxième destinataire (et encore c’est surtout les états qui en profitent). Les dépenses qu’elles font bénéficient encore une fois principalement à d’autre entreprises (achat de service, de matériel, …) et dans une moindre mesure à leurs employés. De plus souvent aux employés les plus aisés, i.e. ceux qui consomment moins et épargnent plus. Le deuxième rideau d’entreprise qui a bénéficié des achats de services/matériel font pareil. Et in fine ceux qui consommeraient (et donc participeraient à l’inflation) plutôt qu’épargnerait en gagnant plus sont ceux qui profitent en relatif le moins des injections de liquidité.
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