Live Japon : l'essentiel de l'actu techno nippone de 2007

30 décembre 2007 à 10h02
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Voici, comme chaque semaine un nouveau reportage en direct du Japon, réalisé grâce à notre correspondante permanente sur place : Karyn. Présente dans la célèbre ville de Tokyo, Karyn nous propose donc de nous faire vivre l'actualité high tech de ce côté-ci du globe. Dépaysement garanti !

Fin d'année oblige, on trie, on archive et l'on se demande quels événements intervenus au cours des douze derniers mois resteront dans les annales. Passant en revue les centaines d'articles et dépêches écrits en 2007 sur le secteur japonais des hautes technologies, l'auteur de ces lignes a retenu quatre faits majeurs : la mise en service du système d'alerte précoce des séismes pour le grand public, le « boom » des porte-monnaie électroniques, la stratégie de Toyota dans le domaine de la robotique, les mises en chantiers sur l'archipel de gigantesques usines high-tech accompagnant la recomposition du paysage japonais de l'industrie des TV à écran plat.

2007: les séismes sont annoncés avant leur survenue

« Attention alerte séisme, cinq secondes, quatre, trois, deux, un... jishin, jishin, jishin » : depuis le 1er octobre, les citoyens Japonais sont avertis de la survenue d'un violent tremblement de terre quelques instants avant qu'il ne soit ressenti, grâce à un dispositif de détection unique au monde. Le Japon, qui subit chaque année environ 20% des secousses telluriques les plus violentes enregistrées dans le monde (magnitude supérieure à 6 sur l'échelle ouverte de Richter), tente en effet autant que faire se peut de se doter de moyens techniques de pointe pour éviter la redite d'une tragédie telle que celle qui a meurtri la ville de Kobe en 1995 (plus de 6.400 morts).

Résultat de longues années de recherches, le système d'alerte anticipée a été mis au point par la très fiable agence météorologique nippone. Le principe consiste grosso-modo à exploiter l'écart de vitesse de propagation de deux types d'ondes générées lors d'un tremblement de terre. Des centaines de sismomètres de l'agence, disséminés dans l'archipel, détectent les premières ondes inoffensives (appelées "P") qui précèdent les vibrations (appelées "S") potentiellement ravageuses. Se propageant presque deux fois plus vite, les ondes "P" peuvent être perçues par les appareils de mesures quelques secondes avant l'arrivée des destructrices ondes "S", ce qui permet de donner l'alerte juste avant le séisme.

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Même si le laps de temps est très limité, il peut permettre de réduire fortement les dommages matériels et le nombre de victimes. Il suffit de quelques secondes pour stopper le mouvement d'une grue sur un chantier, arrêter une manoeuvre délicate dans une centrale nucléaire, freiner un train lancé à grande vitesse, suspendre le fonctionnement d'un ascenseur et libérer ses passagers. Un particulier peut utiliser les précieux instants pour couper la gazinière (une cause majeure d'incendie lors des séismes), ouvrir la porte d'entrée, s'éloigner des meubles mal arrimés et se réfugier sous la table.

Initialement réservées aux institutions, aux entreprises, aux centrales nucléaires ou encore aux compagnies de chemins de fer, les alertes sont depuis le 1er octobre également diffusées par les médias et par des hauts-parleurs dans les lieux publics (gares, magasins). Des spots à la TV mentionnent régulièrement l'existence de ce système. Des prestataires de services proposent des appareils spécifiques à installer à domicile pour recevoir ces messages en fonction de paramètres divers. Des immeubles commencent à être dotés de moyens idoines de grande précision par des promoteurs qui ne se priveront pas de faire de l'intégration de tels équipements un solide argument promotionnel. Le premier opérateur de télécommunications mobiles NTT DoCoMo a lui aussi inauguré récemment un service pour prévenir ses abonnés équipés d'un terminal compatible en fonction de leur localisation.

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Seules les alertes concernant les secousses majeures (niveau 4, 5 ou 6 sur l'échelle japonaise) sont toutefois adressées au grand public, pour éviter d'alarmer trop souvent la population dans un pays où les secousses sans gravité sont extrêmement fréquentes. Une utilisation systématique au moindre tremblement se traduirait en effet par une perte de confiance dans le système, ruinant ainsi son efficacité potentielle. L'Agence météorologique a en outre publié divers documents pour bien faire comprendre le dispositif et expliquer ses limites.

D'aucuns s'interrogent néanmoins sur la façon dont les citoyens vont réellement faire bon usage des alertes sachant qu'il est nécessaire d'avoir au préalable une idée très claire des dispositions à prendre le cas échéant et en fonction des circonstances. « Il faut imaginer à l'avance diverses situations dans lesquelles on peut se trouver selon le jour et l'heure, et prévoir comment utiliser efficacement les secondes qui séparent l'alerte des secousses », explique un universitaire spécialiste des comportements des foules. Pour bien réagir, « il faut même imaginer sa propre mort », insiste-t-il.

2007, an 1 de l'utilisation massive des porte-monnaie électroniques à puce sans contact

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Pasmo, Waon, Nanaco, trois nouveaux importants porte-monnaie électroniques à puce sans contact sont nés au Japon en 2007, qui ont immédiatement connu une étonnante popularité. Bien que plusieurs autres les aient précédés, les Japonais considèrent que 2007 est vraiment l'année où ce mode de paiement a décollé.

Ce phénomène est bien parti pour durer, et l'on est désormais prêts à croire les Japonais qui affirment qu'en 2010, la plupart des paiements aujourd'hui effectués en liquide seront réalisés par le biais d'une carte à puce sans contact en plastique ou par un équivalent directement intégré dans les téléphones mobiles. La puce sans contact Felica de Sony devient en effet une fonction standard dans les terminaux proposés par les opérateurs locaux, ce qui incite fortement à l'usage. D'autant qu'au Japon les vols de mobiles sont rares.

2007: Toyota fait des robot un axe de développement stratégique

Le premier constructeur japonais Toyota ne s'est pas contenté en 2007 de détrôner l'américain General Motor de la première place du podium mondial des groupes automobiles, il a aussi annoncé son entrée de plain pied dans l'univers de la robotique. Toyota, qui avait déjà fait sensation en 2005 avec un ballet de robots danseurs, disk-jockey et trompettiste, lors de l'exposition universelle d'Aïchi, a décidé de mettre le turbo, considérant cette activité comme stratégique pour l'avenir. Le groupe nippon ambitionne de faire des robots des partenaires des humains, serviables et utiles. Il estime qu'il existe en la matière des synergies avec son coeur de métier, la conception et la manufacture de voitures.

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Ayant commencé à employer des robots industriels co-développés par ses soins dans ses usines dans les années 1980, Toyota détient un savoir-faire incontestable en la matière, avec des engins de plus en plus polyvalents et perfectionnés. « Nous voulons désormais accélérer le développement de robots qui apportent une contribution à la société, sur la base de nos acquis et de nos innovations dans le domaine de la production automobile », explique le PDG du groupe. « Il existe des points communs entre les robots industriels et les robots partenaires de vie », affirme-t-il, soulignant que « les technologies utilisées pour enrichir les compétences des robots peuvent également permettre d'élever le niveau fonctionnel des automobiles ».

Il y a quelques semaines, Toyota a donc présenté ses dernières créatures devant un public médusé par un humanoïde violoniste jouant sa partition sans fausse note, le tout dans le but de prouver le niveau technique de Toyota. La précision des gestes (notamment des doigts) et l'incroyable justesse des postures supposent en effet des trésors de technologie, dont les finalités sont multiples. Toyota avait également invité son robot « Robina », une volubile « personne » incollable sur les caractéristiques des voitures du groupe, et désormais employée comme guide au musée de la firme. Là encore, le but est de démontrer les prouesses techniques dont Toyota est capable. « Robina » est suit du regard l'humain auquel elle s'adresse, et signe des autographes avec une adresse troublante, révélant ainsi ses facultés visuelles et physiques.

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Toyota a également développé un fauteuil mobile autonome qui détecte les obstacles se dressant soudainement sur son passage, une aptitude qui pourrait un jour aussi être employée dans les voitures. Le groupe nippon a également conçu des robots humanoïdes qui ont une surprenante capacité à ne pas s'affaler par terre et à retrouver leur équilibre, même lorsqu'ils sont bousculés sans ménagement par un humain.

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Tous ces exploits physiques et intellectuels exigent naturellement la combinaison de multiples technologies, dont la reconnaissance visuelle et vocale, le discernement, l'orientation, le maintien en équilibre, le repérage. Ces dernières supposent le développement de multiples capteurs, de micromoteurs, de circuits intégrés, de logiciels, d'outils de simulation ou encore de systèmes de localisation en temps réel.

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Toyota, qui a déjà prouvé avec ses voitures hybrides lancées en 1997 qu'il pouvait être visionnaire, prévoit une utilisation expérimentale d'assistants robots au sein du groupe dès 2008, ainsi que des tests de « robots aide-soignants » dans les hôpitaux. Le groupe espère rallier à lui des partenaires fournisseurs de technologies et des prestataires de services pour échafauder un modèle économique, et faire en sorte que les robots domestiques aide-ménagers et infirmières soient une réalité au cours de la décennie 2010.

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2007: grand "meccano" dans le secteur des TV à écran plat

Ponctuée par l'inauguration ou la mise en chantier de gigantesques usines au Japon, dans le secteur des semi-conducteurs (Toshiba) ou des dalles de TV à écran plat (Sharp, Matsushita), l'année 2007 marquera un nouveau tournant dans l'industrie de l'électronique nippone. En effet, au cours du deuxième semestre, de complexes alliances se sont nouées qui redessinent les contours du secteur.

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Alors que le pionnier des écrans à cristaux liquides (LCD), le japonais Sharp, ne fabriquait des dalles-mères LCD que pour ses propres besoins, il a annoncé la semaine passée à la surprise générale un accord de partenariat à long terme avec son compatriote Toshiba, le champion nippon des semi-conducteurs (mémoires flash NAND notamment). En vertu de cette alliance, Toshiba va s'approvisionner auprès de Sharp en dalles d'écrans LCD et Sharp lui achètera des micro-processeurs pour le traitements des images de ses téléviseurs.

« Cet accord a pour but de permettre à chacun de faire pleinement usage de ses atouts et ressources, dans le domaine des cristaux liquides pour Sharp et dans celui des semi-conducteurs pour Toshiba », ont souligné les deux firmes lors d'une conférence de presse conjointe.

Sharp, qui vient de lancer la construction de sa troisième usine de dalles-mères géantes LCD (la plus moderne et spacieuse du monde) à Sakai (près d'Osaka), entend ainsi dominer le secteur de la production de ces pièces maîtresses. Outre son association avec Toshiba, Sharp est aussi devenu cette semaine le premier actionnaire de son compatriote du même secteur Pioneer, auquel il va aussi fournir des dalles LCD.

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Ces partenariats sont les signes d'une large recomposition du paysage de la production de dalles-mères d'écrans plats, secteur stratégique de pointe qu'un nombre de plus en plus restreint d'acteurs, principalement japonais et sud-coréens, se partagent.

En effet, cette semaine, les autres géants de l'électronique japonais Canon, Hitachi et Matsushita (marque Panasonic) ont également annoncé une alliance dans la production de dalles-mères d'écrans à cristaux liquides (LCD) et organiques électroluminescents (OLED ou OEL) pour téléviseurs et autres appareils. Grâce à cet accord, doublé d'un complexe "meccano" financier, Hitachi souhaite renforcer la compétitivité de ses téléviseurs LCD dans un marché très disputé. De son côté, Canon veut s'assurer un approvisionnement stable en petits et moyens écrans LCD de haute-qualité pour ses appareils photos et autres produits (imprimantes, instruments médicaux, etc.).

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Quant à Matsushita, numéro un des téléviseurs à écran plat plasma, il espère ainsi profiter également du bien plus vaste marché des TV à écran LCD. Cette alliance tripartite prévoit également la construction d'une nouvelle usine de dalles LCD au Japon, laquelle sera la deuxième plus importante du monde après celle de Sharp à Sakai.

Et ce n'est pas tout : Canon et Hitachi entendent aussi donner un coup d'accélérateur au développement en cours de dalles à matériau organique (OLED ou OEL) de petites et moyennes tailles. Canon souhaite en effet doter aussi ses Appareils photo numériques de ce type d'écran. Matsushita pourrait également employer l'OLED pour des téléviseurs, dans le sillage de son compatriote et rival Sony qui vient de commercialiser la première TV de 28 cm basée sur cette technologie performante mais encore très onéreuse. Sony a ainsi prouvé en 2007 aux mauvaises langues qu'il n'est pas moribond et a toujours des ressources pour devancer techniquement ses rivaux.

La clef de la rentabilité dans le secteur archi-concurrentiel des TV à écran plat réside dans la capacité de produire des dalles-mères de grandes dimensions. Toutefois, cela exige des investissements monstrueux et des procédés technologiques ultra-complexes, lesquels ne sont pas à la portée de toutes les bourses. D'où les regroupements. Ce phénomène avait déjà conduit Sony à s'associer au sud-coréen Samsung Electronics pour façonner en commun à Séoul des dalles-mères LCD, assemblées séparément dans les TV de l'un et de l'autre. Le néerlandais Philips avait fait cause commune avec l'autre grand sud-coréen, LG Electectronics.

Ceux qui n'ont pas l'assise financière pour suivre, ou ont d'autres priorités, finissent par jeter l'éponge. La filiale Fujitsu General du groupe d'électronique et d'informatique Fujitsu a annoncé jeudi qu'elle allait cesser fin mars 2008 la fabrication et la vente de téléviseurs à technologie plasma qu'elle avait pourtant été la première au monde à lancer. Fujitsu General ne produisait quasiment plus que des TV à écran plasma très haut de gamme pour des installations luxueuses.

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Ces produits "Plasmavision" et "Aviamo" étaient essentiellement vendus aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne dans des boutiques spécialisées. Fujitsu General avait été la pionnière des TV plasma au début des années 1990, après plus de vingt ans de recherches. Le groupe Fujitsu avait en outre déjà abandonné la fabrication de dalles-mères pour les écrans plasma en 2005 et transféré à son partenaire Hitachi ses droits de propriété intellectuelle et ses parts dans leur société commune Fujitsu Hitachi Plasma Display (FHPD).

L'envolée mondiale des ventes de TV LCD et plasma (dans une moindre mesure), permet aux acteurs japonais de démontrer leur savoir-faire technologique et de profiter d'un marché potentiellement juteux, mais cela les oblige aussi à prendre des risques énormes et à faire des choix stratégiques ardus. Ils ne sont peut-être pas au bout de leur peine, car le mouvement de consolidation ne s'arrêtera assurément pas le 31 décembre 2007.

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