Les compagnies aériennes européennes s'accordent sur des dimensions uniques pour les bagages cabine gratuits. Problème : cette taille standardisée s'avère ridiculement petite pour les voyageurs, ce que dénonce l'association 60 Millions de consommateurs.

Voyageurs européens, vos bagages cabine ne seront bientôt plus les mêmes © Kathy Kate / Shutterstock
Voyageurs européens, vos bagages cabine ne seront bientôt plus les mêmes © Kathy Kate / Shutterstock

Au début du moins de juillet, pas moins de dix-sept compagnies aériennes européennes ont annoncé pour la fin de l'été un bagage cabine gratuit aux dimensions 40x30x15 centimètres. La directrice de l'association Airlines for Europe, qui représente ces compagnies aériennes parmi lesquelles Air France-KLM, Lufthansa, Volotea, easyJet et Ryanair, explique que « cela permettra d'apporter plus de clarté aux passagers européens ». Sauf que ces dimensions lilliputiennes ne correspondent à aucune valise disponible en série dans le commerce : c'est tout juste la taille d'un sac à dos riquiqui.

Des dimensions de bagages cabine plus petites que vos anciennes valises

La nouvelle norme contre laquelle peste notamment l'association 60 Millions de consommateurs, est portée par Airlines for Europe (A4E), qui regroupe des transporteurs qui pèsent pour 80% du trafic européen. Officiellement, l'objectif est d'apporter « plus de clarté aux passagers ». Dans les faits, ces 40x30x15 centimètres correspondent tout juste à un petit sac à dos, bien loin d'une véritable valise de voyage.

L'ironie saute aux yeux, puisque ces dimensions annoncées comme révolutionnaires correspondent exactement à la taille de l'accessoire gratuit chez Air France, qui propose de son côté un vrai bagage cabine de 55x35x25 centimètres ! Même constat chez les concurrents qui faisaient tous mieux : 40x20x25 chez la première compagnie européenne en nombre de passagers Ryanair, 40x30x20 chez Volotea et Vueling, puis 45x36x20 chez easyJet.

Comme le souligne François Delétraz, président de la Fédération nationale des usagers des transports (FNAUT) : « Nous souhaitons que la taille soit la même pour toutes les compagnies aériennes pour que les passagers puissent passer d'une compagnie à l'autre sans être obligé de changer de bagage ». Fin 2024, la FNAUT réclamait effectivement cette uniformisation, dénonçant au passage des dénominations aléatoires qui créent « une confusion savamment entretenue au détriment des passagers ».

Des bagages qui valent de l'or pour les compagnies

Derrière cette pseudo-simplification se cache en fait un business model redoutable. Car les compagnies low cost ne font pas de bénéfices sur les billets, mais bien sur ce qu'on appelle « les à-côtés », parmi lesquels les bagages. Et quelle manne ! Ces frais annexes peuvent représenter jusqu'à 85% des revenus auxiliaires de certaines compagnies. Oui, chaque valise est un peu une mine d'or pour les transporteurs.

Selon une analyse du journal italien Corriere della Sera publiée en mai dernier, les Européens ont déboursé 10 milliards d'euros rien qu'en 2024 pour emporter un bagage cabine sur les vols low cost européens. Cette stratégie payante explique pourquoi les transporteurs entretiennent la confusion avec leurs multiples appellations : bagage à main, bagage cabine, accessoire, grand bagage cabine… On s'y perd vite !

Cette initiative d'A4E ne constitue qu'un gentlemen's agreement, quelque chose qui n'a pas forcément de valeur légale. François Delétraz le rappelle fermement : il s'agit d'un simple pacte entre transporteurs, dépourvu de toute valeur réglementaire. Pendant ce temps, les associations d'usagers poursuivent leur combat auprès de Bruxelles pour obtenir une véritable harmonisation européenne des bagages cabine, avec des dimensions dignes de ce nom.