Une intelligence artificielle (IA) qui fixe des prix individualisés pour les billets d'avion, en fonction du profil de chaque passager ? Cette pratique existe désormais, et elle soulève de nombreuses questions.

- L'IA permet des prix de billets d'avion individualisés, basés sur le profil des passagers.
- Delta Air Lines utilise l'IA pour remplacer les tarifs fixes par des prix dynamiques.
- L'IA analyse des données variées pour ajuster les prix en temps réel, maximisant ainsi les revenus par siège.
L'IA chamboule de nombreuses industries, et l'aérien en fait bien entendu partie. Les compagnies investissent de plus en plus dans la technologie, avec un impact très positif pour certaines d'entre elles. British Airways, par exemple, est parvenue à drastiquement réduire ses retards.
Mais certaines d'entre elles ne se contentent pas de solutionner leurs soucis logistiques. Pour sa part, Delta Air Lines exploite l'immense potentiel de l'IA pour maximiser le prix que chaque passager doit payer.
Tirer le plus de bénéfices possibles pour chaque siège
La compagnie remplace progressivement les prix fixes par des tarifs dynamiques, calculés en temps réel selon le profil de l'acheteur. Concrètement, l’IA fonctionne comme un super analyste, capable d’évaluer en continu la disposition à payer d’un passager.
Elle croise des données variées, comme l’heure de réservation, l’appareil utilisé, les habitudes d’achat ou encore l’historique de navigation, pour ajuster le prix au centime près. Résultat, le tarif est optimisé individuellement, pensé pour tirer le plus de bénéfices possibles sur chaque siège.
En règle générale, les compagnies aériennes pratiquent déjà une tarification différenciée, mais selon des règles relativement transparentes : les prix varient en fonction de l’avance de la réservation, du canal d’achat, du remplissage de l’avion ou du jour de départ. Ces mécanismes, bien qu’optimisés, reposent sur des grilles tarifaires établies par des humains, avec des logiques compréhensibles par le consommateur. La technologie de Delta Air Lines, elle, interroge.

Des craintes vis-à-vis de la protection de la vie privée et des discriminations
Des associations de défense des consommateurs dénoncent une intrusion dans la vie privée, assimilant cette pratique à une tentative de « lire dans nos têtes » pour maximiser les profits. Au-delà de l’aspect psychologique, le recours à certains critères comme les codes postaux pourrait entraîner des discriminations indirectes selon l’origine sociale ou géographique, plaçant l’algorithme dans une zone grise sur le plan éthique, voire légal.
Autre point de tension : le manque de transparence. Si Delta assure que ses tarifs restent encadrés par des critères objectifs, elle ne précise ni comment sont fixés les prix pilotés par l’IA, ni comment ils sont vérifiés. Cette opacité alimente la crainte d’un système où les clients les plus modestes, moins familiers avec ces pratiques, paieraient davantage que les plus avertis.
Malgré tout, la compagnie semble déterminée à poursuivre sur cette voie. Actuellement, 3 % des billets sont déjà fixés par l'IA, contre 1 % il y a neuf mois. Elle vise les 20 % d’ici à la fin de l’année. À noter que la technologie qu'elle exploite est conçue par la société israélienne Fetcherr, qui collabore également avec Azul, WestJet, Virgin Atlantic ou encore VivaAerobus. Il n'est donc pas exclu de voir d'autres compagnies adopter une telle initiative.
05 août 2024 à 16h45
Source : Fortune