Les États-Unis viennent d’autoriser à nouveau les exportations de GPU H20 vers la Chine, trois mois après les avoir bloquées. La volte-face illustre l’efficacité des pressions exercées par Jensen Huang et remet en jeu plusieurs milliards de dollars de contrats.

Derrière cette volte-face, un travail d’influence méthodique mené par Jensen Huang et la menace d’un recul technologique américain. © NVIDIA
Derrière cette volte-face, un travail d’influence méthodique mené par Jensen Huang et la menace d’un recul technologique américain. © NVIDIA
L'info en 3 points
  • Les États-Unis ont levé l'interdiction d'exportation des GPU H20 vers la Chine, après des pressions de NVIDIA.
  • Jensen Huang, PDG de NVIDIA, a convaincu Washington que l'embargo favorisait des concurrents locaux comme Huawei.
  • La Chine représente 20% du marché data center de NVIDIA, crucial pour maintenir sa position technologique mondiale.

Washington invoquait jusque-là des risques de transferts militaires pour interdire la puce H20. La décision d’assouplir les licences tombe alors que Pékin accélère ses propres investissements dans les semi-conducteurs. Pour NVIDIA, la Chine représente environ 20% de son chiffre d’affaires data center, un marché trop gros pour être perdu définitivement.

Pressions payantes de NVIDIA

Le patron de NVIDIA a mobilisé lobbyistes et partenaires pour démontrer que l’embargo favorisait surtout des concurrents locaux comme Huawei. Ces derniers mois, le patron de NVIDIA s'est démené pour convaincre l'administration américaine des bienfaits d'une coopération technologique avec la Chine. Multipliant les déplacements et les prises de parole, Jensen Huang a ardemment défendu l'idée que les restrictions commerciales nuisaient à la position de leader technologique des États-Unis. Il a notamment souligné que l'interdiction de vente avait déjà divisé par deux la part de marché de NVIDIA en Chine, laissant le champ libre à des concurrents locaux comme Huawei.

Ses efforts ont culminé avec une rencontre avec le président américain Donald Trump la semaine dernière, où il a pu plaider sa cause directement. Ce dialogue au plus haut sommet de l'État semble avoir porté ses fruits, aboutissant à une volte-face rapide de la part des autorités américaines.

Selon plusieurs sources proches du dossier, ses arguments ont pesé lors d’échanges directs avec les conseillers économiques de la Maison-Blanche, décidés à ne pas pénaliser l’écosystème logiciel étasunien. Fin 2024, l’entreprise avait lancé une version bridée de la H20 spécialement pensée pour contourner les premières restrictions américaines. L’interdiction d’avril avait donc surpris l’industrie, d’autant que certains sénateurs militaient pour des mesures encore plus dures après le voyage avorté de Jensen Huang en Chine.

La H20, une puce au cœur des tensions

La H20 reste moins véloce que l’A100, mais sa bande passante mémoire supérieure aux alternatives chinoises lui assure un avantage en inference, c’est-à-dire l’exécution de modèles déjà entraînés. Les géants locaux comme ByteDance ou Alibaba y voient un moyen rapide d’étendre leurs capacités sans revoir leurs piles logicielles.

Les licences d’exportation incluent toujours une clause de suivi : NVIDIA devra déclarer les volumes expédiés et les centres de données destinataires. Washington espère ainsi éviter que la puce ne soit agrégée massivement pour entraîner de futurs modèles d’IA à vocation militaire, un scénario que redoutent les faucons du Congrès.

NVIDIA jouit d’un répit, mais le terrain est miné : Pékin encourage ses champions à privilégier les puces locales, tandis que l’administration américaine promet de « réévaluer » la situation tous les six mois. Le constructeur prépare déjà de nouveaux processeurs « compliance ready » pour ne plus dépendre d’un unique feu vert politique.

Source : The Register