Coup de tonnerre pour les auteurs : la justice vient de donner raison à la société Anthropic, qui a numérisé des livres achetés pour entraîner ses IA. Cette pratique a, en effet, été considérée comme un « usage raisonnable ».

- La justice a tranché en faveur d'Anthropic, jugeant l'utilisation de livres numérisés pour entraîner son IA comme "usage raisonnable".
- Le juge Alsup a souligné que l'IA est transformative et que la législation vise à promouvoir l'originalité.
- Anthropic fait face à un nouveau procès pour avoir utilisé des livres piratés, malgré sa victoire partielle.
Empêtrée depuis 2024 dans un procès l'opposant à plusieurs auteurs, Anthropic, à qui l'on doit le LLM Claude, doit actuellement se frotter les mains. La société, dont la technologie a récemment commis un sérieux impair en plein tribunal, était accusée d'avoir formé ses IA génératives avec des livres numérisés, protégés par droits d'auteur, et ce, sans autorisation préalable. À la surprise générale, le juge s'est rangé de son côté.
L'entraînement des IA avec des livres achetés ou non est "raisonnable"…
C'est un grand jour pour les sociétés spécialisées en IA, mais un véritable cauchemar pour les auteurs. Dans une décision rendue le 23 juin dernier, William Alsup, un juge fédéral californien a estimé en première instance que la formation des modèles d'Anthropic avec des livres, qu'ils aient été payés rubis sur l'ongle ou non, relevait du « Fair Use » (en français, « usage raisonnable »).
07 avril 2025 à 08h07
Ce dernier a notamment estimé que « la plainte des auteurs n’est pas différente de celle qu’ils auraient s’ils se plaignaient que former les écoliers à bien écrire entraînerait une explosion d’œuvres concurrentes ». Qualifiant l'IA de technologie « révolutionnaire », il a jugé que les créations produites étaient suffisamment transformatrices et rappelé que l'objectif de la législation sur la propriété intellectuelle était de « promouvoir les œuvres originales d’auteur, et non (de) protéger les auteurs contre la concurrence. »
Anthropic a, bien évidemment, salué cette décision.
… mais le téléchargement de livres piratés ne l'est pas
Anthropic n'est cependant pas totalement tiré d'affaire. En effet, non contente d'avoir nourri ses modèles avec des livres achetés et numérisés, la société, qui prône pourtant une utilisation éthique de l'intelligence artificielle, a également utilisé des sources moins louables.
Souhaitant référencer l'intégralité de la littérature mondiale, Anthropic a stocké un grand nombre d'ouvrages piratés et utilisé une partie de ces ouvrages pour la formation de ses IA. Une pratique sur laquelle le juge Alsup ne compte, en revanche, pas fermer les yeux : un nouveau procès civil est prévu au tribunal du district nord de Californie pour évaluer quels dommages et intérêts doivent être versés par la firme.
En attendant, les créateurs d'œuvres originales ont bien du souci à se faire et il y a fort à parier que la décision du juge Alsup suscitera de nombreux débats dans les prochains jours.
02 janvier 2025 à 12h43