Les deux géants de l’entertainment Disney et NBCUniversal reprochent à Midjourney d’avoir exploité leurs œuvres sans autorisation pour entraîner ses modèles.

- Disney et NBCUniversal portent plainte contre Midjourney pour violation de droits d’auteur.
- Midjourney accusé d’avoir copié des personnages célèbres comme Iron Man ou Shrek.
- Le procès relance le débat sur l’usage équitable des contenus protégés par les IA.
Depuis plusieurs mois, les questions liées aux droits d’auteur se multiplient autour de l’intelligence artificielle générative. Si les modèles textuels sont déjà dans le viseur de nombreux ayants droit, ce sont aujourd’hui les IA d’images qui font l’objet de procédures judiciaires de grande ampleur. Disney et NBCUniversal ont ainsi décidé de porter plainte contre Midjourney, l’un des outils d’illustration les plus utilisés, accusé d’avoir copié massivement leurs créations protégées pour entraîner ses modèles.
Des dizaines de personnages plagiés par Midjournet selon Disney et NBCUniversal
Dans la plainte déposée devant un tribunal fédéral à San Francisco, Disney et NBCUniversal accusent Midjourney d’avoir utilisé, sans autorisation, des millions d’images issues de leurs catalogues. Parmi les contenus concernés figurent des représentations iconiques de personnages comme Iron Man, Buzz l’Éclair, le Capitaine Jack Sparrow, Elsa de La Reine des Neiges ou Dark Vador pour Disney ou encore le Grinch et les Minions chez NBCUniversal. Selon les studios, ces images ont été incorporées dans les ensembles de données ayant servi à entraîner l’algorithme de génération d’images. « Lorsqu'un abonné saisit une invite pour une image de Spider-Man, des Minions, d'Iron Man ou de l'un des innombrables personnages protégés par le droit d'auteur des plaignants, Midjourney crée une autre copie de ce personnage qu'il affiche publiquement et/ou distribue par téléchargement », précise la plainte.
Les plaignants affirment que Midjourney permet aujourd’hui de produire des visuels très proches de leurs œuvres, allant jusqu’à générer des variantes quasi identiques de ces personnages. Les deux majors ont produit de nombreuses illustrations générées par l'outil d'intelligence artificielle qui plagient effectivement leurs propriétés intellectuelles dans les moindres détails.

Pour Disney et NBCUniversal, il ne s’agit pas uniquement d’une question d’image, mais aussi d’un enjeu commercial. Ils accusent Midjourney de tirer profit de leurs créations sans autorisation ni compensation. « Notre propriété intellectuelle de classe mondiale repose sur des décennies d’investissement financier, de créativité et d’innovation, des investissements rendus possibles uniquement par les incitations prévues par la loi sur le droit d’auteur qui confère aux créateurs le droit exclusif de tirer profit de leurs œuvres », précise Disney, qui poursuit : « Midjourney contrôle et a la capacité de contrôler les productions génératives grâce à des mesures de protection techniques facilement accessibles. Malgré cette capacité, Midjourney a choisi de ne pas recourir à des mesures de protection du droit d'auteur pour limiter la violation . Le piratage».
La question de l'IA et du respect du droit d'auteur relancée par cette plainte
Au-delà de ce cas précis, la procédure judiciaire engagée par Disney et NBCUniversal pourrait avoir des répercussions durables sur l’ensemble de l’industrie des IA génératives. Elle intervient alors que de nombreux acteurs culturels s’interrogent sur les outils d’IA qui reproduisent des styles visuels, des personnages ou des éléments narratifs sans validation préalable.
Cette affaire s’ajoute à d’autres contentieux similaires, visant notamment OpenAI, Stability AI ou encore les bases d’images utilisées pour entraîner des modèles. Les studios réclament des dommages-intérêts significatifs et une injonction pour empêcher Midjourney de poursuivre cette forme d’exploitation.
Le débat sur l’équilibre entre innovation technologique et protection des droits d’auteur se trouve ainsi relancé. Les juges devront trancher une question encore peu abordée par les tribunaux : l’utilisation d’œuvres protégées pour former une IA constitue-t-elle une infraction ou peut-elle relever de l’usage équitable (fair use) ? Le verdict pourrait redessiner les règles du jeu dans l’économie de la création numérique.
Midjourney n'a pour le moment pas commenté cette plainte.
Source : The Hollywood Reporter
25 mars 2025 à 15h08