TELLi, le Train léger innovant de la SNCF, coûte deux fois moins cher que les modèles actuels. Avec une autonomie de 200 kilomètres sur batterie, il pourrait offrir un nouveau souffle aux petites lignes. La compagnie attend les commandes désormais.

Jacques Berling nous montre ici l'hologramme du TELLi du groupe SNCF © Alexandre Boero / Clubic
Jacques Berling nous montre ici l'hologramme du TELLi du groupe SNCF © Alexandre Boero / Clubic

La SNCF donne aux territoires ruraux français l'espoir de voir circuler de nouveaux trains, moins lourds et moins chers que leurs prédécesseurs, et quasiment propres ! Avec TELLi, pour « Train léger innovant », la compagnie ferroviaire propose des machines hybrides batterie-pantographe pouvant embarquer 150 voyageurs sur 200 kilomètres. Trois régions discutent déjà avec la SNCF, qui espère leur mise en circulation d'ici 2030.

TELLi combine batterie et électrification pour doubler l'autonomie

Jacques Berling, le directeur du projet TELLi pour le groupe SNCF, a pu nous expliquer durant VivaTech les contours de ce dernier, qui pourrait bien faire de l'ombre à la voiture sur les petites lignes oubliées.

Celui qui a notamment fait de la maintenance autrefois à la SNCF pilote aujourd'hui un consortium de onze partenaires pour ce projet lancé en septembre 2022. CAF, Alstom, Wabtec, Hitachi, mais aussi des spécialistes comme Texelis, leader mondial de l'essieu sur pneu, unissent leurs savoir-faire. Tous ces acteurs ont, derrière la SNCF, l'objectif de proposer enfin « une vraie alternative à la voiture par le train » dans les zones rurales.

TELLi mise tout sur l'hybridation intelligente. Ce train électrique de 50 tonnes embarque 6 tonnes de batteries lithium-fer-phosphate (LFP), tout en conservant son pantographe pour capter le courant sur caténaires. Trois versions sont à l'étude : l'une de 1 500 volts, l'autre de 25 000 volts, et aussi une option hydrogène pour les plus aventureux.

À bord du TELLi, on peut grimper jusqu'à 150 voyageurs, pour 74 places assises, et même quatre vélos couchés à l'horizontale, et surtout cette fameuse autonomie qui explose les standards. « Les trains actuels à batterie sont plutôt sur 80 km d'autonomie », rappelle Jacques Berling. TELLi vise carrément le double.

Jacques nous montre ici le compartiment à vélo du TELLi  © Alexandre Boero / Clubic
Jacques nous montre ici le compartiment à vélo du TELLi © Alexandre Boero / Clubic

Une autonomie record qui pourrait transformer l'usage ferroviaire

Le TELLi propose, sur le papier, une autonomie de 200 kilomètres qui n'est pas un hasard. Elle découle d'une stratégie efficace qui consiste à partir d'une grande gare électrifiée comme celle de Limoges, puis de filer sur les petites lignes non électrifiées, avant de revenir se recharger au point de départ. « Tout l'intérêt de ces 200 kilomètres, c'est de pouvoir faire un aller, et sans doute le retour », explique Jacques Berling. Pour une alimentation hybride donc, mais en grande partie sur batterie.

Le directeur du projet, qui vante la capacité du TELLi à faire « beaucoup plus d'arrêts », estime même que sur des zones à plat, en début de cycle du train, le TELLi pourrait atteindre aller au-delà de 200 km d'autonomie. Quelques détails techniques s'imposent.

Le TELLi en action © SNCF / TELLi

La recharge variera selon la tension. Elle sera de 30 minutes chrono en version 25 000 volts, grâce aux quatre blocs de batteries, mais de plus d'une heure en 1 500 volts avec ses cinq blocs. Pourquoi cette différence ? En 1500 volts, « si vous laissez votre pantographe et que vous tirez au maximum, vous risquez de faire fondre la caténaire ».

L'innovation technique impressionne avec l'essieu Texelis à deux moteurs indépendants par roue. Cette prouesse permet un « guidage actif » dans les courbes, qui optimisera l'usure des roues et des rails. La récupération au freinage booste l'autonomie, ce qui crucial quand on multiplie les arrêts en gare. Notons que TELLi devrait circuler avec une réserve de batterie allant entre 20 et 80%.

L'argument économique de la SNCF qui devrait convaincre les collectivités territoriales

Les équipes ont bouclé la conception à la toute fin 2024, avec un showroom de 500 mètres carrés présentant « une centaine d'innovations » et une maquette grandeur nature. Les années 2025-2026 aident et aideront à peaufiner les détails techniques les plus pointus avant le grand saut industriel. Une rame laboratoire X73500, similaire à celle utilisée par le plus petit des TER en circulation mais bardée de capteurs, teste déjà la technologie autour de Limoges.

Les régions Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Centre-Val de Loire lorgnent déjà sur la technologique. La SNCF sait qu'elles doivent remplacer leurs trains diesel condamnés dans la décennie 2030 et rêvent de passer « de deux heures à trente minutes, voire du quart d'heure » entre chaque passage selon les zones.

L'argument qui pourrait aussi faire mouche est économique. Pourquoi ? Car TELLi coûterait moitié prix des trains catalogue actuels. Avec une durée de vie de 30 à 40 ans (comme les trains actuels) et une empreinte carbone « 20 fois moins polluante qu'un car », le train léger a tous les atouts pour séduire. Reste à convaincre les régions de commander les 100 ou 200 unités nécessaires au décollage industriel.