L'AMIAD et le Commandement du Combat Futur développent le projet Pendragon, première unité robotique militaire française dotée d'intelligence artificielle. Une démonstration est attendue en 2026, avant un lancement en 2027.

Théo Pierre a présenté Pendragon à Clubic, durant VivaTech © Alexandre Boero / Clubic
Théo Pierre a présenté Pendragon à Clubic, durant VivaTech © Alexandre Boero / Clubic

La France s'apprête à vraie étape dans la robotisation militaire, grâce au projet Pendragon. Le programme, coordonnée par l'Agence ministérielle pour l'IA de défense (AMIAD) et le Commandement du Combat Futur (CCF), associe intelligence artificielle et systèmes robotiques hétérogènes pour créer des unités de combat autonomes, à l'aide de drones notamment. Actuellement en phase de prototypage, le projet, dont nous avons pu prendre connaissance pendant VivaTech, vise une démonstration opérationnelle en 2026, avant une mise en production en 2027 sur les théâtres d'opérations.

Pendragon, l'unité robotisée autonome qui passera vite du prototype à la démonstration opérationnelle

Le projet Pendragon franchit actuellement une marche cruciale, celle de la phase d'instruction. Concrètement, les premiers prototypes sortent des laboratoires sous l'impulsion conjointe de l'AMIAD et du Commandement du Combat Futur. L'été 2026 marquera un tournant décisif avec la première démonstration opérationnelle de cette unité robotique révolutionnaire, véritable test grandeur nature.

« L'idée, c'est d'intégrer différents robots terrestres et différents drones également, de les faire communiquer entre eux, travailler entre eux pour réaliser une mission de manière autonome », nous explique Théo Pierre, expert IA à l'AMIAD, interviewé lors de VivaTech. Cette vision d'une coordination robotique autonome représente un saut technologique majeur, qui propulserait la France dans le peloton de tête de la robotisation militaire mondiale.

Le calendrier, déjà bien ficelé, témoigne d'une planification rigoureuse. Après la démonstration de 2026, cap sur la mise en production dès 2027. Pour débuter, l'unité restera volontairement modeste avec une probable dizaine d'éléments maximum, qui permettra d'affiner les procédures avant d'envisager une montée en puissance progressive. Une approche pragmatique, vous l'aurez compris, qui évite les écueils d'une ambition démesurée.

Illustration du projet Pendragon, captée à VivaTech © Alexandre Boero / Clubic
Illustration du projet Pendragon, captée à VivaTech © Alexandre Boero / Clubic

Quadrupèdes, drones et communications, l'arsenal hétérogène de Pendragon

L'architecture technique de Pendragon repose sur deux piliers d'intelligence artificielle savamment orchestrés. La première brique concerne l'interprétation des missions, utilisant du Natural Language Processing (permet à un ordinateur de comprendre, analyser et générer du texte ou de la parole humaine) pour traduire les ordres d'un chef militaire humain en instructions compréhensibles par chaque robot.

Ici, on garantit le maintien absolu du contrôle humain, car comme le précise Théo Pierre : « On ne donne pas toute autonomie à cette unité robotique. » Et l'ingénieur d'ajouter que le chef « assumera du coup les conséquences de ses ordres, évidemment ».

La seconde couche technologique se concentre sur l'intelligence militaire opérationnelle de terrain. Chaque porteur dispose d'algorithmes spécialisés dans la détection, la localisation et l'identification des cibles potentielles. L'apprentissage par renforcement permet d'optimiser continuellement les performances, selon les situations rencontrées. Qu'il s'agisse de défendre une zone ou d'attaquer, l'unité s'adapte aux ordres reçus.

L'hétérogénéité constitue le génie du projet français. Des drones pour certains peu chers aux robots terrestres sophistiqués, en passant par des quadrupèdes agiles et des robots à roues polyvalentes, l'AMIAD évoque une palette tactique impressionnante. Les communications autour des drones et machines s'appuieront sur des technologies éprouvées comme la 4G, la 5G, le Wi-Fi et le satellite, choisies selon les impératifs et contraintes de chaque théâtre d'opération.

L'AMIAD, ce fer de lance de l'IA militaire française qui veut tripler ses effectifs

Le projet Pendragon est donc en grande partie porté par l'AMIAD. Créée en mai 2024, l'Agence ministérielle pour l'IA de Défense incarne toute l'audace technologique française dans le domaine militaire. Avec 120 collaborateurs actuellement répartis entre Paris, Bruz (Bretagne) et Palaiseau (région parisienne), cette jeune pousse institutionnelle vise les 300 personnes d'ici fin 2026. Sur Pendragon spécifiquement, une équipe resserrée de 20 à 30 experts pilote le projet au quotidien.

L'approche de recrutement casse d'ailleurs les codes traditionnels, en privilégiant la diversité des profils. « Il ne faut pas que des data scientists, mais également des data ingénieurs, des développeurs, des chefs de projet », insiste Théo Pierre. Car la philosophie multidisciplinaire reflète la complexité du défi, qui consiste à transformer des algorithmes prometteurs en armes opérationnelles sur le terrain, un exercice qui nécessite bien plus que de la pure expertise technique.

L'écosystème industriel se structure dans une logique résolument souveraine autour du « hub Pendragon ». Officiellement dévoilé le 11 juin 2025 à VivaTech, le projet ouvre ses portes aux entreprises françaises exclusivement dans un premier temps. Des géants historiques de la défense aux start-up disruptives, tous peuvent rejoindre l'aventure comme contributeurs ou observateurs, avant d'envisager des partenariats européens selon la feuille de route établie.