La Commission européenne maintient la pression sur X. Depuis 2023, le réseau social attribue ses badges bleus à des abonnés payants, sans tenir compte de leur notoriété. Bruxelles estime que ce système trompe les utilisateurs. Une enquête est en cours au titre du Digital Services Act. Elle pourrait déboucher sur une amende salée.

- La Commission européenne enquête sur X pour son système de badges bleus payants, jugé trompeur et non transparent.
- Depuis 2023, X attribue des badges bleus aux abonnés Premium, remplaçant l'ancien système basé sur la notoriété.
- L'enquête pourrait entraîner une amende sévère, touchant potentiellement d'autres entreprises d'Elon Musk comme SpaceX.
Depuis une semaine, une notice s’affiche sous les profils bleus sur X. Elle précise que le badge est attribué aux comptes « actifs, sécurisés et non trompeurs », abonnés à la version Premium. Ce message n’a rien d’anodin. Il s’adresse autant aux utilisateurs qu’à la Commission européenne. Car une procédure est en cours contre la plateforme, au titre du Digital Services Act. Bruxelles accuse X d’utiliser des interfaces trompeuses et d’avoir modifié son système de vérification au détriment de la transparence. L’affaire remonte à juillet 2024, mais la tension ne retombe pas.

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Un badge devenu ambigu, une réponse trop tardive
Jusqu’à la fin 2022, le badge bleu servait à distinguer les personnalités publiques. Journalistes, responsables politiques ou chercheurs devaient fournir des pièces justificatives. Le réseau attribuait le badge sans contrepartie financière, uniquement sur la base de critères de notoriété et d’intérêt public.
Ce système a volé en éclats avec l’arrivée d’Elon Musk à la tête de l’entreprise. En avril 2023, X a mis en place un nouveau programme. Désormais, tout utilisateur abonné à la formule Premium peut obtenir un badge bleu. Il n’est plus question de notoriété ou de fonction publique, mais d’abonnement payant et de quelques critères techniques.
Cette bascule a brouillé les repères. Le badge est devenu un signe d’adhésion au modèle payant, et non une validation d’identité ou de sérieux. L’ambiguïté a vite posé problème, notamment en Europe. En juillet 2024, la Commission européenne a ouvert une enquête, jugeant ce système « contraire aux usages du secteur » et potentiellement trompeur.
Pour répondre à ces critiques, X a discrètement ajouté un message explicatif visible sur les profils Premium. Le texte précise que l’utilisateur est abonné et que son compte est « actif, sécurisé et non trompeur ». Un exemple a été partagé sur le réseau par l’utilisateur ThatRedCatholic, comme vous pouvez le voir ci-dessous, avec la capture suivante :
En substance, « …suite aux changements visant à démocratiser la plateforme, les comptes qui ont un abonnement actif à X Premium … sont éligibles à la coche bleue… ». Ce message vise clairement à rassurer les autorités. Mais du côté de la Commission, la réaction reste prudente. Un porte-parole a indiqué que l’exécutif européen avait « pris note » de ce changement, sans en tirer de conclusion à ce stade.
Une enquête toujours en cours, des risques financiers élevés
La procédure engagée par Bruxelles va plus loin. L’enquête vise aussi la transparence des contenus sponsorisés et l’accès aux données pour les chercheurs. Ces trois points relèvent du Digital Services Act, qui impose aux grandes plateformes des règles strictes sur la modération, la clarté des interfaces et l’intégrité des informations diffusées.
Comme on vous en parlait sur Clubic, dans sa communication de juillet 2024, la Commission estimait que le système de certification de X « ne correspondait pas aux pratiques du secteur et trompait les utilisateurs ». Le ton ne laissait guère de place à l’interprétation. À cela s’ajoutaient d’autres manquements concernant les publicités et l’absence de collaboration sur les recherches liées à la désinformation.
L’issue de l’enquête pourrait conduire à une amende allant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise. Et selon une interprétation juridiquement possible – bien que débattue – les revenus d’autres sociétés détenues par Elon Musk, comme SpaceX ou Neuralink, pourraient entrer dans le calcul. Ce point n’est pas tranché, mais il circule à Bruxelles depuis plusieurs mois.
X n’a pas répondu aux sollicitations de Bloomberg sur le sujet. Et de son côté, la Commission n’a pas annoncé de calendrier officiel.