La France ne dispose aujourd'hui que d'un seul porte-avions. Devant les députés, un amiral a fait remonter à la surface l'hypothèse d'un nouvel exemplaire. L'idée ne doit pas être laissée de côté, selon lui.

Depuis la vente du Foch au Brésil en 2000, la France ne dispose plus que d'un seul porte-avions, d'ailleurs à propulsion nucléaire, le Charles de Gaulle. Mais contexte géopolitique oblige, l'idée d'un second porte-avions français n'est plus taboue dans les couloirs du pouvoir. Lors d'une récente audition parlementaire à l'Assemblée nationale, l'amiral Bernard Rogel a défendu cette option stratégique. Les tensions mondiales actuelles poussent plus que jamais la France à repenser sa puissance navale, mais pas que.
L'amiral Rogel brise le tabou du deuxième porte-avions français
L'amiral Rogel, ancien chef d'état-major de la Marine et membre de l'Académie de Marine, n'a pas éludé la question de la députée socialiste Isabelle Santiago en commission Défense. « L'idée d'un deuxième porte-avions ne doit pas disparaître de nos esprits ». Voilà une déclaration franche, qui pourrait relancer le débat sur l'avenir naval français.
De son côté, le président de la commission, Jean-Michel Jacques, enfonce le clou, en affirmant que « la France sans porte-avions ne serait plus la France ». On peut ici parler d'une vision ambitieuse, qui tranche d'ailleurs avec les habituelles précautions budgétaires qui entourent ce type de projet pharaonique. La députée Isabelle Santiago a déjà déposé un amendement pour étudier concrètement cette possibilité.
Il ne faut pas oublier, en parallèle, les 10 milliards d'euros nécessaires au porte-avions de nouvelle génération, coût qui pour certains députés semble rédhibitoire, en plus de son intérêt face aux capacités adverses. « Un porte-avions (…) est toujours moins sensible à une attaque, quelle qu'elle soit, qu'une base qui ne bouge pas », répond l'amiral Rogel.
Sans porte-avions, « la France serait réduite alors à escorter les porte-avions italiens ou turcs. Si c’était cela l’ambition maritime de la France, nous pourrions légitimement nous poser quelques questions », ajoute-t-il.
La France face au défi de la puissance maritime chinoise, et plus de drones souhaités
Parmi les autres arguments qui joueraient en faveur d'un deuxième porte-avions, on peut évoquer les ruptures capacitaires constatées pendant les phases de maintenance du Charles de Gaulle. Un second bâtiment garantirait effectivement une présence navale française permanente sur les théâtres d'opération, notamment en Indopacifique, où la tension monte inexorablement.
Par ailleurs, l'argument sécuritaire pèse désormais lourd dans la balance. Face aux puissances navales émergentes comme la Chine, qui « construit l'équivalent du tonnage de la marine française tous les trois ans » comme le dit l'amiral Rogel, la France doit impérativement maintenir son rang de puissance maritime mondiale.
Sans ce second porte-avions, l'Hexagone serait plus qu'à la traîne. En attendant, l'amiral appelle à « droniser de manière plus importante la surveillance des espaces maritimes et singulièrement outre-mer ». L'idée est de s'équiper de drones navals, de drones moyenne altitude à longue endurance (Male) et/ou d'une surveillance satellitaire. De quoi déjà « détecter et économiser nos moyens », conclut Bernard Rogel.
26 mai 2025 à 08h29
Sources : Clubic, Assemblée nationale, OpexNews