Bruxelles annonce, mardi, avoir lancé des enquêtes formelles contre quatre plateformes majeures de contenus pornographiques, pour mieux protéger les mineurs en ligne. Pornhub, XVideos sont appelées à coopérer avec la Commission.

Pornhub, comme d'autres sites, ne respecte toujours pas les règles sur la vérification de l'âge à l'entrée du site © Clubic
Pornhub, comme d'autres sites, ne respecte toujours pas les règles sur la vérification de l'âge à l'entrée du site © Clubic

L'Europe monte au créneau contre l'industrie du porno en ligne. Ce mardi 27 mai, la Commission européenne a dégainé son arsenal réglementaire contre les mastodontes de la pornographique sur Internet. Pornhub, XVideos, Stripchat et XNXX se retrouvent dans le viseur de Bruxelles, en étant accusés de défaillance présumée dans la protection des mineurs. Cette offensive coordonnée est destinée à montrer la détermination de l'Europe à nettoyer l'espace numérique.

Pornhub et ses concurrents négligent toujours la vérification d'âge des utilisateurs

La Commission européenne ouvre des enquêtes formelles à l'encontre de quatre plateformes, parmi lesquelles les très visitées XVideos et Pornhub. Ces enquêtes pointent un problème récurrent, celui de l'absence de mesures efficaces de vérification de l'âge sur ces plateformes, ou pour le cas de la France, de leur inefficacité. Un constat qui interpelle, quand on sait que ces sites attirent chaque jour des millions d'utilisateurs européens, dont une proportion non négligeable de mineurs.

Le règlement sur les services numériques, fer de lance de la régulation européenne, le fameux DSA (Digital Services Act), exige pourtant des plateformes qu'elles garantissent « un niveau élevé de respect de la vie privée, de sûreté et de sécurité pour les mineurs ». Une obligation que ces quatre géants semblent avoir négligée, selon les conclusions préliminaires de Bruxelles.

L'analyse des rapports d'évaluation des risques transmis par les plateformes en juin et décembre 2024 a révélé des lacunes béantes. Ces documents, censés démontrer les efforts déployés pour protéger les jeunes utilisateurs, ont au contraire confirmé les soupçons des régulateurs européens sur l'insuffisance des dispositifs mis en place.

Comment l'UE compte révolutionner la protection des mineurs en ligne

L'Europe ne se contente pas de sanctionner. Elle a décidé d'innover et de faire respecter sa nouvelle réglementation, en faisant perdre à Stripchat son statut de « très grande plateforme en ligne », après avoir vu son audience européenne chuter sous le seuil réglementaire.

En parallèle, la Commission développe une application de vérification d'âge « en marque blanche », qui sera disponible dès cet été. L'outil, plutôt prometteur sur le papier, permettra de vérifier la majorité des utilisateurs sans compromettre leur vie privée. Il permettra, comme le dit Bruxelles, de « combler l'écart » avec le portefeuille numérique de l'UE, qui sera disponible d'ici la fin de l'année 2026. Les deux seront basés sur la même architecture.

Les États membres pourront, eux, déployer cette application, que les plateformes utiliseront ensuite pour s'assurer qu'un utilisateur a bien plus de 18 ans, sans révéler d'autres informations personnelles.

Enfin, une action coordonnée des États membres cible les plus petites plateformes pornographiques. Cette stratégie à double détente vise à couvrir l'ensemble de l'écosystème, des géants internationaux aux acteurs de niche, garantissant ainsi une application uniforme du règlement sur tout le territoire européen.