TikTok est pointée du doigt par la Commission européenne, qui soupçonne la plateforme de ne pas respecter les règles de transparence publicitaire. Le réseau social risque à terme une amende colossale pouvant atteindre 6% de son chiffre d'affaires mondial annuel.

TikTok est dans le collimateur de la Commission européenne © chandet / Shutterstock
TikTok est dans le collimateur de la Commission européenne © chandet / Shutterstock

Le géant chinois TikTok a-t-il fauté sur la question publicitaire ? La plateforme de partage de vidéos se retrouve une nouvelle fois sous les projecteurs européens. Ce jeudi 15 mai 2025, la Commission européenne a tiré la sonnette d'alarme en annonçant, à titre préliminaire c'est important, que TikTok a peut-être bien enfreint les règles de la législation sur les services numériques (DSA) concernant son répertoire publicitaire.

Le DSA met TikTok face à ses responsabilités

Les conclusions préliminaires de Bruxelles sont sans appel. TikTok ne joue pas cartes sur table concernant ses publicités. La Commission évoque un contenu des annonces flou, des utilisateurs ciblés non identifiés, et des commanditaires des campagnes publicitaires gardés dans l'ombre. Une triple omission qui fait tache.

Cette opacité n'est pas qu'une simple entorse administrative. Pour l'Europe, le répertoire de publicités est « essentiel pour permettre aux chercheurs et à la société civile de détecter les annonces frauduleuses, les campagnes de menaces hybrides, ainsi que les opérations d'information coordonnées et les fausses publicités, y compris dans le contexte des élections. »

L'enquête a été minutieuse. La Commission a analysé des documents internes, mené des tests approfondis des outils TikTok et des entretiens avec des experts. Henna Virkkunen, la vice-présidente exécutive chargée de la sécurité et de la démocratie, ne mâche pas ses mots au sujet du réseau social. « À notre avis préliminaire, TikTok ne respecte pas le règlement sur les services numériques dans des domaines clés de son répertoire de publicités, empêchant l'inspection complète des risques », a-t-elle réagi.

Une facture salée et des enjeux qui dépassent la simple transparence

TikTok a désormais l'opportunité de se défendre, mais l'épée de Damoclès qui pend au-dessus de sa tête est impressionnante. On le rappelle, l'entreprise risque jusqu'à 6% de son chiffre d'affaires mondial, qui pourraient partir en fumée si les conclusions préliminaires étaient confirmées.

Depuis février 2024, la Commission enquête également sur d'autres aspects controversés de TikTok, comme les fameux « effets de trou de lapin » algorithmiques, la vérification de l'âge des utilisateurs, et la protection des mineurs.

Une autre procédure formelle a été ouverte en décembre 2024 concernant la gestion des risques liés aux élections et au discours civique. Comme le note la Commission, ces enquêtes sont menées « en priorité », ce qui montre bien l'importance accordée à ces enjeux.

Ce qui est sûr, c'est que du point de vue de Bruxelles, l'affaire déasse le cadre d'une simple question technique. Comme le souligne Henna Virkkunen, il s'agit de « défendre l'intégrité de nos élections démocratiques » et de protéger les citoyens contre les menaces hybrides. Dans la guerre de l'information, l'Europe montre qu'elle n'entend pas baisser la garde.