Le président et la secrétaire générale de la CGT se sont opposés sur le futur de l’automobile électrique, entre relocalisations promises et usines de batteries fragiles.
- Sophie Binet critique les délocalisations : Elle souligne la fabrication des nouveaux modèles électriques hors France, comme la Twingo en Slovénie.
- Macron promeut les gigafactories : Il mise sur ces usines pour booster la production de batteries électriques en France.
- Viabilité des projets en jeu : Les gigafactories demandent soutien public; la compétitivité reste clé pour abaisser le coût des véhicules.
Petite passe d'armes ou échange de couacs, c'est selon, mais en tous les cas ce qui sest passé pendant l'émission spéciale diffusée sur TF1 ce mardi. Emmanuel Macron et Sophie Binet ont débattu de la politique industrielle française.
Au cœur de l’échange, une question concrète : comment produire en France des voitures électriques accessibles ? La réponse reste floue, entre désaccords sur les délocalisations et incertitudes autour des nouvelles usines.
Sophie Binet critique les délocalisations et celle de la Renault Zoe, mais cite un mauvais exemple
Sophie Binet a tenté de marquer les esprits avec un symbole fort. « Renault vient de fermer la ligne de production de la Zoé à Flins. Elle vient de partir en Roumanie », a-t-elle déclaré. Le problème, c’est que ce n’est pas vrai. La Zoé ne roule plus, tout simplement. Renault a arrêté sa production en 2024 après plus de dix ans de carrière. Aucun modèle ne l’a remplacée en Roumanie.
Pour autant, la critique n’est pas déconnectée de la réalité. Plusieurs petites électriques quittent l’Hexagone. La future Twingo électrique, annoncée à moins de 20 000 euros, sera fabriquée en Slovénie. La Peugeot e-208 sort d’une usine en Espagne. Carlos Tavares, ex-patron de Stellantis, n’a jamais souhaité relocaliser cette production malgré les appels de Bercy. Une étude publiée en 2024 par la Fondation pour la nature et l’homme, coécrite par un ancien de Renault, montre pourtant qu’une citadine électrique produite en France à prix contenu reste possible.
Le président mise sur les gigafactories mais évite le sujet du démarrage compliqué
De son côté, Emmanuel Macron a préféré mettre en avant les projets en cours. Il a évoqué la Renault 5 électrique, produite à Douai depuis 2024. Cette citadine est vendue à partir de 28 000 euros, en attendant une version plus accessible promise à 25 000 euros dans l’année. Le président a aussi cité les gigafactories en construction dans les Hauts-de-France. Mais il a laissé de côté les difficultés rencontrées sur le terrain.
La plus avancée, l’usine ACC à Douvrin, demande un soutien d’urgence. En mars dernier, son directeur a lancé un appel à l’État. Il réclame des aides concrètes pour financer la montée en puissance de la production, quelques mois seulement après la faillite de Northvolt dans le Pas-de-Calais. Ces usines doivent produire les batteries pour alimenter la filière électrique, mais leur viabilité dépend encore largement de financements publics.
Selon AAA-Data, le prix moyen des voitures électriques neuves vendues en France atteignait 42 930 euros en 2024. C’est environ 10 000 euros de plus qu’en 2020. Renault promet une baisse avec ses nouveaux modèles, mais cette promesse dépend aussi de la compétitivité de la chaîne industrielle. Cela explique en partie les arbitrages vers des sites à coûts moindres, comme ceux en Europe de l’Est. Quant aux gigafactories françaises, elles devront prouver leur rentabilité rapidement pour espérer peser dans la production européenne.
