Pour célébrer les 150 ans du Palais Garnier, l’Opéra national de Paris propose une expérience immersive unique : La Magie Opéra. Intrigué, je me suis rendu à la Bibliothèque-musée de l’Opéra pour vivre en avant-première cette aventure qui promettait de transformer mon rapport à l'opéra.
Dès l’entrée, casque VR HTC Vive Focus 3 sur la tête, j’ai été projeté dans un univers surréaliste, aux côtés de Céleste, une jeune chanteuse dont on suit le parcours fascinant. J'ai littéralement déambulé virtuellement dans les décors du Palais Garnier, entre réalité, imagination et mémoire.
Découvrir l’opéra dans l'Opéra grâce à la VR
Ce qui frappe immédiatement, c’est le réalisme saisissant de cette expérience créée par le studio français BackLight. Durant 25 minutes, les scènes spectaculaires se succèdent au rythme des plus beaux airs d’opéra : le célèbre Chant à la lune de Rusalka interprété par Renée Fleming, l’émouvant Vissi d'arte de Tosca par Martina Serafin ou, encore, l'intense Habanera de Carmen chantée par Elīna Garanča.
L’expérience est d’une fluidité étonnante. On avance réellement à travers les espaces virtuels, et chaque tableau nous plonge dans une ambiance différente, tantôt mystique, tantôt dramatique. Le plus impressionnant ? La technologie immersive réussit à démocratiser l’opéra en rendant ces grands classiques accessibles, même aux novices.
La machinerie de La Magie Opéra
L’envers du décor est tout aussi fascinant. HTC nous a permis de visiter les coulisses techniques de cette installation atypique. Une pièce entière de la rotonde de la bibliothèque-musée a été aménagée spécifiquement pour accueillir cette expérience de réalité virtuelle.
La salle est grande, très haute de plafond et, en son centre, on retrouve une grande zone rectangulaire sur laquelle peuvent prendre place 12 visiteurs. Le marquage au sol sert au système à repérer les mouvements des participants. Les murs de la pièce ont été recouverts de cloisons et de capteurs. En haut de l'installation, on distingue de nombreux routeurs Wi-Fi qui servent à streamer le contenu 3D dans le casque de l'utilisateur.
La 3D streamée directement dans le casque HTC Vive
Tout est calculé en temps réel, pas dans le casque, mais par des serveurs situés dans une pièce juste à côté. La puissance de calcul est phénoménale puisque chaque casque HTC Vive dispose d'un rack dédié équipé d'une GeForce RTX 4080. Quasiment ce qui se faisait de mieux chez NVIDIA il y a encore l'année dernière.
Résultat, la 3D est fluide et les effets visuels bluffants ; un technicien sur place me confiant en aparté que le DLSS les avait bien aidés à améliorer le rendu par rapport à de précédentes productions VR. De même, si le casque HTC Vive Focus 3 est capable d'afficher une définition de 5K, Frédéric Lecompte, le co-fondateur de BackLight et producteur de cette expérience, m'a confié se laisser une marge technique en downscalant légèrement la définition de l'image. A noter que le Focus 3 s'utilise ici sans ses habituels controller.
Le son est tout aussi immersif (dialogues disponibles en français et en anglais), même dans une salle avec une telle hauteur de plafond et des murs en marbre qui ont forcément tendance à la résonance. Mais pas une seule fois, je n’ai pu entendre le son de mes voisins pendant l'expérience.
Le casque VR HTC Vive Focus 3 qui nous sert d'interface avec le mode virtuel. ©Nicolas Guyot pour Clubic
Des capteurs qui surveillent vos déplacements et mouvements de bras
Le seul moment où mon cerveau a ressenti la supercherie est lors de certains déplacements un peu marqués notamment quand je passais de décor en décor, incité par la jeune chanteuse qui raconte l'histoire derrière chacun des airs interprétés. Quelques rares micro-saccades qui devraient être réglées au moment où vous lirez ces lignes, puisque l'équipe de BackLight va retravailler le contraste du sol pour éviter que les ombres des utilisateurs induisent le système en erreur et l'oblige à surcalculer certains déplacements et mouvements de bras.
Zoom sur les lentilles du casque VR HTC Vive Focus 3 et sur son niveau de batterie. ©Nicolas Guyot pour Clubic
Autre point, le casque est très confortable à porter et ne pose aucun problème même si vous portez des lunettes. Le coussin du visage est remplacé pour être nettoyé avant chaque utilisation, un bon point pour l'hygiène. Et si vous êtes myope, ne faites pas l'erreur comme moi d'enlever vos lunettes, c'est comme dans la vraie vie, vous verrez mal tout ce qui est lointain. Autant vous dire que je les ai vite remises sur le nez et que je suis sorti de cette expérience de réalité virtuelle du Palais Garnier avec un grand sourire aux lèvres.
Une expérience moderne à vivre au sein du Palais Garnier à Paris
Au passage, je souhaiterais tirer mon chapeau au studio BackLight, basé en région parisienne, qui travaille depuis un an et demi sur ce projet entièrement autofinancé. Au-delà de la technologie, ce sont clairement les idées, la créativité et la passion qui rendent cette expérience unique.
Cette immersion unique devrait séduire autant les amateurs d’opéra que les geeks en quête d’innovation ou les familles cherchant une activité originale en plein Paris. Comptez toutefois un budget de 39€ pour vivre ces 20 à 25 minutes dans l’univers féérique de l’Opéra. À 150 ans, le Palais Garnier prouve avec élégance qu’il sait rester résolument moderne.
