Une étude de Greenly révèle l'écart considérable entre ChatGPT-4, extrêmement gourmand en énergie, et son challenger chinois DeepSeek, quant à leur empreinte carbone. Un vrai match écologique, qui comptera à l'avenir.

ChatGPT et DeepSeek ne sont pas sur la même longueur d'onde en matière de consommation énergétique. © Thrive Studios / Shutterstock.com
ChatGPT et DeepSeek ne sont pas sur la même longueur d'onde en matière de consommation énergétique. © Thrive Studios / Shutterstock.com

Alors que l'intelligence artificielle révolutionne notre quotidien, son empreinte écologique est au centre de l'attention. D'après l'étude de Greenly, spécialiste de la comptabilité carbone, dévoilée lundi, les modèles de nouvelle génération, ChatGPT en tête, engloutissent des ressources énergétiques sans précédent.

Ce phénomène s'accélère à mesure que ces technologies se perfectionnent, ce qui crée un paradoxe entre l'innovation d'un côté, et le respect de la planète de l'autre. Sommes-nous prêts à payer le prix environnemental de cette révolution numérique ? Voici quelques chiffres pour vous aider.

ChatGPT-4, un géant aux pieds d'argile écologiques

ChatGPT, le fleuron d'OpenAI, impressionne par ses capacités. Mais son bilan carbone fait frémir les défenseurs de l'environnement. Avec ses 1 800 milliards de paramètres, soit dix fois plus que son prédécesseur, le modèle GPT-4 a multiplié par 20 sa consommation énergétique.

Selon les calculs de Greenly, son utilisation pour répondre à un million d'e-mails mensuels générerait sur une année 7,14 tonnes de CO₂, l'équivalent de 4 300 vols Paris-New York !

L'usage quotidien aggrave encore ce constat. D'après une recherche menée par l'Université Carnegie Mellon avec Hugging Face, une simple requête textuelle consommerait l'équivalent de 16% d'une charge de smartphone. À l'échelle d'une entreprise traitant un million de réponses mensuelles, l'empreinte annuelle grimpe à 514 tonnes de CO₂e, un chiffre qui donne sans doute le vertige aux experts climatiques.

Les fonctionnalités d'image rendent ce bilan encore plus alarmant. Des outils comme DALL-E, qui transforment le texte en images, émettent environ 60 fois plus de carbone que les opérations textuelles. Même les tendances apparemment anodines comme les « Starter Packs » et les visuels inspirés de Ghibli ont un coût environnemental surprenant. Chaque image nécessite 3,5 litres d'eau et l'équivalent énergétique d'une recharge complète de smartphone.

DeepSeek, l'IA chinoise qui veut réconcilier puissance et sobriété

Face au mastodonte énergétique, on retrouve DeepSeek, qui propose une approche différente qui pourrait changer la donne. Le challenger chinois se distingue par son architecture innovante dite Mixture-of-Experts (MoE), qui n'active que les sous-modèles nécessaires pour chaque requête. C'est cette approche ciblée qui lui permet d'économiser des ressources considérables, tout en maintenant des performances comparables aux modèles occidentaux.

Les chiffres témoignent de l'efficacité revendiquée par DeepSeek. Son processus d'entraînement n'aurait nécessité qu'un dixième des heures GPU requises pour Llama 3.1 de Meta, malgré l'utilisation de puces plus récentes par ce dernier. Plus impressionnant encore, DeepSeek s'est appuyé sur seulement 2 000 processeurs NVIDIA H800, contre 25 000 estimés pour ChatGPT-4. Ces puces H800 consomment moins d'énergie que d'autres modèles NVIDIA couramment utilisés.

Les experts tempèrent tout de même cet enthousiasme, en rappelant que ces gains d'efficacité pourraient être rapidement annulés par l'adoption exponentielle de l'IA. Alexis Normand, le PDG et cofondateur de Greenly, pose la question essentielle : « Est-ce que tous les géants de l'IA générative suivront cette voie ou continueront-ils à privilégier la puissance au détriment de l'environnement ? » La réponse déterminera non seulement l'avenir du développement de l'IA, mais aussi sa viabilité écologique à long terme.