Il ne fera pas trembler les vitres ! La NASA dévoile son avion supersonique X-59 à bec de canard

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
15 janvier 2024 à 19h01
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Le cockpit du X-59 est positionné à peu près au milieu du fuselage. Quel nez ! ©  NASA/Steve Freeman
Le cockpit du X-59 est positionné à peu près au milieu du fuselage. Quel nez ! © NASA/Steve Freeman


L'agence américaine a enfin présenté publiquement le Quesst, ou X-59. Un avion de recherche de 33 mètres de long, qui présente un profil impressionnant destiné à réduire, voire même à supprimer les « bangs » supersoniques. De quoi à terme survoler les grandes cités américaines à des vitesses folles ?

La cérémonie officielle avait lieu sur la piste de l'aéroport de Palmdale (Californie), devant les hangars de Lockheed Martin et de son département de la recherche aérospatiale, le Skunk Works. Présenté pour la première fois au complet, avec sa livrée de vol, le X-59 a fière allure. Il est l'aboutissement de près d'une décennie de travail du programme Quesst de la NASA (ne l'oublions pas, le premier A est celui de Aeronautics), et d'un assemblage minutieux pour un appareil de recherche absolument unique. 33 mètres de long, 10 mètres d'envergure, un unique réacteur emprunté à un avion de chasse (le F-18A), le X-59 se distingue surtout par un profil inimitable avec son « nez » aplati comme un bec de canard, qui se prolonge sur presque la moitié de l'appareil. Si imposant d'ailleurs que les pilotes ne disposeront pas de vision directe sur l'avant, une partie de la verrière étant remplacée par des caméras panoramiques 4k, le XVS ou « eXternal Vision System ».

Pas de vue cockpit sur l'avant, mais un grand bec de canard... ©  NASA/Steve Freeman
Pas de vue cockpit sur l'avant, mais un grand bec de canard... © NASA/Steve Freeman

Le X-59 devrait bientôt voler

Si l'exemplaire unique du X-59 a été dévoilé en ce mois de janvier, ce n'est pas que pour montrer la peinture. En effet, l'avion est complet, et en tandem avec Lockheed Martin, la NASA commence ses tests prochainement. D'abord l'électronique embarquée, puis les systèmes de vol dans leur ensemble et les essais moteurs attendus au premier semestre. D'ici l'été ou le début de l'automne, l'agence américaine espère réaliser avec succès les premiers essais de roulage de l'avion au sol, pour valider son comportement avant le vol inaugural, qui est toujours programmé avant la fin de 2024.

Pas question donc de se relâcher pour les équipes maintenant que le X-59 est de sortie ! À terme, l'avion sera capable d'attendre 1500 km/h environ, et naturellement de dépasser le mur du son, qui est l'objectif de ce programme… En effet la forme du X-59 lui permet en théorie d'orienter l'onde de choc produite lors du passage supersonique pour l'atténuer fortement, voir la rendre imperceptible à quelques kilomètres de l'avion.

Le réacteur du chasseur F-18 (qui en embarque deux) n'avait pas été conçu pour être discret... ©  NASA/Steve Freeman
Le réacteur du chasseur F-18 (qui en embarque deux) n'avait pas été conçu pour être discret... © NASA/Steve Freeman

Grâce à son nez (et au reste) on ne l'entend pas

La NASA prévoit, courant 2025 ou lorsqu'elle aura démontré cette capacité à passer « silencieusement » le mur du son, toute une campagne de vol qui emmènera le X-59 proche ou même au-dessus des grandes agglomérations des États-Unis. Si les résultats sont concluants, cela donnera des résultats de travail intéressants pour l'industrie aéronautique.

En effet, les vols commerciaux supersoniques sont actuellement interdits au-dessus des États-Unis (comme au-dessus de nombreuses autres nations) à cause des nuisances sonores et des bangs supersoniques. Le Concorde lui-même n'avait pu exprimer son plein potentiel qu'au-dessus des océans. Plusieurs constructeurs attendent un potentiel feu vert pour mettre en œuvre ce type de technologie au-dessus du continent et réduire les temps de trajets.

Source : NASA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (17)

gothax
Intéressant concept de nez mais l’industrie actuelle et les design des avions commerciaux je ne pense pas qu’ils se prêtent a des vols SuperSonics.<br /> Ces recherches c’est pour dans plusieurs décennies (pour la mise en service…)
Wifi93
Cela ressemble à une étude pour rendre un avion de chasse furtif et silencieux. Ils ont copié sur l’Espadon de Black &amp; Mortimer, rien de plus.
bizbiz
Dire qu’il aura fallu attendre 90 ans pour enfin voir voler… Donald .
pecore
Développer une technologie principalement pour faire du supersonique civil, vraisemblablement des jets privés, quelqu’un n’a pas dû écouter les études des climatologues, visiblement.
Loposo
Avion de recherche, les clients de jet cherche aussi un luxe confort, la c est pas le cas et sera pas.<br /> Mais pour du militaire ou du drone
zalphab
Même business que le concorde… réservé à une élite… ceux qui voyagent en true business class… pays par des sociétés et ou les 3h de vols gagnés justifient largement le prix du billet… mais du super sonique pour les vacances de madame michu, surment pas…
pecore
L’article parle de «&nbsp;vols commerciaux supersoniques&nbsp;» et c’est une déduction logique parce que les avions militaires n’ont pas d’interdiction de survol en vitesse supersonique et que les militaires ne vont surement pas mettre un bec de canard à l’avant de leurs appareils.
cpicchio
Plus rien ne justifie ce gain de temps aujourd’hui entre les jets privés ou l’on peut moduler ses horaires et donc dormir en vol et en parallèle le développement de la visioconférence chiffrée pour limiter les déplacements.<br /> Le vol supersonique commercial restera sûrement l’exclusivité du concorde et c’est très bien pour le prestige de l’ingénierie franco britannique
Remoss
Le monde du business implique encore aujourd’hui de se déplacer pour rencontrer ses clients/partenaires commerciaux. Heureusement la visio permet d’éviter de nombreux voyages, mais elle ne remplacera jamais un vrai contact humain.
Remoss
Peut être, mais leur recherche avance, les applications qui en découleront seront énormes
cpicchio
Ben oui… évidemment mais la nécessité de faire des Paris - NYC (la principale destination du Concorde) en 3 heures 30 appartient au passé.<br /> Sans compter qu’avec les Jets privés, on gagne énormément en flexibilité et temps d’embarquement / débarquement et que l’on peut dormir dans de très bonnes conditions ou travailler en équipe (ce qui n’est pas possible dans un supersonique vu la place limitée et le manque de confidentialité).<br /> Sans compter un rayon d’action supérieur avec des possibilités de changement de destinations.
cpicchio
Pour faire pas mal de voyages professionnels (et pourtant dans de bonnes conditions en Business), à la longue, on apprécie de ne pas toujours être en déplacement avec des séances en visio.<br /> Donc pas seulement un amusement d’ingénieurs quand on trouve le point d’équilibre (comme toujours).
Guy3166
@bizbiz<br /> il y a 1 jour<br /> Dire qu’il aura fallu attendre 90 ans pour enfin voir voler… Donald<br /> Il ne lui manque que la moumoute jaune.
bmustang
cet avion n’aura jamais de voccation pour des vols commerciaux, militaire à coup sûr
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