À La Seyne-sur-Mer, Orange a fêté vendredi la naissance du Sophie Germain, un nouveau bateau, concentré de technologies, capable de réparer différents types de câbles sous-marins. Clubic était sur place.

Alors que le Raymond Croze, un bateau lancé en 1983, a tiré sa révérence, le voilà qu’il est remplacé par le Sophie Germain, navire dédié à la réparation de câbles sous-marins, nommé ainsi en l’honneur de la mathématicienne française disparue en 1831. Ce nouveau navire, prouesse technologique, a été inauguré ce vendredi 22 septembre du côté de La Seyne-sur-Mer, son port d’attache, en présence de la directrice générale du groupe Orange, Christel Heydemann, et de Didier Dillard, président d’Orange Marine.

Orange Marine, l'une des références mondiales des câbles sous-marins

Avec ce nouveau navire, le 7e de la flotte d’Orange Marine, qui pèse déjà pour 15 % de la flotte mondiale en la matière, l’entreprise s’affirme comme l’un des 3 ou 4 acteurs mondiaux majeurs de l’installation et de la réparation de câbles. L’opérateur a déjà installé 260 000 kilomètres de câbles de fibre optique en ayant notamment installé la partie méditerranéenne du gigantesque 2Africa, le plus long câble du monde, pour le compte de Meta, la maison-mère de Facebook.

Ce câble reliera d’ailleurs l’Europe, le Moyen-Orient et 16 pays africains. Et ces câbles sous-marins ont une importance aujourd’hui déterminante dans notre paysage ultra-connecté actuel, comme nous le dit la patronne d’Orange, Christel Heydemann :

« Quand on utilise son téléphone et qu’on va sur YouTube ou X.com, on ne se rend pas compte que lorsqu'on cherche une information, que l'on regarde une vidéo hébergée sur un serveur aux États-Unis, en Afrique ou que l'on veut appeler des gens partout dans le monde, on passe par des câbles sous-marins. 99 % du trafic international passent par ces câbles. On a donc besoin de ces infrastructures clés. Dès qu’un câble perd en performance, c’est le service rendu qui ralentit, et on le voit tout de suite quand on est utilisateur. La maintenance des câbles est ainsi clé. Orange Marine et la France sont de grands acteurs mondiaux, portés notamment par des villes comme Marseille, 7e hub mondial de l'échange de données. Nous sommes fiers de ce nouveau navire, qui va remplacer un vieux bateau et qui s’inscrit dans la continuité de notre mission chez Orange ».

Christel Heydemann, patronne du groupe Orange © Alexandre Boero pour Clubic
Christel Heydemann, patronne du groupe Orange © Alexandre Boero pour Clubic

À quoi va servir le Sophie Germain ?

Avec ses 100 mètres de long, le navire pourra intervenir sur n’importe quel câble sous-marin ayant besoin d’être réparé, que ce soit en mer Méditerranée, en mer Rouge, ou en mer Noire. Le tout, avec l'engagement de quitter sa position et de se préparer pour l'intervention en moins de 24 heures, peu importe la météo. Le bateau présente l’avantage d’embarquer tous les types de câbles, ce qui justifie sa rapidité d’intervention.

À l’intérieur, on retrouve un concentré de technologies, difficile de le dire autrement. La soudeuse de câbles de fibre optique par exemple, permet de réparer un câble abîmé en pleine mer. Rappelons qu'un câble de fibre optique peut aujourd'hui contenir 24 paires de fibres, soit 48 fibres au total, de 25 microns de diamètre chacune. Le processus de remise en état d’une fibre, qui doit passer par l’étape du moulage, qui garantit l’étanchéité électrique du câble, peut prendre jusqu’à 24 heures. Coût de la machine, de la taille d’un grille-pain : 160 000 euros.

Cette petite machine est en train de souder deux morceaux de fibre optique © Alexandre Boero
Cette petite machine est en train de souder deux morceaux de fibre optique © Alexandre Boero

Des câbles gigantesques sont enroulés dans plusieurs cuves où se côtoient câbles télécoms et câbles… d’énergie. Car oui, le Sophie Germain sera ultra polyvalent et pourra aussi travailler sur des câbles de moyenne tension, qui relieront notamment les éoliennes off-shore (dont les pales ne semblent pas être un danger pour les oiseaux). Ces derniers sont « enroulés » autour de cuves tournantes, qui permettent de protéger les câbles énergétiques, par définition beaucoup moins souples que les câbles de fibre optique. Et tous ces câbles sont tirés… à la main, oui. La technologie qui permet d’automatiser le processus n’a pas encore été inventée !

Un robot sous-marin impressionnant !

Mais le vrai trésor du Sophie Germain, c’est son ROV Alpha, un robot sous-marin de dernière génération, équipé de sonars, caméras et détecteurs de métaux. À l’aide de ses 450 kW de puissance, ce robot de 6 mètres de long et 12 tonnes sur la balance peut protéger le câble, le soulever avec son bras manipulateur, le couper grâce à sa guillotine, puis en enfouir un nouveau jusqu’à 2,5 à 3 m. Le tout, en intervenant jusqu’à 3 000 mètres de profondeur. C’est d’ailleurs en Provence, à Fuveau, qu’il a été conçu et fabriqué. Coût du ROV : 6 millions d’euros. La technologie de pointe a un prix.

Le ROV Alpha d'Orange © Alexandre Boero pour Clubic

À son bord, le Sophie Germain peut embarquer jusqu’à 76 personnes, qui feront vivre ce nouveau fleuron de la flotte d’Orange Marine, capable de pivoter à 360° grâce à ses 2 hélices, et qui se repère en mer grâce à des satellites GPS, avec une précision qui l'amène à retrouver un câble à quelques mètres près. Les cartes, elles, sont numériques. Les cartes en version papier disparaîtront de la circulation en 2026.

Petit plus enfin, le bateau fait en sorte de répondre au mieux aux enjeux environnementaux. Sa part d’émissions de CO2 et d’oxyde d’azote sera 25 % plus faible que celle émise par un câblier traditionnel en partie grâce à ses batteries, qui peuvent servir en complément des moteurs, batteries qui pourront être alimentées par les panneaux solaires installés sur le toit du bâtiment d’Orange Marine, à La Seyne-sur-Mer. Souhaitons une longue vie au Sophie Germain, une prouesse technologique au service de la connectivité.