Jean-Bernard SCHMIDT : « Sofinnova Partners gère aujourd'hui 550 millions d’euros »

21 mars 2002 à 00h00
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PU - Monsieur Jean-Bernard SCHMIDT, bonjour. En quelques mots, pourriez-vous présenter votre parcours ainsi que la société Sofinnova Partners ?

JBS - J'ai rejoint Sofinnova dès 1974, peu après sa création. De 1981 à 1987, j'ai géré les fonds de Sofinnova à San Francisco, où j'ai participé à de nombreux investissements dans les 2 domaines des Technologies de l'Information et des Sciences de la Vie. C'est après mon retour à Paris en 1987 et à partir de l'expérience acquise dans la Silicon Valley que Sofinnova s'est concentrée sur les créations et entreprises jeunes dans ces 2 domaines, ce qu'elle continue à faire aujourd'hui.

Sofinnova Partners est la société de gestion créée par l'équipe en 1997 à l'occasion de la reprise de l'activité de Sofinnova en Europe. Sofinnova Partners gère aujourd'hui 550 millions d' Euros de capitaux. La partie américaine a, quant à elle, été reprise par l'équipe de San Francisco animée par Alain Azan au sein de Sofinnova Ventures. Celle-ci gère près de $ 500 M. Nous sommes aujourd'hui 2 sociétés sœurs avec des liens étroits et partageant les mêmes objectifs.

PU - A quel stade intervenez-vous et sur quelles zones géographiques ?

JBS - Nos investissements sont faits quasi exclusivement dans des créations d'entreprises, des entreprises encore jeunes, voire dans l'amorçage (2 à 3 cas par an). Géographiquement, nous investissons 50% en France, 35% dans les autres pays d'Europe et 15% aux Etats-Unis (le plus souvent mais pas exclusivement avec Sofinnova Ventures).

PU - Y a-t-il une cohérence ou plutôt une spécialisation dans vos investissements ? Pouvez-vous présenter votre portefeuille d'activité ?

JBS - La spécialisation est clairement dans la création d'entreprises, où l'expérience accumulée est maintenant importante, à travers les cycles économiques et les cycles technologiques.
La cohérence est plutôt dans la répartition des risques: autant nous sommes prêts à prendre des risques individuels très forts (à l'amorçage ou à la création), autant il importe, pour assurer une rentabilité à nos investisseurs, de gérer ces risques: répartition sur 2 secteurs-clés, qui ont des caractéristiques différentes et complémentaires, répartition géographique, répartition des investissements sur plusieurs années.

Nous avons aujourd'hui près de 60 entreprises en portefeuille, réparties à peu près également entre les Technologies de l'Information et les Sciences de la Vie.
(ndlr : notamment Volubill, 6Wind, E-Mail Vision, Cril Telecom Software, LetsBuyIt.com, Cytale, Quescom, Avaki, Cellzome, Neurotech, Neuro 3D, Genset...)

PU - A combien s'élève votre fonds ? Peut-on parler de sa rentabilité ?

JBS - Nous investissons actuellement le fonds Sofinnova Capital IV, fonds de 330 M Euros, levé en Mars 2001. Il a fait à ce jour 14 investissements nouveaux. Il est bien sûr trop tôt pour parler de rentabilité.

PU - L'année 2001 a été marquée par une baisse des investissements en capital risque ? Comment analysez-vous cette situation ? Qu'en a-t-il été pour Sofinnova Partners ?

JBS - Les investissements en capital risque ont baissé globalement de l'ordre de 50% en 2001 par rapport aux sommets atteints en 2000. La cause majeure est évidemment l'effondrement de l'Internet et des Télécoms, combiné à un ralentissement de l'économie. Beaucoup d'investisseurs ont été sévèrement atteints, se sont retirés ou restent encore tétanisés.

Pour notre part, nous avons continué à chercher activement des investissements nouveaux: dans les Sciences de la Vie, secteur au total peu touché et toujours riche en nouveaux projets, et dans les Technologies de l'Information, dans des niches plutôt préservées de la conjoncture économique ou des start-up technologiques pures. Au total, nous aurons investi en 2001 46 M Euros, soit près de 20% de plus qu'en 2000.

PU - Après avoir investi dans l'Internet pur, on ne parle plus que de mobilité, haut débit, biotechnologies... Y a-t-il de phénomènes de modes dans les investissements ?

JBS - Parlons plutôt de vagues technologiques que de "modes". A ce titre l'Internet et les Télécoms auront été des moteurs exceptionnels d'investissements, et nous avons besoin de tels moteurs pour promouvoir l'innovation et la croissance des entreprises de technologies. Les 2 vont repartir et retrouveront leur potentiel, mais on sait aujourd'hui que cela prendra du temps et de l'argent.

PU - Le phénomène « Start-up » existe-t-il encore en 2002 ?

JBS - Bien sûr, il en existe encore (et la qualité des équipes ne fait qu'augmenter), même si ce n'est plus la profusion des années 1999 et 2000. Je pense d'ailleurs que c'est un acquis de ces années, d'avoir marqué l'arrivée de la France dans la culture "start-up".

PU - Comment envisagez-vous les mois à venir pour les investissements en capital risque ?

JBS - Beaucoup dépendra de l'évolution de l'économie : nous avons besoin d'une économie en croissance, où les budgets d'investissements augmentent, où les cycles de décision raccourcissent. Cela devrait se produire vers la fin de l'année, avec correlativement une reprise de la bourse et des introductions en bourse.
Les investissement en capital risque devraient alors reprendre la progression régulière qu'ils avaient connue dans la fin des années 90.

PU - Et quels seront vos prochains investissements ? ou axes de développement ?

JBS - Dans les Sciences de la Vie, les développements de molécules dans les grands domaines thérapeutiques. Dans les Technologies de l'Information, les technologies qui viendront demain sur le marché: le grid computing, l'IPv6, le Gigabit Ethernet.

PU - Monsieur Jean-Bernard SCHMIDT, je vous remercie.

Propos recueillis par Pascale ULMO

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