Cyril FIEVET : QUELM, Producteur & éditeur de contenu sur internet

25 mars 2000 à 00h00
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QUELM est une société d'édition électronique et de production de contenus originaux spécialisée sur Internet, créée en avril 1995. Son objectif est de devenir un "groupe de presse virtuel" et une société de production de contenus en ligne à l'instar du

JB - Tout d'abord, Monsieur Fiévet, je vous remercie d'avoir accepté de participer à cet entretien. Quelm est actuellement engagée dans la voie de la production de contenu. Pensez vous être parti trop tôt ou, au contraire, que ce rôle pionnier est une force?

CF - Quelm a démarré en avril 95, avec le lancement de Cybersphere, premier magazine d'information du Web francophone. C'est clair, nous sommes partis trop tôt. Compte tenu de l'effervescence qui régnait déjà à cette époque aux États-Unis, nous avions misé sur un décollage d'Internet en France en 96. En réalité, nous avons essuyé les plâtres, personne ne comprenant rien à notre discours et à Internet en général. Néanmoins, le fait de démarrer très tôt nous a permis d'acquérir une vraie légitimité, de tester de nombreux mécanismes liés à la diffusion d'informations en ligne, et d'apprendre notre métier. C'est un "plus" aujourd'hui, auquel sont très sensibles les entreprises.

JB - Votre partenariat avec Lotus vous apporte certains moyens financiers, mais cela ne risque t'il pas de faire passer vos sites pour de simples publicités géantes pour le constructeur américain? Pensez vous que ce type de collaboration préfigure le développement d'une future économie du troc sur Internet?

CF - Lotus a été le sponsor du site technoSphere pendant environ un an. Cela n'a absolument pas eu d'impact sur la qualité éditoriale du site. Du reste, nos sponsors signent avec nous un contrat en bonne et due forme, spécifiant leur engagement à ne pas intervenir, d'aucune manière, sur le contenu éditorial. Du reste, technoSphere parle moins des produits Lotus que de ceux de ses principaux concurrents. Cette problématique de la crédibilité de l'information, qui me tient particulièrement à cœur, n'est d'ailleurs pas propre a Internet, loin s'en faut. Comme chacun sait, l'immense majorité de la presse ne vit que par la publicité (qui représente 50% des revenus de la PQR, par exemple). C'est en particulier le cas pour la presse informatique.

JB - Sur Technosphère, votre ambition est de produire du contenu à l'intention des webmestres francophones. Cette cible vous parait elle suffisante pour assurer l'audience du site?

CF - C'est un vrai problème. Le public français, qui reste faible compare à nos voisins européens, sans parler des États-Unis, est un peu limité pour rentabiliser des titres en langue française uniquement. Or la traduction en langue étrangère coûte extrêmement cher, et les quantités de contenus incroyables qui existent aux États-Unis rendent très difficile la pénétration de ce marché. Ceci dit, l'envol du marché publicitaire et l'augmentation importante du nombre de connectés français vont assurément simplifier les choses.

JB - Imaginez vous l'ouverture de Technosphère au monde de la télévision?

CF - Non, car c'est un titre relativement technique et que le contenu se prête mal à une exploitation télévisuelle. En revanche, nous réfléchissons au lancement d'autres titres, avec une approche convergente multi-supports.

JB - D'après vos statistiques, Technosphère reçoit 15000 "lecteurs" par mois. Quelle est votre stratégie pour fidéliser ce lectorat et connaissez vous la proportion d'internautes redondants dans vos chiffres?

CF - La fidélisation s'effectue principalement par la qualité du contenu proposé ! A partir du moment où un site informe régulièrement et apporte un vrai service à valeur ajoutée, les visiteurs reviennent. Nous avons également mis en place un dispositif de push email qui permet de s'abonner gratuitement et de recevoir des actualités quotidiennes en fonction des centres d'intérêt. Cela ne génère pas forcement du trafic sur le site, mais participe à la fidélisation autour de la "marque" technoSphere.

JB - Hormis le mécénat, et depuis l'abandon de l'abonnement, la publicité est votre seule ressource. Votre collaborateur, Thierry Piolatto, estime qu'il faut au minimum deux cent mille pages visitées par mois pour prétendre accueillir de la publicité. Pensez vous que cette logique de seuil est adaptée au web ou, au contraire, que la mise en place d'un simple bandeau publicitaire est pertinente dès le premier visiteur?

CF - Dans ce domaine, ce ne sont pas les éditeurs qui décident, mais les annonceurs et surtout leurs régies publicitaires. Ces dernières considèrent en général qu'un site devient intéressant à 200.000 pages vues, voire plus. Cela peut-être moins, dans le cas d'un ultra-ciblage. Je n'ai pas vraiment d'opinion sur la notion de seuil, mais je comprend qu'elle s'impose dans la cadre de l'organisation de campagnes publicitaires qui supposent une audience minimale.

JB - A quel modèle économique estimez vous appartenir?

CF - Le même que celui de la radio (et de la plupart des autres sites Web) : sponsoring et publicité finançant du contenu gratuit. Ce modèle peut aussi être complète par une couche "commerce électronique", en associant une boutique virtuelle a un contenu éditorial. C'est le cas sur un de nos sites, GAMELOG, qui fournit énormément d'information sur les Jeux Vidéo (actualités, tests, previews, etc), et en plus propose une boutique qui permet d'acheter les CD en ligne.

JB - L'un de vos axes de développement semble être l'alimentation en contenu des intranets professionnels. Avez vous une estimation de ce marché à moyen terme? Quelle part de votre CA estimez-vous pouvoir atteindre avec cette activité?

CF - Il nous semble clair qu'une part importante du marché se trouve sur les Intranets. Du reste, ces sites particuliers nécessitent forcément une démarche orientée contenu, destinée à fournir aux collaborateurs d'une entreprise une information précise et bien adaptée à leur besoin. Nous ne communiquons pas pour l'instant sur la répartition de notre CA.

JB - Une entreprise doit -elle faire ses preuves sur le web avant de pouvoir s'attaquer au marché des intranets?

CF - A priori oui. Avant de prétendre vouloir aider une entreprise dans une démarche de mise en place de sites d'information (Intranet ou Web), il peut être bon d'en avoir crée soi-même. C'est une simple question de légitimité. Et c'est un véritable métier, parfois très complexe, qui ne s'improvise pas.

JB - Entre l'édition, la production déléguée et le conseil opérationnel, quel est celui de vos métiers auquel vous promettez le plus de succès?

CF - Ces trois activités très complémentaires sont toutes vouées à un très bel avenir (sans quoi nous ne les aurions pas choisi ;-), mais pas au même moment. A court terme, le consulting opérationnel va connaître une forte progression. Mais à moyen ou long terme, ce sont ceux qui aurons su prendre des risques sur le marche de l'édition en ligne, activité difficile à rentabiliser aujourd'hui, qui en tireront les fruits. C'est la raison pour laquelle nous continuons dans cette voie, en la renforçant de surcroît, par le lancement d'un grand nombre de nouveaux sites en 99.

JB - Enfin, pensez vous faire appel aux marchés pour assurer votre financement futur?

CF - En effet. quelm ouvrira son capital en 2000.

JB - Monsieur Féviet, je vous remercie.
Entretien réalisé en février 99 par Jérôme Bouteiller
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