Patrick Drahi a bien lancé la vente de SFR. Free et Bouygues Telecom réfléchissent déjà au partage de l'opérateur et de ses nombreux abonnés, pour consolider le marché français des télécoms.

Le processus de vente de SFR a officiellement débuté. Alors que Patrick Drahi active discrètement le dossier en ayant remis les éléments financiers de 2024 de la marque au carré rouge à Free et Bouygues Telecom, ces deux derniers opérateurs s'organisent déjà pour se répartir les 26 millions d'abonnés et les infrastructures de leur concurrent. Orange, l'opérateur historique, n'espère pas grand-chose de la vente de SFR, puisque contraint par sa position de leader du marché.
Patrick Drahi active la vente de SFR
Patrick Drahi a franchi le Rubicon il y a quelques jours en transmettant les données financières détaillées de SFR pour l'an dernier aux prétendants. Selon BFMTV, l'homme d'affaires espère décrocher 23 milliards d'euros pour son opérateur, dette comprise, ce qui lui rapporterait environ 4 milliards nets grâce à sa participation majoritaire de 55%. Un pactole non négligeable, pour celui qui cherche à sortir du marasme financier d'Altice France.
Orange, forcément intéressé par l'opportunité que représente SFR, restera sur la touche par la force des choses. Sa directrice générale, Christel Heydemann, a d'ailleurs admis que l'opérateur historique ne pourra pas être « à la manœuvre », en raison de sa position dominante sur le marché. Un aveu qui laisse le champ libre à ses deux concurrents plus modestes.
Le timing s'accélère en tout cas pour Patrick Drahi, qui espère un accord avant fin 2025. Car derrière les tableurs Excel et les due diligences (l'audit juridique), c'est toute une industrie qui retient son souffle face à cette recomposition majeure du paysage concurrentiel hexagonal.
03 juillet 2025 à 15h19
Free et Bouygues se disputent les 26 millions d'abonnés SFR
La répartition des 20 millions d'abonnés mobile de SFR s'annonce épineuse. Bouygues Télécom part avec un avantage, puisque l'opérateur partage déjà 15 000 antennes avec SFR, via leur coentreprise Crozon depuis une décennie. On ne sait pas à ce stade si la récupération déjà actée depuis l'an dernier de La Poste Mobile par Bouygues Telecom sera un avantage ou non pour la filiale du groupe de BTP. Comme le souligne Le Monde, la logique voudrait qu'il récupère les 50% restants du réseau, quitte à doubler ses coûts pour 200 à 300 millions d'euros supplémentaires.
Free miserait plutôt sur SFR Business, la branche entreprises qui génère 400 millions d'euros de marges annuelles. L'opérateur de Xavier Niel y voit l'occasion rêvée de rattraper son retard sur ce marché lucratif où sa division Free Pro, lancée en 2021, peine encore à s'imposer face aux mastodontes Orange et SFR.
C'est plutôt sur les 6 millions d'abonnés Internet fixe que la bataille promet d'être la plus rude. Bouygues Télécom lorgne sur cette clientèle pour étoffer son portefeuille, tandis que Free espère consolider sa position de challenger face à Orange. Un enjeu de taille, quand on sait que l'Autorité de la concurrence veillera à éviter qu'aucun acteur ne dépasse 40% de parts de marché.