Altice a placé SFR en vente sur le marché des télécoms, pour alléger un peu plus sa dette. Bouygues et Free, en embuscade, prépareraient déjà leurs offres. Mais une cession ne serait peut-être pas bénéfique pour les consommateurs.

SFR, en vente, est forcément très convoité © sylv1rob1 / Shutterstock.com
SFR, en vente, est forcément très convoité © sylv1rob1 / Shutterstock.com

Le géant des télécoms français, SFR, se prépare à changer de mains. Après avoir lâché La Poste Mobile et ses 2,3 millions de clients à Bouygues Telecom l'an dernier, Patrick Drahi, le fondateur d'Altice et actionnaire majoritaire à 55%, cherche à se débarrasser de son opérateur mobile phare, pour restructurer une dette devenue insoutenable.

Parmi les repreneurs, on retrouve deux prétendants de poids : Martin Bouygues, justement, et Xavier Niel, respectivement patrons de Bouygues Telecom et Free, qui voient dans ce rachat une opportunité stratégique majeure. Les consommateurs, eux, pourraient être les pardants du futur deal.

Bouygues et Free, duel au sommet pour racheter SFR

L'équation est simple pour Altice, qui croule sous des milliards d'euros de dette, dont autour de 20 milliards pour sa seule branche française, même si Patrick Drahi a su revoir à la baisse sa facture en renégociant avec ses créanciers en début d'année. SFR, autrefois joyau de la couronne, est hélas devenu un boulet avec ses 15,5 milliards d'endettement, qui entravent toute possibilité d'investissement significatif et d'innovation. On pense ici au retard cumulé sur la partie box internet, par exemple.

Pour Patrick Drahi, cette vente n'est pas qu'une solution d'urgence. C'est aussiune manœuvre financière calculée. Selon La Lettre de l'Expansion, la transaction pourrait lui rapporter jusqu'à 5 milliards d'euros, une enveloppe qui paraît faible, mais qui reste providentielle pour un groupe au bord de l'asphyxie financière. Et quoi de mieux qu'une guerre d'enchères entre deux concurrents déterminés pour maximiser le prix ?

Les motivations des acheteurs potentiels divergent. Bouygues Telecom, conseillé par la banque Rothschild, vise la taille critique nécessaire pour enfin tenir tête à Orange sur le marché hexagonal, après avoir déjà récupéré La Poste Mobile.

Quant à Free, plus offensif dans son approche, on imagine le groupe Iliad rêver d'une consolidation qui dépasserait les frontières françaises pour créer un groupe transnational européen. On rappelle que l'entreprise de Xavier Niel est déjà devenue, en nombre d'abonnés, le cinquième opérateur du Vieux continent. Elle compte aujourd'hui plus de 50 millions de clients. Orange et des groupes du Moyen-Orient pourraient aussi s'intéresser au cas de SFR.

Les prix des forfaits mobiles et box internet partis pour flamber ?

Cette bataille autour de SFR ne se fera pas sans arbitre. Avec 19 millions d'abonnés sur mobile et 6 millions sur le fixe, les enjeux sont colossaux. Si Bouygues l'emporte, l'Autorité de la concurrence française examinera minutieusement la transaction. Dans le cas d'une victoire d'Iliad (Free), c'est la Commission européenne qui prendra le relais. Dans les deux cas, les régulateurs s'inquiéteront des conséquences sur la concurrence et les tarifs.

Pour le consommateur français, une vente de SFR à un autre opérateur télécom hexagonal pourrait avoir des conséquences plutôt néfastes. Car la force de la France, c'est justement cette concurrence acharnée entre quatre opérateurs qui appartiennent à des personnes ou des groupes qui n'ont pas de réel lien entre eux.

Après des années de guerre des prix initiée par l'arrivée fracassante de Free sur le marché du mobile en 2012, la concentration du marché pourrait annoncer la fin de l'ère des forfaits mobiles à prix cassés. Un retour de balancier qui pourrait faire mal au portefeuille.