Live Japon : plus vite et mieux !

13 septembre 2008 à 00h01
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Ceux d'entre vous qui sont déjà venus au Japon l'ont sans doute remarqué (et ce dès l'arrivée à l'aéroport), les Nippons sont des champions de l'organisation, d'une ponctualité inégalée et d'une rapidité à couper le souffle. Cette aptitude, quasi obsessionnelle, les conduit à développer d'innombrables outils de gestion de flux de marchandises. L'auteur de ces lignes avait déjà observé l'expertise des Japonais en la matière, dans une vie antérieure, en exploitant des robots de diffusion dans des régies de chaîne de télévision.

Ces machines, en l'occurrence des LMS de Sony à l'époque, manipulaient les cassettes Bêta avec une précision d'orfèvre et une célérité qui ne laissaient pas de surprendre. A une autre échelle, des appareillages similaires pour déplacer des cartons et bacs bourrés de marchandises étaient donnés à voir cette semaine à Tokyo, au salon Logis-Tech. Preuve que les entreprises japonaises accordent une importance majeure à la logistique, cet événement professionnel a accueilli quelque 140.000 visiteurs en quatre jours. Tout aussi étonnant est le nombre d'exposants nippons qui conçoivent des engins de manutention et les composants afférents.

Le spectacle offert par certains équipements gigantesques destinés à œuvrer dans les usines et entrepôts est proprement époustouflant. On pense notamment aux sortes de rails qui véhiculent et trient des produits de différentes natures pour remplir des cartons en fonction de commandes gérées par informatique. On songe aussi aux manipulateurs montés sur rails verticaux qui vont chercher dans des rayons longs de plusieurs dizaines de mètres et situés à dix mètres de hauteur de lourds caissons. Certains sont capables de faire ce boulot de titan dans des entrepôts où la température avoisine les -25 degrés Celsius. Avouez que ce genre de travail n'est nullement passionnant ni gratifiant pour un humain.

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Que des automates s'en occupent partiellement, de jour comme de nuit, libère l'homme de tâches harassantes et dangereuses, qu'il n'est en outre pas capable de faire de façon aussi rapide dans des conditions aussi rudes. Parmi les fournisseurs de ce type de technologies (qui se différentient des bras robotisés qu'on a déjà présentés ici), l'un de ceux qui ont le plus retenu notre attention se nomme Hokusho. Il conçoit divers systèmes pour déplacer des caissons. Exemple, le "Vertilator" qui peut hisser des cartons de 20 kilogrammes à dix mètres de hauteur pour les faire passer d'un tapis roulant situé à point A d'une chaîne logistique à un autre placé à un point B, et ce sans fatiguer, à raison de 2000 exemplaires par heure. Un homme peut-il en faire autant ? Le lui demander ne serait-il pas inhumain ?

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Autre exemple, le "Mini-Perfe". Lui transporte des produits à l'unité (de 2 kg maximum) sur une hauteur de 2 ou 4 mètres à une cadence horaire de 4500 pièces. Un autre déplace jusqu'à une hauteur de 28 mètres des cartons de 30 kg avec des pointes de vitesse de 300 mètres par minute. Plus étonnant encore est l'Autolator, une sorte de monte charge increvable qui fait sans arrêt des allers-retours entre deux portions d'une chaîne logistique, distantes de 40 mètres à la verticale, avec sur le dos des caissons de 15 kg à ... 2 tonnes. De plus, selon Hokusho, ces engins sont économes en électricité, emmagasinant l'énergie générée lors de la descente (qui résulte naturellement de l'attraction terrestre) pour l'utiliser comme force d'entraînement des moteurs lors de la montée.

Intrigants également sont les « Wave sorter » de Daiichi Kogyo, des équipements qui permettent de faire bifurquer automatiquement en fonction de leur nature des marchandises défilant en vrac sur des systèmes de déplacement ultra-rapides à 90 mètres par minute. Ces mécanismes d'aiguillages, situés à des carrefours entre deux voies, sont capables d'orienter 120 produits à la minute. Autre engin troublant : un énorme appareil de lecture de codes à barres en une ou deux dimensions qui scanne simultanément jusqu'à 50 codes unidimensionnels sur un même produit, et ce pour dix exemplaires scrutés par seconde. Autant dire que ça dépote et que, là encore, l'homme est incapable de rivaliser. Par contre, il a fallu du monde et des investissements massifs pour pondre un tel engin truffé de technologies de pointe. Puisqu'on évoque les codes à barres, mentionnons au passage une machine sacrément rigolote qui colle des étiquettes à une vitesse folle au passage de cartons sur un tapis roulant, en les bombardant à distance grâce à un système d'air pulsé.
Passons cette fois sur tous les systèmes à basés sur l'identification par radiofréquences (RFID), nous aurons ultérieurement l'occasion d'y revenir en détail.

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Si les Japonais sont si doués dans la conception de tous les dispositifs logistiques, c'est non seulement qu'ils sont obnubilés par le respect des délais et la recherche de l'efficacité maximum, mais aussi parce qu'ils comptent un nombre incroyable de firmes qui conçoivent des capteurs, micro-moteurs, rails, chaînes et autres composants indispensables. Ils imaginent des appareils et les peaufinent sans arrêt en observant la manière dont l'homme s'y prend, afin de reproduire artificiellement sa dextérité tout en surpassant ses capacités en termes de vitesse.

L'une des plus belles illustrations de ce pragmatisme se trouve dans le robot à deux bras "Motoman" de Yaskawa, un ouvrier qui vide des caisses de vêtements ou autres produits avec une gestuelle humaine quasi-parfaite, s'appliquant inlassablement à saisir chaque caisse, à en extraire le contenu puis à la replier une fois vidée avant de la poser à l'emplacement voulu. Sidérant. « Et il peut faire cela sans râler 24 heures sur 24 », précise un ingénieur de Hokusho firme qui a embauché Motoman pour compléter ses propres systèmes de gestion de marchandises.

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Moins proche de l'humain mais astucieux et bien utile est le Lapi de Hitachi, un petit chariot intelligent qui peut par exemple transbahuter d'un bureau à un autre, de façon autonome, un carton de documents, en se déplaçant seul dans les couloirs d'une entreprise. Stagiaire dévoué, il est aussi très respectueux, s'effaçant devant un humain pour lui céder le passage et évitant adroitement les obstacles apparaissant sur son chemin de façon inopinée. Il peut aussi classer des archives. Autre innovation intéressante, un outil destiné aux personnes qui sont chargées de puiser différents produits dans des stocks pour remplir des cartons destinés à des commandes. Au lieu de suivre une liste écrite et de scanner des codes à barres pour confirmer que chaque article a bien été pris, avec ce dispositif, elles écoutent les instructions émises par un assistant numérique et y répondent vocalement : « prenez tel objet », « voilà, c'est fait, au suivant ».

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La logistique ne s'arrêtant pas aux chaînes automatiques à l'intérieur des usines et entrepôts, le salon Logis-Tech présentait aussi d'autres équipements de manutention comme des chariots élévateurs qui eux aussi se veulent high-tech et écolos. Exemple avec Komatsu qui a créé le premier véhicule hybride du genre, lequel est silencieux et non polluant, à la grande satisfaction des conducteurs. Pour les transporteurs, maillons essentiels dans le traitement logistique, étaient présentés différents systèmes pour mieux suivre et contrôler les poids lourds.

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Outre les dispositifs de localisation de flottes de véhicules, on remarquait des enregistreurs vidéo qui permettent d'analyser la conduite et de repérer immédiatement et automatiquement les anomalies (freinage brutal, changement brusque de direction, etc.) dans une séquence filmée en continu avec une caméra orientée vers la route. Denso, société affiliée au groupe Toyota, est à la pointe dans ce domaine qui ne suscite pas au Japon la bronca de syndicats de routiers, et ce pour des raisons socio-culturelles qu'il serait trop long d'expliquer ici. Stop. On arrête là pour cette semaine.

Soit dit en passant, si vous voulez en savoir plus sur les raisons pour lesquelles les Nippons ne réagissent pas comme les Français face aux technologies de ce type ou d'autres, l'auteur vous recommande la lecture de l'ouvrage « Les Japonais » (éditions Tallandier, en vente le 18 septembre, et rédigé par ses soins), un ouvrage où les techniques sont certes très présentes mais replacées dans le contexte historique, culturel, géographique, politique, sociologique et économique du Japon, ce qui explique ces différences de comportement.

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