Virgin Galactic rate un vol suborbital et fluctue en bourse

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
15 décembre 2020 à 09h13
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Décollage de l'avion porteur VMS-Eve avec l'avion fusée VSS Unity sous son aile. Crédits Virgin Galactic
Décollage de l'avion porteur VMS-Eve avec l'avion fusée VSS Unity sous son aile. Crédits Virgin Galactic

Pour son premier essai de parabole à plus de 80 km d'altitude depuis le Nouveau Mexique, le petit avion fusée VSS Unity a raté le coche. Une panne d'un ordinateur de bord a stoppé la mise à feu du moteur lors de son largage. Heureusement, il a pu revenir se poser en planant, ses pilotes aux commandes.

Le titre Virgin Galactic perdait presque 20 % à l'ouverture de la Bourse…

Pas très galactique

Repoussé de plusieurs semaines à cause de la crise sanitaire au Nouveau Mexique, puis d'une journée supplémentaire à cause de vents en haute altitude, le nouveau test suborbital du petit avion fusée VSS Unity était très attendu. Pensez-donc, 22 mois se sont écoulés depuis février 2019, le dernier vol réussi de l'appareil !

Un incroyable fossé dans l'agenda de la mise en service commerciale, que Virgin Galactic explique par le travail sur l'intérieur de la cabine, quelques « réglages » techniques et le transfert de toutes les opérations liées à l'avion sur le SpacePort America (les essais étaient auparavant menés depuis l'aéroport de Mojave en Californie). Après deux tests de largage et de retour en vol plané, le 1er mai et le 25 juin dernier, cet essai était donc le premier qui visait à passer à nouveau la frontière des 80 km d'altitude en 2020.

Le très bel intérieur de la cabine du VSS Unity n'aura pas été très exploité en 2020. Crédits Virgin Galactic
Le très bel intérieur de la cabine du VSS Unity n'aura pas été très exploité en 2020. Crédits Virgin Galactic

Voulez-vous redémarrer le système ?

Le décollage et le début de la mission, le 12 décembre, ont été parfaitement conformes au plan de vol, l'avion porteur VMS Eve (WhiteKnightTwo) gagnant de l'altitude jusqu'à environ 15 kilomètres sur une boucle de trajet prédéterminée. Malheureusement, c'est au moment du largage que les problèmes sont apparus. En effet une seconde plus tard, au moment d'allumer le moteur, l'ordinateur de bord qui gère la propulsion s'est déconnecté.

Automatiquement, le système de bord a annulé la séquence d'allumage et les deux pilotes ont entamé leur retour vers le Spaceport America. Une manœuvre inhabituelle, et un échec certain pour l'objectif du vol… Mais un retour très positif sur le plan de la sécurité, les pilotes ayant ramené avec brio l'avion fusée pour se poser. Plus de peur que de mal, et la confirmation, après cette mauvaise surprise, que oui, VSS Unity peut interrompre sa montée à tout moment en cas de panne moteur.

Avant, deux vols, et après, deux vols.

Pour Virgin Galactic, s'il faut évidemment identifier et corriger le problème de ce vol, l'ordre des missions à venir n'a pas changé. Il s'agira en premier lieu de faire voler VSS Unity dans les mêmes conditions que ce 12 décembre, avec les deux pilotes et un important set d'expériences, principalement financées par la NASA, à l'arrière de la cabine.

Il restera ensuite un vol parabolique à plus de 80 km d'altitude avec des personnels de Virgin Galactic, avant la fin officielle de la (longue) campagne d'essais de l'avion fusée… Qui pourra enfin emmener son fondateur, le milliardaire Richard Branson, à la « frontière de l'espace » (américaine tout du moins).

La bourse ou la (vraie) vie

Entreprise cotée en bourse, Virgin Galactic a vu ses actions fluctuer avant l'ouverture des cours. Malgré les messages rassurants, le titre perdait quasiment 20 % à l'ouverture du NYSE, avant de limiter les pertes.

Un possible signe d'impatience de la part du marché face à une entreprise qui a perdu des centaines de millions de dollars en seulement 18 mois de cotation publique ? Jusqu'ici, les investisseurs semblaient unanimes quant à la capacité de Virgin Galactic à mettre en place un système efficace et pérenne pour des vols paraboliques touristiques, et ce malgré 12 ans de retard sur le modèle initial ! Sans doute ont-ils été séduits par les promesses de liaisons de grandes cités à des vitesses hypersoniques… Mais la réalité des développements ne partage pas toujours les agendas des marchés...

Source : CNBC

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (3)

Niverolle
Ils n’ont pas retenu la leçon de communication d’Elon Musk : il faut faire passer les petits échecs objectifs en énormes succès subjectifs. L’astuce étant :<br /> «&nbsp;Il ne faut jamais prendre les gens pour des cons, mais il ne faut pas oublier qu’ils le sont.&nbsp;»,<br /> dixit Les inconnus.
nicgrover
«&nbsp;…le titre perdait quasiment 20 % à l’ouverture du NYSE…&nbsp;»<br /> Les investisseurs ne pensent qu’au fric, faire avancer les choses ne les concernent pas vraiment du moment qu’ils se remplissent la panse…
Niverolle
Clairement, d’autant qu’ils ont démontré que leur solution permet de rentrer en seul morceau en cas de pépin, ce qui n’est pas un détail.
ebottlaender
D’un autre côté ils sont peut-être aussi en train de se rendre compte que Virgin joue avec les promesses de longues années (mais pas en bourse auparavant), et que les pertes abyssales risquent de se poursuivre encore longtemps.
Niverolle
«&nbsp;les pertes abyssales risquent de se poursuivre encore longtemps&nbsp;» ==&gt; Cet échec ne me parait pas vraiment rédhibitoire…
Helion
«&nbsp;et un échec certain pour l’objectif du vol… Mais un retour très positif sur le plan de la sécurité,&nbsp;»<br /> J’en déduit que chez Clubic pour tester les extincteurs vous allumez d’abord un incendie…<br />
ebottlaender
Non, mais si déjà on a un incendie, on sera content de savoir que tout le monde sait évacuer et se servir desdits extincteurs.<br /> C’est plutôt comme ça qu’il faut comprendre la phrase. La mission est ratée, mais il se sont bien débrouillés et y’a pas de bobos ni humains ni vraiment matériel.
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