Vers une fusion de France Télévisions, Radio France et l'INA ? La fin de la redevance audiovisuelle fait des dégâts

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 22 novembre 2022 à 16h55
Delphine Ernotte, P.-D.G. de France Télévisions © Delphine Ghosarossian/France Télévisions
Delphine Ernotte, P.-D.G. de France Télévisions © Delphine Ghosarossian/France Télévisions

La patronne de France Télévisions, Delphine Ernotte, estime que la limite est presque atteinte en termes de réduction budgétaire. Elle ne réfute pas l'idée d'une concentration des médias de l'audiovisuel public.

Déjà poussé à faire des efforts depuis plus de 10 ans, France Télévisions doit en plus préparer l'année 2023 sans la ligne budgétaire correspondant à la redevance télé. La suppression de la contribution à l'audiovisuel public, une mesure promise par Emmanuel Macron, contribue à créer un trou de 45 millions d'euros, que France Télévisions ne parvient pas à boucher. Interrogée par nos confrères du Figaro, la présidente-directrice générale du groupe, Delphine Ernotte, considère qu'une fusion des multiples acteurs de l'audiovisuel public a du sens, pour préserver la portée et la liberté de parole de ses médias.

L'idée d'une fusion des acteurs publics fait son chemin

France Télévisions est un peu à la croisée des chemins. À force de coupes budgétaires, de départs à la retraite non renouvelés et d'économies réalisées sur certains programmes ou chaînes, le groupe coûte aujourd'hui 560 millions d'euros de moins à l'État qu'en 2009.

« Je pense sincèrement qu'à mission et périmètre constants, nous sommes arrivés à la limite. La baisse des coûts ne peut pas être le seuil horizon de France Télévisions », lance la présidente du groupe, comme un appel à dire « stop » aux efforts réclamés année après année, et une manière habile de dire que la marge de manœuvre est réduite à peau de chagrin.

À terme, la situation de l'audiovisuel public va devenir irrespirable. Il est peut-être temps, pour le préserver, de réfléchir aux solutions salvatrices. L'idée d'une fusion de France Télévisions, de Radio France, de l'INA et de France Médias Monde fait son chemin dans l'esprit de Delphine Ernotte, mais pas que. « Je suis favorable à la création d'un grand ensemble », dit-elle au Figaro.

Un audiovisuel public « beaucoup plus fort » en cas de regroupement

Il y a quelques mois, nous avions pris connaissance d'un rapport rédigé par les sénateurs Les Républicains Roger Karoutchi et Jean-Raymond Hugonet, qui explorent plus en détail cette alternative d'entreprise unique. Ils avaient même imaginé un nom pour celle-ci, France Médias, ainsi qu'une date de création de cette nouvelle entité : 2025.

Delphine Ernotte estime ne pas être la bonne personne pour s'exprimer sur une telle concentration ou sur la forme précise qu'elle pourrait prendre, mais elle y voit néanmoins plusieurs avantages, comme une meilleure gestion budgétaire, alors globalisée, et une aura encore plus forte auprès du public, du seul fait d'un regroupement. « Demain, l'audiovisuel public sera beaucoup plus fort s'il est regroupé au sein d'une même appli », ajoute la dirigeante, dont le mandat à la tête du groupe court jusqu'en 2025.

Concernant enfin la plateforme Salto, qui pourrait disparaître, Delphine Ernotte n'indique pas vouloir sortir absolument du capital de la plateforme, valorisée à 135 millions d'euros et détenue à parts égales par France Télévisions, TF1 et M6. Mais les deux derniers cités voulant céder leur participation, celle de France Télévisions pose question. « Si demain, le service trouve un acquéreur, je n'aurai aucun problème à y laisser nos contenus », déclare-t-elle à ce sujet, entretenant pour l'instant le flou. Canal+ reste à ce jour le meilleur candidat à sa potentielle reprise.

Sources : Le Figaro, Clubic

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
captj

Suffit de réduire les chaines, virer les doublons, arrêter de payer des salaires de fou les présentateurs, etc. En gros arrêter de faire n’importe quoi avec l’argent des Français. Je suis pas contres certains avantages 13eme mois, ticket restaurant, etc. mais quand on voit les privilèges et abus de certains… c’est une mafia dans la mafia…

UpsiloNIX

TF1 arrive a faire des millions de bénéfices, M6 aussi, mais les X chaines française dépendent d’une cotisation versée par des millions de français ? A un moment il faut se poser des questions sur la gestion des services publics plutôt que sur les moyens de les financer.

MattS32

TF1 et M6 sont blindés de pubs et font très peu de programmes culturels par exemple, préférant les audiences à la qualité…

papem

Bien d’accord, ce machin coûte encore plus de 3,5 milliards, avec un nombre de rédactions autonomes débile, France 3, 2,inter france, music, culture, 5, etc…
il y a un beau ménage à faire.

papem

Tu vois la pub sur le service public qui commence ses soirées pour les français qui bossent à 21h 15?

zoup01

Tu vois des films ( ou feuilletons) coupés par la pub sur le service public ?

Unicorn220

La fin de la redevance audiovisuelle fait des dégâts → les programmes ont pris de l’avance pour le même résultat

Unicorn220

Ça existe déjà avec le sport, page d’auto-promo (pour un programme de la chaine) suivi par … (tada) de la pub (fréquent pendant le tour de France, tennis …)

Ednbal

Pendant ce temps les milliardaires propriétaires des principaux titres de la presse écrite française se voient verser des dizaines de millions d’€ de subventions de l’état, cherchez l’erreur…merci qui ?

Joeee

Faut il blinder de pub les feuilletons et émissions sur France TV tout comme le fait TF1 et M6 ?