L'UE appelle à l'interdiction de la notation sociale et de la reconnaissance faciale dans les lieux publics

22 juin 2021 à 10h50
6
Reconnaissance faciale

Le Contrôleur européen de protection des données (CEPD) et le Comité européen de la protection des données (EDPB) demandent conjointement l'interdiction pure et simple de la reconnaissance faciale dans les lieux publics.

Plus encore, il s'agit de lutter contre des utilisations d'IA permettant des « discriminations injustes ». La Commission européenne propose, de son côté, quelques exceptions en lieu et place d'une interdiction totale. Néanmoins, c'est elle qui aura le dernier mot, l'avis du Contrôleur comme du Comité étant seulement consultatif, avant que le texte ne soit soumis au Parlement européen.

Les régulateurs européens de la protection des données sont fermes

La proposition de règlement de la Commission européenne établissant des règles harmonisées en matière d'intelligence artificielle ne plait pas totalement au CEPD et à l'EDPB, qui ne souhaitent accorder aucune exception à l'utilisation potentielle de l'intelligence artificielle pour la captation de données biométriques dans les lieux publics. Qu'importe le contexte, « la reconnaissance de visages, de la démarche, des empreintes digitales, de l'ADN, de la voix, manière de taper au clavier et autres signaux biométriques ou comportementaux » qui permettraient une identification sont à proscrire.

Une problématique que les régulateurs européens de la protection des données prennent très à cœur. Dans une déclaration conjointe, Andrea Jelinek, Présidente de l'EDPB, et Wojciech Wiewiórowski, son homologue au CEPD, considèrent que « le déploiement de l'identification biométrique à distance dans des espaces accessibles au public signifie la fin de l'anonymat dans ces lieux ». La Commission européenne souhaiterait néanmoins que la reconnaissance facile soit utilisable dans le cadre du signalement d'un enfant disparu, ou encore en cas d'une « menace spécifique, substantielle et imminente », par exemple terroriste, afin de faciliter le travail de la police.

Empêcher la notation sociale des individus par le biais de l'IA

L'objectif du CEPD comme de l'EDPB est de lutter contre l'apparition potentielle de tout système d'identification à distance utilisant l'intelligence artificielle et qui permettrait, entre autres, d'établir un système de notation sociale, à l'image de la politique appliquée par exemple en Chine. Les régulateurs européens de la protection des données vont même plus loin en invoquant le fait qu'une telle captation de données biométriques irait même à l'encontre des droits et libertés fondamentaux des citoyens de l'UE.

La précaution est donc de mise pour ces deux acteurs alors que la Commission européenne planche depuis le 21 avril dernier sur cette proposition de règlement. L'avis des régulateurs européens de la protection des données, qui appellent au passage à une clarification de leur rôle et de leurs prérogatives dans ce domaine, demeure consultatif. Le règlement devra ensuite être soumis au Parlement européen, avec de longs débats à venir étant donné l'enjeu qui est associé à ces potentielles restrictions d'utilisation de l'IA.

Thibaut Keutchayan

Je m'intéresse notamment aux problématiques liant nouvelles technologies et politique tout en m'ouvrant à l'immense diversité des sujets que propose le monde de la tech' quand je ne suis pas en train...

Lire d'autres articles

Je m'intéresse notamment aux problématiques liant nouvelles technologies et politique tout en m'ouvrant à l'immense diversité des sujets que propose le monde de la tech' quand je ne suis pas en train de taper dans un ballon.

Lire d'autres articles
Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ? Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
google-news

A découvrir en vidéo

Rejoignez la communauté Clubic S'inscrire

Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.

S'inscrire

Commentaires (6)

Comcom1
Et ça marchera quand on part à l’étranger ? Lol bon bah on sera fiché d’une façon ou d’une autre…
Nick_holiday
Les gens qui nous dirigent veulent l anarchie. La reconnaissance faciale bah c’est très bien. C’est un scandale on devrait pas relayer ces infos qui n’ont aucuns sens.
ABC
De toute façon nous sommes déjà tous fichés partout. Ça a commencé avec les réseaux sociaux qui vous connaissent plus que vous ne pensez. Désormais, certains sites peuvent même dresser de vous un portrait robot très ressemblant et décrire votre caractère de façon saisissante, sans vous avoir jamais vu ni rencontré, sans besoin de reconnaissance faciale (par votre ADN ou en recoupant à partir de celui de vos proches, les sites d’analyse ADN 2.0 on déjà le profil génétique de pratiquement tous les français, de façon directe ou via leurs proches). C’est même utilisé par la police scientifique pour rechercher des suspects ou connaitre un visage grâce à une trace de sang.<br /> Couplé à la reconnaissance faciale et avec les traces que vous avez laissé sur le web, ça pourrait donner un résultat digne des pires dystopies. Souriez, vous êtes scannés !<br /> Vous seriez filmé et en 1 seconde ont saurait tout de vous : santé, prédispositions, origines ethniques, statut social, âge, opinion politique, taille du sexe, niveau d’instruction, d’orthographe, votre couleur préférée, aptitude à la violence, ce que vous ferez dans 1 heure, orientation sexuelle, achats envisagés, la date approximative de votre décès…<br /> En fait, ça peut sembler délirant ou paranoïaque, mais on y est presque. Ça commence déjà à y ressembler dans certaines régions de Chine… Surtout si on empêche pas la communication entre les bases de données qui relèvent de l’intime ou de la vie privée, et la reconnaissance faciale de masse.
Tecepece
Les pays anglo-saxons favorisent la notation faciale.
Voir tous les messages sur le forum
Haut de page

Sur le même sujet