Les petites missions lunaires au format "CubeSat" de la NASA accumulent les problèmes

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
20 février 2023 à 18h00
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Si petit, dans un espace si grand... Crédits NASA
Si petit, dans un espace si grand... Crédits NASA

Une déconvenue de plus en ce début d'année pour la petite mission Lunar Flashlight qui vient s'ajouter à la longue liste des ennuis avec ces véhicules minimalistes en mission lunaires… Ils sont toujours aussi prometteurs, mais le défi technique est plus complexe que prévu !

Reste à savoir si elles sont aussi pratiques que ce qui était envisagé avec tous ces sauvetages.

Petit, mais (pas) costaud

Sur le papier, ces missions de petits formats Cubesats 6U vers la Lune sont très attractives. Pour quelques millions de dollars et de grosses économies sur un lanceur spatial, il est possible d'envoyer ces boitiers qui ne pèsent que 25 à 30 kg, avec un seul instrument scientifique, en mission vers la Lune. Une agence comme la NASA, qui a des besoins très spécifiques vers notre satellite naturel et n'a pas les budgets ou les besoins pour une nouvelle sonde de quelques tonnes envoyée pour une ou deux décennies en mission, c'est une aubaine : peu de développement, peu de coûts, quelques mois de survie et des résultats à étudier ensuite. Mais si le format CubeSat fait fureur en orbite basse terrestre, il y a encore de gros progrès à faire pour les missions lunaires.

La mission CAPSTONE, qui a décollé en juillet dernier, est un bon exemple. À trois reprises durant son trajet, les équipes au sol ont dû « sauver » la petite sonde : panne et redémarrage de son ordinateur de bord, problème de propulseur, communication… Depuis son arrivée en novembre, la mission est satisfaisante et la NASA a pu constater avec bonheur que l'orbite qu'elle voulait tester avec CAPSTONE est, semble-t-il, plus stable que prévu. Il n'empêche que le petit véhicule est retombé en panne du 26 janvier au 6 février. Plus ennuyeux, il a effectué l'un des tests très attendus de sa mission, un échange avec la sonde lunaire LRO qui devait lui permettre de se localiser en orbite. Mais l'échange de communication n'a, semble-t-il, pas fonctionné comme prévu. L'agence retentera sa chance.

Lampe de poche à l'occasion

CAPSTONE n'est pas vraiment un cas isolé. De nombreuses unités envoyées en complément de la mission ARTEMIS I sont tombées en panne, n'ont pu manœuvrer ou bien ont raté leur objectif. Dans un sens, ce n'est pas très grave compte tenu des petits budgets en jeu, mais c'est aussi, malheureusement, un pauvre retour scientifique pour ces instruments prometteurs. L'un des derniers échecs en date est celui de Lunar Flashlight. Un CubeSat 6U qui a décollé le 9 décembre dernier pour la Lune, avec l'atterrisseur japonais Hakuto-R. Malheureusement, en janvier, ses propulseurs (équipés d'une nouvelle technologie, déjà testée en orbite terrestre) tombent en panne les uns après les autres : le seul sur lequel l'équipe pouvait encore compter pour l'injection en orbite lunaire a vu ses performances « se dégrader significativement au fil du temps ». La NASA tente d'évaluer sa trajectoire pour savoir s'il est possible de faire passer Lunar Flashlight (son instrument laser doit illuminer les cratères pour y trouver des traces de glace lunaire) au-dessus du pôle Sud à plusieurs reprises grâce à son parcours en ellipse aujourd'hui.

Le CubeSat 6U "Lunar Flashlight" en préparation au laboratoire JPL. Crédits NASA/JPL-Caltech
Le CubeSat 6U "Lunar Flashlight" en préparation au laboratoire JPL. Crédits NASA/JPL-Caltech

Ces « mini-missions » à haut risque vont néanmoins permettre à l'agence ainsi qu'aux entreprises et universités américaines de se perfectionner dans ce domaine nouveau, avant une prochaine génération de petits véhicules qui seront (c'est à espérer) plus fiables. D'ici là, il reste toujours des missions en cours autour et sur la Lune !

Source : Spacenews

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (4)

xXInfernoXx
« ses propulseurs (équipés d’une nouvelle technologie, déjà testée en orbite terrestre) tombent en panne les uns après les autres »<br /> La durée des tests à du être vraiment longue pour que pareils soucis arrivent si rapidement et sur tous qui plus est.<br /> Juste une impression de faire des envois de matériel au rabais, comme un kit ikea.<br /> Bien que plus coûteux et plus long, pas plus intelligent de faire comme avant ? De prendre le temps ? D’utiliser ce qui est éprouvé et fonctionnel ?
ebottlaender
Il est toujours possible que le système ait été modifié entre la mission de test et l’actuelle <br /> C’est pas simple, et surtout pas sur des modules aussi petits.
PaowZ
Est-ce qu’en termes de blindage, ils sont aussi résistants que leurs grands-frères de plusieurs tonnes ? C’est qu’il y en a, du rayonnement, là-haut…
Pck
Si c’est du « Fail Fast to Learn Faster », on a vu qu’au bout du compte ça finit par marcher ; d’autres petites « bestioles » Françaises disaient déjà « Plus ça rate, plus on a de chances que ça marche » .<br /> Le nouveau paradigme de « Lune relais vers le lointain » déclenchera probablement beaucoup de ce genre de « mini » technologies : mini « scooter » (fret ou passager) pour aller d’une base lunaire à une station hub lunaire orbitale ?<br /> Ces technologies ne sont elles pas financièrement « abordables" à un plus grand nombre d’entrepreneurs en dehors des états, organisations ou milliardaires actuellement en lice?
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