Méthane : la NASA a trouvé un moyen d'identifier plus de 50 gros pollueurs… depuis l'espace

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
02 novembre 2022 à 17h45
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Une bouffée de méthane à haute concentration détectée au-dessus de puits de pétrole/gaz au Nouveau-Mexique © NASA / JPL-Caltech
Une bouffée de méthane à haute concentration détectée au-dessus de puits de pétrole/gaz au Nouveau-Mexique © NASA / JPL-Caltech

Un instrument scientifique destiné à mesurer les concentrations de poussières et opérant depuis l'ISS a pu détecter des sources d'émissions de méthane autour du monde. Les mesures sont sans surprises, mais viennent en complément des instruments terrestres… alors que plusieurs satellites sont aussi sur la brèche.

Néanmoins, il s'agit pour l'instant des sources les plus importantes.

EMIT surveille les émissions

L'installation externe de l'instrument EMIT (Earth Surface Mineral Dust Source Investigation) n'a pas vraiment fait de grand bruit médiatique cette année. Cet instrument de la NASA, destiné à la recherche environnementale, est conçu pour cartographier et suivre les minéraux contenus dans les poussières des grands courants atmosphériques, comme ceux qui font traverser l'Atlantique au sable saharien.

Pour ce faire, EMIT mesure les signatures spectrales des composés des poussières. Et il se trouve que celle qui correspond au méthane n'est pas si éloignée, il est donc tout à fait possible d'utiliser EMIT pour détecter de larges émissions atmosphériques de cet important gaz à effet de serre. Ces « bouffées » intéressent beaucoup les chercheurs, non seulement pour les capacités de leur instrument, mais aussi pour pouvoir à court et moyen terme agir sur ces émissions.

Une grosse bouffée de méthane

Certaines étaient déjà cartographiées, notamment parce qu'il existe sur une large partie des sites pétroliers et gaziers des capteurs dédiés. Mais un véritable nuage de méthane de pratiquement 3 km de long a pu être identifié sur un champ pétrolier au Nouveau-Mexique (bassin du Permien) grâce à EMIT. Des dizaines d'autres sont sur l'inventaire, et plusieurs n'avaient encore jamais été détectés jusqu'ici (ou mal cartographiés).

Les infrastructures pétrolières et gazières du Turkménistan ont notamment été pointées du doigt, avec des bouffées-nuages à haute concentration de méthane. Longs de pratiquement 20 km, ils équivalent à une fuite d'une cinquantaine de tonnes de méthane pur par heure. Et il ne s'agit encore que d'un début. La NASA souhaite à la fois améliorer ses capacités d'observation et réduire les temps entre la mesure et la disponibilité des résultats.

Installation de l'instrument EMIT grâce au bras robotisé Canadarm2 © NASA
Installation de l'instrument EMIT grâce au bras robotisé Canadarm2 © NASA

Sous surveillance internationale ?

D'autres satellites, notamment européens, s'intéressent à la mesure des concentrations de méthane atmosphérique. C'est le cas du petit opérateur GHGSat qui opère plusieurs satellites au format CubeSat autour de la Terre aujourd'hui.

L'ESA et l'Union européenne travaillent de leur côté à une plateforme orbitale consacrée à la mesure fine des concentrations dans le cadre du programme Copernicus, déjà très bien positionné sur les polluants atmosphériques. Le satellite Sentinel-5p étudie déjà depuis plusieurs années les concentrations de dioxyde de souffre, de dioxyde d'azote et de la couche d'ozone, tandis que le futur Sentinel-7 sera dédié à l'observation du CO2.

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (10)

Bombing_Basta
La source principale d’émission reste l’élevage bovin.
Werehog
Oui enfin le truc qui fait du 50 tonnes de méthane par heure, si on s’attaque à ce problème, ça équivaut à pas mal d’élevages bovins
Wen84
Il faut juste arrêter les flageolets. Problème résolu.
MattS32
Nope, les fuites de l’industrie pétrolière sont bel et bien la première source, 33% des émissions, contre 27% pour l’élevage : http://media.whatsyourimpact.org/graphs/human-sources-of-methane-emissions.png<br /> Et surtout, alors qu’il est techniquement fort compliqué de récupérer le méthane des rots (et non des pets !) de vache, juguler les plus grosses fuites industrielles est du domaine du possible (à minima, avec de bêtes torchères qui permettent de le convertir en CO2, avec un PRG 20x plus faible), et pourrait même s’avérer rentable, car le méthane ainsi récupéré peut être valorisé (carburant, production d’électricité, production de chaleur, voire les deux à la fois).
Bombing_Basta
Bon ben le taux des deux industries dépend des sources alors, car j’ai pas inventé ce que je dis.<br /> Et sinon le CO2 est moins « fort » comme gaz à effet de serre, par contre il reste bien plus longtemps actif que le méthane.
MattS32
Le PRG prend en compte la durée de vie, puisqu’il compare au CO2 sur une échelle de 100 ans. Une tonne de CO2 relâchée aujourd’hui a 20 fois moins d’effet sur la température dans un siècle qu’une tonne de méthane relâchée aujourd’hui.<br /> Par contre, petite erreur de ma part, le fait de brûler le méthane ne divise du coup pas l’effet par 20, car une tonne de méthane va donner 2.75 tonnes de CO2. Avec un PRG de 27.9, brûler le méthane divise son impact par « seulement » 10.
Kaggan
Comme l’a dit MattS32, On a possibilité de changer beaucoup de choses aux niveau des industries. Le jour où l’élevage deviendra le 1er producteur de methane sera un grand jour car ça voudra dire qu’on aura bien diminué les autres rejets.
fredmc
on les a identifié c’est super est ce qu’ils feront quelque chose derrière ? Ca m’étonnerait
fg03
Franchement c’est au top. L’imagerie satellite va vraiment pouvoir jouer le rôle de flicage comme les radars pour les conducteurs.<br /> On attend donc les premières annonces, suivis de l’échelle des sanctions pour tout contrevenants comme les conducteurs pris par la patrouille lorsqu’il enfreignent la loi.
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