Sans faute ! La Chine réussit à poser le petit rover Zhurong à la surface de Mars

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 17 mai 2021 à 08h25
Vue d'artiste du rover Zhurong de la mission Tianwen-1 sur Mars. © CNSA
Vue d'artiste du rover Zhurong de la mission Tianwen-1 sur Mars. © CNSA

Trois mois après son arrivée en orbite de la planète rouge, la mission Tianwen-1 a de nouveau réussi une première historique pour la Chine.

Peu après 1 h du matin (Paris) ce 15 mai, la plateforme d'atterrissage se posait avec le rover Zhurong sur le sol d'Utopia Planitia. Ne manquent plus que les images !

Descente en silence

Les autorités chinoises étaient restées particulièrement silencieuses sur l'atterrissage martien depuis le 24 avril dernier, date à laquelle elles avaient révélé le nom du rover, Zhurong, d'après le dieu du feu de la mythologie chinoise. Mais, une fois de plus, une communauté de radioamateurs guettait les signaux de la mission Tianwen-1 tout autour du monde. Ce 14 mai, le doute n'était plus permis : l'orbiteur a quitté sa trajectoire avant de décrocher l'imposante capsule de rentrée atmosphérique.

Quelques heures plus tard, peu avant 1 h du matin (Paris), les fameuses « 8 minutes de terreur » commençaient pour les contrôleurs de mission en Chine. Impossible en effet de piloter la rentrée atmosphérique et l'atterrissage à cause du temps nécessaire aux signaux pour couvrir la distance Terre-Mars… Les responsables ont donc du attendre en spectateurs que les différentes étapes de l'atterrissage se terminent.

D'abord l'entrée dans l'atmosphère, puis le déploiement des parachutes, le largage du bouclier avant, et enfin l'éjection de la plateforme d'atterrissage qui est venue se poser grâce à un système fondé sur des radars et des propulseurs sur la surface d'Utopia Planitia. Les autorités chinoises ont confirmé le succès dans la nuit, puis fourni quelques informations sur la mission. La NASA et Roscosmos ont félicité leurs homologues chinois.

Modélisation partagée par les autorités chinoises pour montrer l'état du rover. © CNSA
Modélisation partagée par les autorités chinoises pour montrer l'état du rover. © CNSA

Zhurong, réussite carrée

Sur sa plateforme d'atterrissage, Zhurong a déjà étendu ses quatre panneaux solaires et déployé à la fois son antenne de communication et son mat avant, abritant des caméras de navigation stéréoscopiques. Le rover de 240 kg ne devrait pas immédiatement activer ses moteurs pour descendre les rampes. Le début de sa mission consistera essentiellement à la vérification des systèmes et des instruments avant d'utiliser ses six petites roues pour aller explorer la région.

Zhurong s'est posé à environ 40 kilomètres du centre de son ellipse, sur un site censé permettre au robot de rouler sans difficulté durant ses 3 mois de mission nominale. Il faut noter que pour l'instant, les autorités n'ont pas divulgué de photos prises par le véhicule, même si ce dernier est très bien équipé (des capteurs sont présents sur la plateforme d'atterrissage, sur l'avant et l'arrière du rover, sans compter ses caméras de navigation et ses instruments scientifiques). Il faudra être patients, la « checklist » de santé de Zhurong étant sans doute prioritaire sur les images du site.

Tous les robots ayant réussi à la surface de Mars (Mars 3 n'est pas présent, car souvent non considéré comme une réussite). © The Planetary Society

Défier les pronostics

Le succès de cet atterrissage est impressionnant au regard du nombre de tentatives ratées au cours des décennies d'exploration de Mars. Certes, la Chine avait mis les moyens pour tester au maximum les technologies lui permettant de réussir la traversée de l'atmosphère et la séquence automatisée, tandis que le design de Zhurong est amplement fondé sur les succès des rovers lunaires Yutu et Yutu-2, mais cela n'enlève rien à la difficulté de l'opération.

À l'exception de la NASA (et d'une réussite très discutable pour l'URSS avec la mission Mars 3), la Chine devient la deuxième agence à opérer avec succès une mission sur la surface de Mars. De quoi conforter une fois de plus son statut d'excellence sur les missions planétaires, tout en plantant une difficile épine dans le flanc européen. Malgré une préparation plus longue, le volet « de surface » de la mission européano-russe ExoMars avec le rover Rosalind Franklin est encore sur Terre…

Source : SpaceNews

Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (10)
johnguy_park

Impressionnant… Tant mieux qu’il y ait plusieurs nations qui envoient des sondes sur la planète rouge. En espérant que l’on puisse s’y entendre cordialement à la manière de l’Antarctique… ou mieux.

juju251

@Peter_Vilmen Message supprimé : Merci d’éviter ce genre de suppositions sans exposer de preuves.

Fulmlmetal

Et nous l’europe, qui se vantait il y a encore peu d’etre meilleur que les chinois sur l’exploration spatiale, bah on n’a toujours pas réussi. Deux tentatives deux échecs alors que les chinois y arrive du premier coup avec une grande maitrise.
Tout est évidemment une question de moyen mais quand meme je trouve que depuis quelques temps l’europe spatiale n’arrive plus à avancer, pire encore n’arrive plus à avancer seule. Nous sommes devenu incapable de faire un programme sans aller chercher un partenaire. Notre rover ne cesse d’etre reporté d’année en année depuis on bon moment, il fait du sur place et on espère d’ailleurs que la coopération avec les russes (qui n’ont pas une grande expérience récente sur l’exploration) soit un succès, meme si je reste sceptique sur nos capacités russes et europénnes de réussir.

Skoleras

Félicitations aux Chinois ! Même si ce n’est pas un pays que je porte particulièrement dans mon cœur, c’est fou les avancées technologiques qu’ils ont pu avoir en seulement quelques dizaines d’années. Pendant que nous Européens, une seule tentative qui à été un échec…

Voigt-Kampf

Il n’y a pas que dans l’aérospatiale que l’Europe n’avance pas :sweat_smile:

benben99

Bravo à la Chine! Il y a une ou deux décennies, ils avaient un retard. Maintenant, ils sont en tête du peloton pour l’exploration spatiale… Mission sur la lune, station spatiale en construction, réseau de satellite Beidou en alternative au GPS etc., et maintenant une difficile mission d’atterissage sur mars.

Cela est grace en partie au leadership du gouvernement chinois qui investit massivement dans la recherche et l’éducation. Quand leur gouvernement identifie un pan d’économie ou ils sont en retard, ils investissent massivement pour rattraper… on le verra dans quelques années dans les semi-conducteurs.

dapoussin

Génial, bravo aux chinois pour ce succès ! Plus il y aura de concurrence dans le spatial, plus près nous serons de poser les pieds sur Mars :slight_smile: J’ai de plus en plus l’impression qu’on va revivre la course à la Lune des années 60.

L’Europe est hélas loin derrière… il n’y a pas de vraie unité sur notre continent, et la volonté de démontrer la supériorité d’un modèle de société. Déjà, rendre l’anglais langue officielle dans tous les pays européens, en plus des langues nationales, nous aiderait à nous comprendre entre nous.

Labarthe

Il faudra penser à informer de l’évènement la maire de Poitiers, par recommandé avec accusé de réception

Skoleras

Je ne pense pas que rendre l’anglais officielle soit une bonne chose. De part déjà le Brexit et d’autre part la difficulté qu’on les gens à l’apprendre. Une langue « neutre » comme l’espéranto serait bien plus adaptée selon moi.

Blackalf

@Marcel_Prout message supprimé pour le motif message non constructif/hors-sujet.

La politique européenne d’immigration n’a vraiment rien à faire ici.