L'industrie du jeu vidéo (et ses "pratiques trompeuses") dans le viseur de l'UFC-Que Choisir

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
01 juin 2022 à 14h15
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© Shutterstock.com
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L'UFC-Que Choisir et ses homologues européens appellent à une stricte régulation du secteur du jeu vidéo, accusé de persister dans ses mauvaises pratiques, notamment concernant les achats in-game.

C'est une véritable coalition d'associations de consommateurs qui fait face au monde du jeu vidéo. L'UFC-Que Choisir et vingt autres associations européennes ont décidé d'interpeller une dizaine d'éditeurs et de mettre en demeure EA Games (l'éditeur de FIFA, Battlefield et autres). Ils souhaitent que tous cessent ce que les organisations considèrent comme des pratiques trompeuses, sur un marché qui, sur le Vieux Continent, compte près de 500 millions d'adeptes.

Une réglementation contournée par les éditeurs qui exploitent les vulnérabilités des joueurs

Si le marché du jeu vidéo continue de prendre de l'ampleur en Europe, celui-ci souffre de vraies carences réglementaires, alors même que les utilisateurs sont, pour la plupart, des jeunes ou des adolescents. Et l'UFC-Que Choisir reproche justement aux éditeurs des pratiques qui consistent à générer un maximum de gains, sur le dos des joueurs. L'association prend l'exemple frappant des achats in-game (ces achats numériques supplémentaires faits directement dans le jeu) qui pesaient pour plus de 15 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2020.

Dès 2017, l'UFC-Que Choisir avait dénoncé le système des loot boxes, ces microtransactions qui, aujourd'hui, sont le symbole du fameux pay-to-win. Elles peuvent correspondre à des packs, des pochettes surprises ou des coffres à butin que l'on retrouve dans une majorité de jeux et dont les joueurs sont friands, même s'ils ne connaissent pas à l'avance leur contenu.

Un exemple de ce que dénonce l'UFC-Que Choisir en matière de manque de transparence © FIFA 2021
Un exemple de ce que dénonce l'UFC-Que Choisir en matière de manque de transparence © FIFA 2021

La dernière analyse d'ailleurs publiée par le Conseil norvégien des consommateurs (NCC) illustre bien les manquements des éditeurs vis-à-vis de la réglementation européenne. En effet, ils incitent notamment les joueurs à dépenser plus d'argent en exploitant leurs vulnérabilités par des biais cognitifs, avec des probabilités de gains trompeuses, le tout étoffé par un marketing agressif. Le rapport dénonce aussi l'utilisation des monnaies virtuelles, qui viennent masquer et même déformer les coûts réels des contenus.

L'UFC-Que Choisir réclame plus de transparence avec l'affichage des prix des contenus vendus dans les jeux

Pour l'UFC-Que Choisir, l'industrie du jeu vidéo a, ces dernières années, « mis en place un fin stratagème, en divisant en deux étapes l'achat d'un contenu dans le jeu ». Le joueur est en effet obligé, dans un premier temps, d'acheter une monnaie virtuelle qu'il va pouvoir utiliser exclusivement dans le jeu. Ensuite, il doit dépenser cette cagnotte pour acheter tel ou tel contenu.

« Les éditeurs ne s’embarrassent pas de retranscrire le prix en euros avant l’achat : tout est organisé pour faire oublier au consommateur le prix du contenu qu’il paye », pestent l'association et ses homologues européens.

En plus de solliciter une réglementation plus stricte visant à mieux protéger les mineurs, la vingtaine d'associations a décidé de mettre en demeure l'éditeur EA Games afin qu'il affiche en euros les prix des contenus qu'il vend dans ses jeux vidéo, pour une vraie transparence des transactions. L'UFC-Que Choisir promet d'attaquer en justice EA Games si ce dernier n'entend pas ses demandes.

Source : UFC-Que Choisir

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (13)

flateric_oyzo
ivory tower a basculé dans le racket des pack de point à acheter par cb exclusivement au lieu de les accumuler par le jeu dans crew2 auparavant, c’est à ce moment là que j’ai arrêté de jouer. De toute façon le gameplay était devenu complètement inaccessible en ergonomie mais aussi en contenu, je ne comprenais plus rien à l’intérêt des nouveaux mode de courses. Ce jeux c’est du bloubiboulga indigeste.
SlashDot2k19
Oui ça serait un gros + si les prix étaient directement affichés en euro au lieu de nous la faire à l’envers à nous proposer différentes sortes de packs de crédits, tout cela pour embrouiller le joueur… D’ailleurs je trouve que c’est plutôt répulsif…
pascalreedsmith
il suffirait qu’on arrete d’en acheter pour que ça arrete de se vendre, et tant que les pigeons continuent, malheureusement je ne vois pas pourquoi les éditeurs se priveraient.<br /> C’est comme les jeux ou ils ne paient plus la licence après 2 ans, impossible de télécharger certaines voitures acquises c’est un peu du foutage de gueule, ou bien les jeux vendus à moitié finis pour lesquels il faut télécharger 50 MAJ pour que ça fonctionne correctement.
nicgrover
The Elder Scrolls online et ses caisses à Couronnes…<br /> Ou comment transformer un abonnement annuel de vrais €€€ en Couronnes pour produits cosmétiques…<br /> Et cela fonctionne bien mieux que le jeu. Jamais un seul bug ne vient perturber ce système bien huilé, contrairement au jeu…
Martin_Penwald
@Peggy10Huitres<br /> Mais bien sûr, ”les jeunes c’est que des feignasses, moi, de mon temps, on se levait à 4 heures du matin et on allait à l’école le ventre vide dans 3 mètres de neige tous les jours de l’année même en juillet”.<br /> La ”valeur travail”, c’est un truc de Sarkozy, ça. Le mec qui n’a jamais eu un vrai travail, et qui a été condamné pour financement illégal de campagne. Quelle référence !<br /> Ce sont des mecs comme Sarkozy qui ont créé les achats in-game et autres magouilles du genre.
ABC
Les achats in-game pourrissent l’expérience de nombreux jeux. Qui souvent n’existent que sous cette forme. Certains jeux devraient figurer dans la rubrique escroqueries et arnaques, tant le but est de vous faire cracher des dizaines, des centaines d’euros et même plus, pour des jeux qui sans ce système auraient été vendus une misère.<br /> Même les jeux les plus simples comme la belote proposent des achats in App à 3 chiffres… Avant, une application comme ça se vendait 3€ en tout et pour tout. Ces gens sont clairement des escrocs.
Urleur
Le top serait de faire exactement le même principe de la belgique, sa réglerait définitivement la question, à votre avis pourquoi par exemple diablo immortal et lost ark sont interdit la-bas ? Les jeux serait meilleures.
StephaneGotcha
Alors c’est « très bien » de vouloir protéger les consommateurs mais …<br /> Une loot box ment sur son contenu? Elle ment sur son prix? Il y a un bouton « payer » qui se met juste a coté de plein de boutons « gratuit » pour forcer son achat ?<br /> Il faut certainement faire de la prévention sur le coté addictif de la chose mais interdire la lootbox alors qu’on autorise les jeux à gratter …<br /> PS : J’ai jamais mis 1€ sur les nombreux F2P sur lesquels j’ai joué (souvent beaucoup)
pecore
Interdire purement et simplement me semble trop radical et infantilisant. Il faut tout de même laisser aux gens un minimum de responsabilité dans leurs choix sinon on en fait des assistés complets et on ne fera que déplacer le problème.<br /> Par contre, ne pas laisser aux entreprises la possibilité d’exploiter à leur grands profits les biais cognitifs présents chez la plupart des gens me semble un minimum. Ainsi, mettre le prix des packs et addons dans la monnaie du pays où ils ont proposés me semble un bon début. L’on pourrait également envisager de fixer un plafond d’achat par mois pour un même compte, afin de s’assurer que le titulaire n’est pas en train de perdre tout contrôle.
lightness
concrètement la micro-transaction ne fait sens que dans un jeu qui est totalement gratuit à la base et encore il faudrait arreter de payer 10€ pour un costume virtuel créé en 1 jour par un developpeur rémunéré 2500€ par mois. bref, en revanche il faut comprendre que quand c’est gratuit c’est toi le produit et si l’on veut jouer à du contenu de qualité il vaut mieux éviter les jeux à microtransactions. un lore, un travail artistique profond et désintéressé, une écriture soigné et un scénario ne se trouve pas dans les microtransactions. il suffit comme exemple de voir world of microtransactions dont le scénario est sans queue ni tête et qui s’est perdu totalement avec shadowlands même si l’extension en elle-même relève le niveau des anciennes mais ne correspond plus à l’univers crée à l’origine.
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