Une semaine décisive pour Ariane 6, avant son premier vol en 2024

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
28 août 2023 à 17h45
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Pour progresser vers le premier vol, Ariane 6 doit bien se comporter aux essais © ESA/CNES/Arianespace/CSG/P.Piron
Pour progresser vers le premier vol, Ariane 6 doit bien se comporter aux essais © ESA/CNES/Arianespace/CSG/P.Piron

Au Centre Spatial Guyanais comme en Allemagne, deux tests prendront place cette semaine pour préparer l'entrée en scène d'Ariane 6. Repoussé officiellement à 2024, le vol inaugural repose sur le résultat et surtout le succès de ces essais. La pression ne retombe pas sur le programme.

L'étape la plus spectaculaire est prévue en septembre.

Demain, c'est compte à rebours

À deux reprises en juillet, les équipes du Centre Spatial Guyanais (CSG) ont testé et simulé un compte à rebours complet avec le remplissage des réservoirs d'Ariane 6, qui devait se terminer par un allumage de quelques secondes de son moteur principal Vulcain 2.1. Une campagne d'essais menée précisément pour tester les équipements (bord et sol), mais aussi identifier les éventuelles erreurs avec une Ariane 6 dédiée aux tests (que l'on appelle des essais combinés) et non un modèle de vol, pour éviter la catastrophe.

Les travaux ont bien progressé, avec le 13 juillet un essai avorté à cause d'une fuite d'hydrogène, et le 18 juillet une longue journée avec plusieurs arrêts du compte à rebours permettant tout de même d'arriver aux dernières secondes et à la séquence d'allumage, qui ne fut pas complète. Après de nombreuses corrections, les équipes vont retenter ce mardi 29 août un nouvel essai complet, et tenter d'allumer le moteur de l'étage principal !

Vendredi, c'est compte à rebours

Il n'y a pas qu'en Guyane que l'ambiance est à la validation des acquis. De nombreux délais ont retardé un essai crucial de mise à feu pour le deuxième étage d'Ariane 6, sur son banc de test situé à Lampoldshausen en Allemagne. Il aura lieu vendredi 1er septembre. Il s'agit là du troisième test à feu pour cet étage, et c'est le plus important, qui doit simuler l'action du moteur (et de son délicat auxiliaire, l'APU) sur une longue durée, représentative d'un vol orbital. Deux tests en une semaine donc, avec des résultats qui devront enfin satisfaire les exigences d'un très long programme d'essais. Rappelons que le deuxième étage d'Ariane 6 en Allemagne est sur place depuis le mois de mars 2021, et que le modèle destiné aux essais combinés au CSG est arrivé en janvier 2022.

Pour l'Ariane 6 en Guyane, l'essai le plus difficile est pour l'instant programmé le 26 septembre, avec une simulation de lancement et un allumage de son étage principal au sol durant 7 minutes et 50 secondes.

Le site de test du deuxième étage d'Ariane 6 à Lampoldshausen, en Allemagne. © ESA
Le site de test du deuxième étage d'Ariane 6 à Lampoldshausen, en Allemagne. © ESA

Dans six mois, le décollage d'Ariane 6 ?

Début août, l'ESA a officiellement admis que le décollage inaugural d'Ariane 6, futur fleuron européen, ne pourrait avoir lieu avant 2024, mais la date reste à définir. Elle dépendra des résultats des essais de mise à feu. Si ces derniers devaient révéler des erreurs de conception, cela serait à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. En effet, c'est pour cela que ces tests ont été mis en place, afin d'éviter de coûteux échecs en vol. Malgré tout, la crise des lanceurs a depuis rattrapé le programme, et la dernière Ariane 5 s'est envolée en juillet.

En Europe, plusieurs satellites sont mis sous cocon, faute de fusée pour décoller. Les autres traversent l'Atlantique et décollent avec SpaceX. Une réalité dont tous les acteurs sont conscients aujourd'hui, y compris les équipes qui s'occupent des essais d'Ariane 6. Souhaitons-leur bonne chance !

Source : esa

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (7)

nicgrover
Fingers crossed…
Caramel34
Il ne faut pas qu’ils se loupent car il est trop tard pour réveiller Ariane 5.<br /> Croisons les doigts !
JohnLemon
En tout cas, pour Ariane 7 il faudra anticiper afin que telle situation désagréable ne se reproduise pas. Y compris anticiper une zoonose mondiale ou une situation géopolitique où tout joue contre nous.<br /> Assez de sueurs froides comme ça, les fusées on sait les faire, on ne va quand même pas demander à Mumusk de tout envoyer.
sylvebarbe78
Ariane 6 tellement récente et tellement dépassée…
Bilbo
Je ne sais pas si cette remplaçante serait capable de missions lunaires mais je crains que l’Europe soit une fois de plus à la remorque des usa ou peut-être même demain de la Chine, qui sait !<br /> Comme pour les pôles terrestres, il y aura les nations qui ont réussi à établir une base permanente et puis les autres, réduits à des rôles secondaires de collaborateurs ou d’invité …
f-dzt
et ne pas oublier l’Inde désormais … ils savent drôlement bien faire les gars
promeneur001
L’Europe n’a pas à se lancer dans une course à l’échalote avec les autres nations. Elle doit avoir ses propres objectifs. Les E.U. pendant des années ont eu recours à l’URSS pour lancer ses spationautes. Ils n’en sont pas moins restés une puissance spatiale.<br /> Longtemps le Portugal et l’Espagne ont été les grands découvreurs et conquérants de nouvelles terres. Pourtant, à la fin du 19ᵉ siècle, les grandes puissances économiques, industrielles et conquérantes sont l’Allemagne, l’Angleterre et la France.<br /> Le Japon, la Corée du Sud, pays sans ressources énergétiques fossiles, en quelques dizaines d’années, sont devenues de grandes puissances économiques.
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