![Projet Pegasus](http://pic.clubic.com/e2b090931901542/1200x675/smart/projet-pegasus.jpg)
Israël a annoncé réduire la liste des pays qui pourront bénéficier des logiciels de surveillance de ses entreprises, ce qui devrait enfoncer NSO un peu plus dans la crise.
Plus de 4 mois après l'exposition du scandale Pegasus, Israël a pris une décision importante, qui pourrait mettre entre parenthèses le futur de l'entreprise NSO, désormais sulfureux éditeur du logiciel espion. Le gouvernement a en effet restreint de près de deux tiers la liste des pays auxquels les entreprises spécialisées dans la surveillance informatique et le piratage informatique pourront vendre leurs outils, la faisant passer de 102 à seulement 37.
La marge de manœuvre se réduit à vue d'œil pour les éditeurs israéliens
Parmi les 37 pays qu'Israël a décidé de maintenir à l'export, on retrouve l'Australie, le Canada, la France, l'Allemagne, l'Italie, la Corée du Sud, l'Espagne, la Suisse, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et… les États-Unis. Passer de 102 à 37 pays réduit grandement la marge de manœuvre des entreprises éditrices comme NSO. Mais le gouvernement israélien a fait le choix d'écarter les régimes qu'il considère comme autocratiques, totalitaires.
Ce n'est pas pour sanctionner ses propres entreprises que le gouvernement d'Israël a pris cette décision, mais bien pour lutter contre les violations des droits de l'Homme (espionnage de journalistes, gouvernements, hommes politiques, militants et autres) qui ont pu découler de l'utilisation des logiciels de NSO Group ou de Candiru par certains gouvernements.
Pour autant, le manque de communication autour de ce recul pose question sur la volonté réelle d'Israël. Était-ce de son plein gré ou sous la pression de pays partenaires ? Il y a quelques jours, une réunion secrète se serait tenue entre la France et Israël, pour discuter notamment du possible espionnage du smartphone du président Emmanuel Macron, via le logiciel Pegasus. Notons que ce vendredi soir, Le Monde nous apprend que la France aurait décidé, fin 2020, de ne pas acheter le logiciel espion Pegasus, malgré deux approches de la société, en 2019 et 2020.
NSO aussi, dépérit à vue d'œil
La décision du gouvernement israélien met un peu plus NSO Group dans l'embarras. Car si Israël n'interdit pas à NSO de travailler aux États-Unis, Washington a placé l'entreprise sur sa liste noire au début du mois de novembre, et Apple a déposé une plainte devant un tribunal californien pour que l'entreprise cesse de cibler des iPhone. Les restrictions pleuvent comme du petit pain, et ce n'est pas tout.
Déjà redevable d'une dette de 500 millions de dollars, voilà que l'agence de notation Moody's a revu la note de NSO à la baisse, la faisant basculer de deux crans vers le bas. NSO passe donc de la note B3 (« Très spéculatif ») à Caa2 (« Ultra spéculatif »). L'agence new yorkaise semble en effet penser que la firme israélienne pourrait bientôt se retrouver en défaut de paiement, étant incapable d'obtenir les liquidités nécessaires au remboursement de sa dette. NSO Group est aujourd'hui, aux yeux de Moody's, huit crans en dessous de la note d'investissement (Baa3).
Cette année, les bénéficies de NSO devraient être 6,5 fois moins importants que la dette elle-même. Le futur de l'entreprise s'inscrit désormais en pointillé.
Source : Bloomberg, The Record, Le Monde