Les vols en jet privé bientôt interdits ? Le dossier est sur le bureau des députés

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 10 mars 2023 à 09h00
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Les députés écologistes portent une proposition de loi visant à interdire les vols en jet privé, qui sera discutée d'ici la fin du mois de mars en commission.

Menés par Julien Bayou, les députés écologistes défendront le 28 mars prochain leur proposition de loi d'interdiction des vols en jet privé en commission du développement durable et de l'aménagement du territoire. Les élus verts, qui estiment que « les caprices d'une poignée de privilégiés n'auront jamais autant pollué », se nourrissent du constat fait par l'ADEME en 2019. Selon l'agence, le secteur de l'aérien pèse pour 5,3 % des émissions totales de la France, et les jets privés, pour 0,4 %. Ils mettent aussi en valeur une autre donnée, issue d'un rapport de l'ONG Transport & Environnement : les jets privés sont 5 à 14 fois plus polluants que les avions commerciaux avec passagers. Ils sont en effet deux fois plus susceptibles d'être sollicités pour des trajets très courts. À l'heure où tout un chacun est invité à faire preuve de sobriété énergétique, cela paraît aberrant.

Transition climatique, justice, fin des caprices : les écologistes dégainent leurs arguments contre les jets privés

Insistant sur la notion de « caprice » pour justifier l'interdiction des vols en jet privé, l'auteur de la loi, Julien Bayou, utilise les arguments de l'urgence et de la nécessité de la transition climatique ainsi que l'idée de justice. Mais qu'est-ce que le texte vise plus précisément ?

Avec seulement deux articles qui se chevauchent, la proposition de loi vise « l'interdiction des services de transport aérien non réguliers de passagers ne faisant pas l'objet d'une exploitation commerciale ». On parle ici des vols pour lesquels les utilisateurs vont payer à la demande pour privatiser un appareil, ou qui vont en bénéficier de la part d'une autre personne ou d'une entreprise.

L'interdiction s'appliquerait ainsi aux vols de moins de 60 passagers, une qualification choisie pour évoquer le cas des jets privés qui, eux, n'existent historiquement pas sous cette dénomination dans la loi française. « De plus, le seuil de 60 passagers permet de maintenir certains vols tels que ceux affrétés par une agence de voyages », tente de justifier le député de Paris Julien Bayou.

Certains aménagements sont prévus, quel avenir pour cette proposition de loi ?

Certaines exceptions viennent un peu atténuer le côté drastique du texte. Les vols dits d'intérêt général pourront toujours être opérés, comme les vols de sauvetage, médicaux ou de sécurité civile, mais également les activités des aéroclubs. Une évaluation des dispositions serait menée trois ans après l'entrée en vigueur de la loi.

Le texte se limite également au territoire métropolitain, « en raison des spécificités géographiques et topographiques des départements et régions d’outre‑mer, des collectivités d’outre‑mer, de la Nouvelle‑Calédonie ainsi que des Terres australes et antarctiques françaises ».

Vous vous posez sans doute la question du potentiel de cette loi auprès des députés et des sénateurs. Le gouvernement livrerait sans aucun doute une farouche opposition à cette proposition de loi, et il devrait en être de même pour une large partie des parlementaires, généralement hostiles à cette thématique.

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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keyplus

normal

Ccts

Mais bien sûr. Interdisons l’aviation d’affaire et faisons couler les centaines de boites et les milliers d’emplois qui vont avec. Tiens interdisons aussi les voitures de plus de 150cv car ça ne sert à rien. L’aviation a un intérêt, c’est que la gestion du kérosène est centralisée sur peu de pointsd’approvisionnement. Et c’est le domaine le plus à la pointe sur les carburants de substitution comme le SAF à partir d’huiles usagées qui est en train d’être certifié sur de plus en plus d’appareils. La mise en place sur le terrain de nouveaux carburants se fera beaucoup plus vite que pour les stations services et les aires d’autoroute. Vous voulez baisser le CO2 : faites des voitures plus légères. Aujourd’hui les constructeurs ralent car impossible d’avoir 5* aux crash test sans une voiture plusieurs 100aines de kg trop lourdes. Va falloir que les gens apprennent à faire gaffe en roulant comme ils apprennent à trier les déchets, que l’on puisse à nouveau construire des voitures légères et pas des tanks de 2t qu’ils jettent contre tout ce qui bouge et sortent indemnes en disant : a bas j’avais pas vu j’étais sur tik tok…. Aller c’est bon j’arrête de m’énerver… je vais me faire une verveine.

ultrabill

C’est plus symbolique et dogmatique que véritablement écologique. J’ose espérer que Bayou se déplace exclusivement en train, VE et vélo.

zoup01

60 personnes, ce chiffre est trop élevé…
Il y a souvent moins de monde dans des vols inter régionaux ou inter îles ( Antilles).

TheWitcher

Mince que vais-je faire de mon jet…

xavz78

L’écologie politique dans toute la splendeur de son irrationalité du haut de sa tour d’ivoire, hors sol.

salvia34

Aaaaaaaaah, enfin une bonne nouvelle sur Clubic ! :slight_smile:

MattS32

Le SAF, c’est hélas en partie de la poudre aux yeux : la quantité de carburant consommée par le secteur de l’aviation est supérieure de plusieurs ordres de grandeur à la quantité d’huiles végétales usagées disponible. Ça permettra de réduire les émissions de l’aviation. Mais faut vraiment pas espérer une aviation tournant principalement au SAF.

L’aviation, comme tous les autres moyens de transports, sauf peut-être le rail et le maritime, n’échappera pas à une réduction de son usage. C’est impossible autrement.

Et dans cette réduction de l’usage, il faut commencer par pousser à réduire les usages individuels au profit des usages collectifs, bien plus efficaces environnementalement. L’interdiction, c’est sans doute un peu violent (mais je met ma main à couper que ça ne sera pas voté), mais clairement, il faut mettre en place des mesures pour inciter fortement à réduire l’usage des jets privés ou à mieux les « amortir » (par exemple en transportant en plus du fret urgent…).

twist_oliver

Disons que c’est un ensemble cohérent de petites mesures qu’il faudrait. Sans avoir la solution il faut effectivement inciter fortement à déplacer les trajets courts en avion (jet ou pas) vers d’autres moyens de transports (taxe à la petite distance ?). Inciter à diminuer la taille des voitures, en tenant compte de la situation de chacun, c’est d’ailleurs ce qui est fait avec le malus de 10€/kg sur les véhicules lourds avec une décôte pour les familles nombreuses, mais il faudrait aller plus loin, ces 10€ c’est ridicule par rapport au malus écologique lié au CO2. Augmenter la taxe sur le recyclage etc. Le faire doucement mais sûrement. Mais bon pour faire qqchose doucement mais dans la bonne direction il faut avoir une vision, un cap, un capitaine…

g-m1n1

Ca ne passera pas et pourtant cela ferait sens.

Évidemment avec conditions exceptionnelles pour la sécurité, urgence médicale, chef d’état,… etc.

Bon après un vol avec moins de 60 passagers, j’en ai déjà fait et il était commercial.

Faut être un peu plus précis.