Meta a littéralement été prise la main dans le sac. Deux producteurs de contenus pour adultes l'accusent de piratage massif : elle aurait téléchargé des milliers de leurs vidéos via BitTorrent pour entraîner ses modèles d’intelligence artificielle (IA).

Voilà une nouvelle sombre affaire pour Meta. ©Algi Febri Sugita / Shutterstock
Voilà une nouvelle sombre affaire pour Meta. ©Algi Febri Sugita / Shutterstock
L'info en 3 points
  • Meta est accusée par deux studios de films pour adultes d'avoir piraté 2 396 vidéos via BitTorrent.
  • Les vidéos auraient servi à entraîner les IA de Meta, qui les aurait aussi partagées illégalement.
  • Les plaignants réclament 359 millions de dollars et une interdiction d'utiliser leurs contenus à l'avenir.

Au mois de juin, Meta affrontait des écrivains dans une autre affaire autour de la propriété intellectuelle. À cette occasion, le groupe a reconnu avoir eu recours à des contenus piratés pour alimenter ses IA.

Une révélation qui a mis la puce à l’oreille de Strike 3 Holdings et Counterlife Media, deux studios spécialisés dans les films pour adultes. Ils ont alors décidé d'analyser leurs propres données issues de VXN Scan, un outil de traçage interne… Et quelle ne fut pas leur surprise.

2 396 vidéos concernées

Cette initiative leur a en effet permis d'identifier 47 adresses IP liées à Meta. Les deux sociétés accusent désormais le groupe de Mark Zuckerberg d’avoir téléchargé et partagé illégalement au moins 2 396 vidéos protégées par le droit d’auteur via BitTorrent.

Objectif présumé : accélérer l’entraînement de ses modèles d’intelligence artificielle comme Meta Movie Gen, Llama et Meta AI, en s’appuyant sur des vidéos à forte valeur visuelle et émotionnelle. Meta aurait même continué à diffuser ces contenus dans les réseaux pirates pendant des semaines, afin de profiter du système de partage dit « tit-for-tat » de BitTorrent, et ainsi télécharger d’autres fichiers plus rapidement.

« Le défendeur était parfaitement conscient de ce mécanisme et, selon toute vraisemblance, c’est la raison pour laquelle il a choisi de distribuer en continu le contenu des plaignants au lieu de simplement s’abonner ou de modifier ses clients BitTorrent pour ne faire que du téléchargement », dénoncent les deux sociétés de production dans une plainte explosive. Cette diffusion a aussi permis à d’autres utilisateurs, y compris des mineurs potentiels, d’accéder aux contenus piratés.

Le logo de Meta sur la devanture d'un immeuble. ©Skorzewiak / Shutterstock
Le logo de Meta sur la devanture d'un immeuble. ©Skorzewiak / Shutterstock

Meta joue gros

Les plaignants réclament des dommages et intérêts pouvant atteindre 359 millions de dollars, soit jusqu’à 150 000 dollars par œuvre piratée, le maximum prévu par la loi américaine en cas de contrefaçon « volontaire ». Ils demandent également une injonction permanente pour interdire à Meta de continuer à utiliser leurs vidéos, ainsi que la suppression immédiate de tout contenu concerné dans les bases d’entraînement des IA, actuelles ou futures.

En cas de condamnation, Meta risque bien plus que des sanctions financières. L’affaire remet en cause ses pratiques en matière de constitution de jeux de données pour ses IA, un sujet déjà sensible sur le plan éthique et juridique. Si la plainte est jugée recevable et que les preuves sont solides, cela pourrait ouvrir la voie à d’autres actions en justice.

Et au-delà, cette affaire pourrait s'avérer hautement néfaste pour l’image de Meta, déjà fragilisée par d’autres polémiques autour de la vie privée, de la modération des contenus ou de ses ambitions dans l’IA. D'autant qu'elle mène actuellement une campagne ultra agressive pour monter une « super équipe » d'ingénieurs et devenir le numéro 1 mondial de l'IA…

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