Les quatre satellites de la constellation CO3D d'Airbus ont décollé puis ont bien été placés en orbite depuis Kourou, samedi. Ils vont pouvoir remplir leur mission ô combien importante : créer la première cartographie 3D planétaire avec un tel niveau de précision.

Fermeture de la coiffe d'un satellite de la constellation CO3D © CNES/ESA/Arianespace/optique video CSG/S Martin 2025
Fermeture de la coiffe d'un satellite de la constellation CO3D © CNES/ESA/Arianespace/optique video CSG/S Martin 2025

C'est fait ! Les satellites de la constellation CO3D (Constellation Optique 3D) ont rejoint l'espace le 26 juillet 2025, propulsés par une fusée Vega-C depuis le port spatial européen de Kourou. Nous voilà au début d'une aventure technologique ambitieuse qui va consister à créer la première cartographie 3D mondiale haute résolution. Airbus et le Centre national d'études spatiales (CNES) peuvent savourer ce succès qui ouvre des perspectives fascinantes pour l'observation de notre planète.

Des satellites haute résolution enfin en place pour cartographier la France en 3D

Voyons les satellites CO3D comme des sentinelles spatiales de 285 kilogrammes, qui évoluent désormais à 502 kilomètres d'altitude sur une orbite héliosynchrone. Leur configuration très bien pensée, en paires opposées et espacées de 100 kilomètres, leur permettra de capturer des images stéréoscopiques d'une résolution exceptionnelle de 50 centimètres. Du jamais vu dans l'histoire de l'observation satellitaire civile !

Les satellites sont dotés d'une capacité à voir dans le noir, avec un système laser LASIN, installé sur l'un des quatre satellites, qui multiplie carrément par dix les débits de téléchargement, comparé aux émetteurs bande X classiques, pour atteindre 10 gigabits par seconde.

Les six prochains mois seront consacrés aux tests orbitaux, puis viendra le moment d'entamer la mission principale. Cette mission prendra la forme d'une campagne de 18 mois qui servira à cartographier la France et « l'arc de crise », pour la géopolitique. Tout cela permettra de garantir la fiabilité des données qui alimenteront ensuite un segment sol numérisé exploité par Airbus. L'objectif : produire un modèle numérique de surface mondial inédit.

La constellation repose sur la plateforme S250 de nouvelle génération, développée par Airbus avec l'aide du CNES et déjà convoitée pour ses performances. Alain Fauré, qui n'est autre que le responsable des systèmes spatiaux chez Airbus, le confirme : « Ces satellites peuvent désormais fournir une carte 3D révolutionnaire de notre planète et offrir des capacités d'observation à haute revisite et haute résolution ».

Airbus repousse les limites de l'imagerie satellite

C'est ce qui assez fascinant avec les satellites CO3D, c'est leur mode d'observation baptisé « Step and Stare ». Précisément, chaque satellite utilise son détecteur matriciel pour shooter des images précises (Stare), puis se repositionne avec une agilité remarquable entre chaque prise (Step). La technique permet de couvrir des zones de 7, 14, 21 ou 28 kilomètres de largeur selon les besoins opérationnels.

Airbus s'appuie sur son savoir-faire acquis avec la constellation OneWeb pour optimiser la production. L'assemblage s'effectue d'ailleurs sur une chaîne moderne à Toulouse, inspirée des méthodes de l'automobile et de l'aéronautique. Le processus permet d'intégrer des composants commerciaux adaptés aux contraintes spatiales, de quoi réduire les coûts, tout en maintenant la fiabilité.

Cerise sur le gâteau spatial : le satellite MicroCarb a aussi rejoint l'orbite lors de ce lancement. Équipé d'un spectromètre haute précision fabriqué par Airbus, il cartographiera la teneur en carbone atmosphérique à l'échelle planétaire. Cette mission complémentaire est menée par le CNES et la Space Agency (l'agence spatiale britannique).