Depuis le 25 juillet, certains appels en provenance de l’étranger peuvent s’afficher avec un numéro composé uniquement de 9. Une nouveauté voulue par l’Arcep pour éviter les fraudes.

- L'Arcep introduit le numéro 99 99 99 99 99 pour signaler les appels non authentifiés, limitant les fraudes.
- Les opérateurs doivent vérifier les numéros utilisés par leurs clients pour renforcer la sécurité des appels.
- Des numéros réservés pour les appels d'intérêt général sont introduits, excluant les usages commerciaux.
On peut être surpris, ou franchement méfiant, en voyant s’afficher une suite de 9 à l’écran. Le numéro 99 99 99 99 99 n’est pourtant pas une plaisanterie. Il a été mis en circulation à la demande de l’Arcep, dans le cadre de sa lutte contre l’usurpation d’identité lors des appels téléphoniques, en particulier ceux transitant par l’étranger.

- Gratuit
- Protection garantie par la loi
- Inscription facile
L’affichage du « 99 » devient un outil de protection pour les appels non authentifiés
Aujourd’hui, la quasi-totalité des opérateurs français applique un dispositif d’authentification obligatoire des numéros d’appelant. Ce dispositif fonctionne grâce à l’identification de l’opérateur à l’origine de l’appel. Cette information circule ensuite jusqu’au destinataire, ce qui permet de retracer un appel frauduleux a posteriori. Mais ce système montre ses limites.
Depuis janvier 2025, la plateforme « J’alerte l’Arcep » a reçu plus de 10 000 signalements liés à des usurpations de numéros. En particulier, des appels frauduleux utilisant des numéros mobiles français arrivent depuis l’étranger. Pour l’instant, les opérateurs ne peuvent pas toujours distinguer ces appels de ceux passés par des Français en itinérance. Résultat : des appels douteux passent entre les mailles du filet.
Pour y remédier, l’Arcep propose de généraliser l’affichage du numéro « 99 99 99 99 99 » dans deux cas. D’abord, lorsque l’authentification échoue sur un appel international présenté avec un numéro mobile français. Ensuite, quand des contraintes techniques empêchent les opérateurs de transmettre les données d’authentification. Le destinataire verra donc ce numéro fixe à l’écran, ce qui signalera que le numéro d’appelant n’a pas pu être confirmé.
Ce choix permet de laisser passer les appels potentiellement légitimes, sans exposer les abonnés à des appels affichés avec de faux numéros. L'Arcep le précise dans sa note : « cette valeur fixe indiquera au destinataire de l’appel que le numéro affiché a dû être remplacé en l’absence de mécanisme permettant l’authentification ».
Mais afficher un numéro neutre comme « 99 » n’est qu’un volet de la réponse. L’autre partie se joue côté opérateurs. Pour éviter que des clients utilisent des numéros qui ne leur appartiennent pas, l’Arcep leur demande d’être plus stricts.
Chaque opérateur devra vérifier les numéros que ses clients utilisent pour émettre des appels. Ces numéros devront figurer explicitement dans le contrat, et les systèmes techniques devront empêcher l’utilisation d’autres numéros. Autrement dit, impossible d’indiquer n’importe quel numéro en identifiant d’appelant. Cela renforce le maillon d’origine dans la chaîne de confiance.
Ce contrôle, combiné à l’affichage du numéro « 99 » lorsque l’authentification ne passe pas, doit limiter les détournements. L’Arcep note aussi que certaines failles techniques existent encore sur des équipements anciens ou mal configurés. Ces failles peuvent être utilisées par des fraudeurs expérimentés. Là encore, la consigne reste la même : mieux vaut afficher le numéro neutre que laisser passer un faux.
Une chaîne de contrôle renforcée pour les opérateurs et leurs clients
Au passage, l’Arcep introduit aussi une nouvelle catégorie de numéros réservés aux appels automatisés à caractère d’intérêt général. Il peut s’agir, par exemple, d’alertes envoyées par des administrations ou d’informations liées à la santé publique. La liste des organisations autorisées sera définie par arrêté ministériel. Les numéros correspondants ne pourront pas être utilisés par des acteurs commerciaux.
Le projet, ouvert à la consultation jusqu’au 26 septembre, contient également d’autres ajustements techniques. En Outre-mer, certaines plages de numérotation commencent à manquer. L’Arcep prévoit donc d’attribuer de nouveaux blocs de numéros pour répondre à la demande croissante. En parallèle, l’autorité envisage de bloquer l’affichage des numéros courts surtaxés comme identifiants d’appelant, une pratique parfois utilisée dans des campagnes agressives de démarchage. Un gel temporaire des numéros résiliés est également envisagé pour éviter leur réattribution prématurée à un autre utilisateur.
D’une manière générale, mieux vaut ne pas rappeler un numéro que l’on ne reconnaît pas. En cas de doute, il existe plusieurs applications ou services, dont on vous avait déjà parlé sur Clubic, mais qui valent toujours la peine qu'on les rappelle:
- Activez le filtrage automatique des numéros inconnus sur votre smartphone. Sur iPhone, passez par Réglages → Téléphone → « Appels d’inconnus silencieux ». Sur Android, certaines applications comme Google Téléphone ou Begone filtrent efficacement selon les bases de spam
-
Les applications spécialisées et services d'opérateurs, comme Orange Téléphone, proposent un service de blocage d'appels indésirables
- Inscrivez vos numéros sur la liste Bloctel pour éviter les démarchages commerciaux. Ce service reste gratuit et proposé par l’État
- Utilisez des applications spécialisées comme TrueCaller, Hiya ou « Dois‑je répondre ? » pour identifier les numéros suspects et bloquer automatiquement les appels
- Transférez les appels ou SMS douteux au 33700. Ce service permet un signalement simple et direct, accessible via SMS ou capture d’écran
- En cas d’appel, attendez que l’interlocuteur se présente. Demandez-lui « Merci de m’ajouter à votre liste à ne plus contacter ». C'est légal et peut couper court au démarchage
Source : Arcep