La France a inauguré, mercredi, son nouveau Conseil de l'intelligence artificielle et du numérique. L'instance remplace l'ancien Conseil national du numérique, en se mettant en phase avec la Tech d'aujourd'hui.

Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l'IA et du Numérique, a procédé à l'installation du nouveau Conseil de l'intelligence artificielle et du numérique. L'instance, qui succède au vieillissant Conseil national du numérique créé il y a près de quinze ans, sera dirigée par Anne Bouverot et surtout Guillaume Poupard, connu pour avoir présidé l'ANSSI, l'agence française cyber, jusqu'en 2022. La nouvelle entité aura pour mission d'éclairer les décisions publiques cruciales qui seront prises ces prochaines années en France, sur la large thématique des technologies.
La France créé son autorité indépendante pour l'intelligence artificielle
Pendant que l'intelligence artificielle redessine nos économies, nos métiers et notre rapport au monde, la France se dote d'un outil d'expertise remis à neuf. En donnant naissance au Conseil de l'IA et du numérique, Clara Chappaz a voulu « affirmer la nécessité d'un regard indépendant, lucide, exigeant sur l'intelligence artificielle, pour éclairer les choix publics ».
Le gouvernement veut montrer une sorte rupture assumée avec les missions précédentes du Conseil national du numérique. Son objectif est de faire du Conseil un véritable interlocuteur pour l'État et les acteurs du numérique, capable d'orienter les politiques publiques vers l'excellence, dans un secteur aussi complexe qu'interdisciplinaire.
Il faut dire que la révolution de l'intelligence artificielle (du moins générative) et les changements géopolitiques profonds sont à l'origine de priorités nouvelles pour la France. Ce conseil devra donc servir de boussole stratégique, notamment sur la question des enfants face aux dérives du numérique.
Anne Bouverot et Guillaume Poupard dirigeront le collège d'experts IA
Anne Bouverot et Guillaume Poupard ont été choisis pour être les coprésidents de cette nouvelle instance stratégique, un choix à deux têtes donc qui peut paraître curieux. Toujours est-il que sur le papier, leurs profils sont assez complémentaires. Ensemble, on peut imaginer qu'ils parviendront à allier l'expertise technique pointue et une vision stratégique de long terme.
Anne Bouverot est aujourd'hui présidente du conseil d'administration de l'ENS (École normale supérieure. Elle a dans le passé travaillé chez Orange et dirigé l'association mondiale des opérateurs mobiles. Guillaume Poupard, lui, a dirigé l'ANSSI avec sérieux pendant huit ans (2014-2022), faisant l'unanimité ou presque dans le vaste monde cyber français. Il est depuis le directeur général adjoint de Docaposte.
Cette co-présidence sert une volonté d'équilibre subtil entre différents écosystèmes numériques. Le Conseil rassemble quinze membres issus d'univers très différents, avec des chercheurs comme François Chollet (co-fondateur de Ndea), des entrepreneurs comme Gabriel Hubert (Dust), mais aussi des industriels, des responsables locaux et des praticiens du terrain.
L'indépendance est le maître-mot absolu de cette nouvelle gouvernance institutionnelle. Le Conseil a pour mission d'éclairer et de conseiller sur les sujets technologiques en toute indépendance. Sa vocation est d'enrichir le débat démocratique, d'alerter si nécessaire et d'ouvrir des pistes nouvelles. Il sera un espace de veille, d'analyse et de confrontation des idées, loin des logiques partisanes traditionnelles.
Le premier rapport du Conseil IA est attendu pour l'hiver 2025
Quand est-ce que le Conseil démarrera ses travaux ? Dès l'été 2025, précise le gouvernement, avec un programme particulièrement chargé. La première étape stratégique consiste à recueillir les orientations de la ministre, puis d'organiser une consultation publique. Les citoyens pourront directement proposer les questions prioritaires à inscrire au programme de travail de cette instance gouvernementale.
L'automne 2025 marquera l'accélération des réflexions programmatiques. Le Conseil présentera son programme définitif après consultation approfondie du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan, vous vous souvenez, cette entité chère à Emmanuel Macron et menée par François Bayrou pendant cinq ans (et aujourd'hui Clément Beaune). Une coordination interministérielle soigneusement orchestrée visera en tout cas à aligner les travaux du Conseil, avec les priorités nationales de long terme.
Si on se projette un peu plus encore, la première publication officielle du Conseil est attendue pour cet hiver. Un délai particulièrement serré, mais sujets ne manquent pas : soutenabilité numérique, usages de l'IA, souveraineté technologique, protection des enfants en ligne ou encore questions d'éthique. Le défi sera de transformer cette expertise collective diversifiée en recommandations concrètes et véritablement opérationnelles pour l'action publique.