Alors qu'Apple cherche à combler son retard dans le domaine de l'intelligence artificielle, la tentation de racheter un moteur de recherche dopé à l'IA pour plusieurs milliards de dollars pourrait être une « idée mal avisée ». C'est l'avertissement lancé par les analystes de la banque d'affaires Morgan Stanley, qui estiment qu'une telle manœuvre stratégique irait à l'encontre de la culture et des objectifs à long terme de la firme de Cupertino.

- Apple pourrait envisager d'acheter un moteur de recherche IA, mais Morgan Stanley déconseille cette stratégie risquée.
- L'entreprise privilégie l'IA locale pour respecter la confidentialité et réduire l'empreinte carbone de ses produits.
- Apple continue d'intégrer l'IA dans son écosystème via des acquisitions ciblées et des partenariats, sans bouleverser son ADN.
Apple est à un carrefour. Après avoir lancé Apple Intelligence pour rattraper son retard apparent, l'entreprise multiplie les pistes pour renforcer son écosystème. Mais céder à la tentation d'une acquisition majeure pour concurrencer frontalement Google ou Perplexity pourrait la détourner de ses forces fondamentales : la confidentialité et l'intégration matérielle.
La fausse bonne idée d'un rachat massif
Cette stratégie permet également à Apple de se positionner sur le plan environnemental. En privilégiant le traitement local, l'IA d'Apple se veut plus écolo en limitant le recours à des centres de données extrêmement énergivores, un point sur lequel l'entreprise continue d'insister pour atteindre ses objectifs climatiques de 2030.
La véritable force d'Apple avec Apple Intelligence réside dans son approche axée sur la confidentialité, avec un traitement des données qui s'effectue majoritairement « en local » (on-device). La plupart des tâches, comme la synthèse de notifications ou la génération d'images, sont réalisées directement sur l'iPhone ou le Mac, sans que les informations personnelles ne quittent l'appareil. L'acquisition d'une technologie de recherche centralisée basée sur le cloud pourrait compromettre cette promesse.

L'analyse de Morgan Stanley est sans appel : Apple ne doit pas acheter un moteur de recherche IA. Une telle manœuvre irait à l'encontre de l'ADN de l'entreprise, dont le modèle économique repose sur la vente de matériel et de services intégrés, et non sur la collecte de données massive inhérente à la recherche en ligne. Se lancer dans cette arène signifierait un changement de cap radical et risqué.
Une stratégie d'acquisitions ciblées, pas un coup de poker
Plutôt que de signer un chèque à neuf ou dix chiffres pour un acteur établi, la méthode d'Apple a jusqu'ici consisté en une série d'acquisitions chirurgicales. En 2023, la firme a racheté 32 startups spécialisées en IA. L'exemple de DarwinAI, une jeune pousse canadienne, illustre bien cette démarche : sa technologie permet de créer des modèles d'IA plus petits et plus rapides, idéaux pour une exécution sur un appareil mobile.
Ces manœuvres discrètes, comme les deux nouvelles acquisitions récentes dans le domaine, visent à intégrer des briques technologiques spécifiques plutôt qu'à absorber une culture d'entreprise et un modèle économique étrangers. C'est pourquoi les rumeurs insistantes sur un possible rachat de la pépite française Mistral AI, valorisée à plusieurs milliards d'euros, suscitent autant d'interrogations. Une telle opération représenterait le type de « coup de poker » qui inquiète les analystes.
L'approche d'Apple sur des marchés complexes comme la Chine montre d'ailleurs sa préférence pour les partenariats sur mesure. Pour se conformer aux régulations locales, l'entreprise n'hésite pas à utiliser des modèles open source chinois fournis par des partenaires comme Alibaba et Baidu, plutôt que d'imposer une solution globale unique.
L'avenir de l'IA selon Apple : intégration et maîtrise
Le vrai défi pour Apple n'est pas de devenir un nouveau Google, mais d'intégrer l'IA de manière intelligente dans ses produits existants. L'avenir de Safari en est la parfaite illustration. L'entreprise a confirmé être en discussion avec Perplexity, OpenAI et Anthropic pour enrichir son navigateur. L'objectif n'est pas de remplacer Google par défaut, mais d'offrir aux utilisateurs des options de recherche conversationnelle plus avancées.
Cette stratégie d'intégration permet à Apple de conserver la maîtrise de l'expérience utilisateur tout en répondant aux nouvelles habitudes nées avec l'IA générative. Elle a été motivée par une première baisse du trafic de recherche sur Safari en avril 2025, signe que les utilisateurs se tournent déjà vers ces nouvelles interfaces.
En définitive, la voie la plus probable pour Apple reste celle d'une amélioration progressive de son écosystème, en s'appuyant sur ses points forts que sont le matériel, le logiciel et la protection de la vie privée. L'avertissement de Morgan Stanley sonne comme un rappel crucial : dans la course à l'IA, vouloir prendre un raccourci pourrait bien être le chemin le plus long et le plus périlleux.
Source : 9to5mac