Dans le secret des bureaux d’OpenAI, ChatGPT a vu le jour sans plan préétabli, porté par une culture d’entreprise autant agile que chaotique. Derrière cette ascension fulgurante, Slack règne sans partage, orchestration numérique où germent les idées, parfois au cœur du tumulte.

- OpenAI a développé ChatGPT sans plan préétabli, favorisant une culture d'entreprise agile et expérimentale.
- Slack est l'outil central d'OpenAI, remplaçant l'email pour encourager la créativité et la réactivité.
- La flexibilité radicale d'OpenAI permet des changements rapides, mais crée aussi un environnement chaotique.
Derrière l’interface familière de ChatGPT se cache une organisation qui bannit presque l’e-mail au profit de Slack. Cette plateforme, pensée à l’origine pour la simple messagerie d’équipe, s’est muée en colonne vertébrale logistique et créative. Plongée dans un écosystème où l’itération rapide prime sur toute vision figée.

- Chat dans différentes langues, dont le français
- Générer, traduire et obtenir un résumé de texte
- Générer, optimiser et corriger du code
Entre désordre et fulgurance : la recette OpenAI
La montée de ChatGPT est un cas d’école dans l’industrie technologique : une organisation où l’absence d’email et l’omniprésence de Slack catalysent la créativité autant qu’elles entretiennent l’imprévu. En quelques mois seulement, le nombre d’employés d’OpenAI a triplé, passant de mille à trois mille. Cette croissance exponentielle, déjà analysée lors du choix du nom ChatGPT, accentue la nécessité d’outils de collaboration souples et réactifs.
Chaque canal Slack devient un laboratoire où « tout, absolument tout, se décide ». Les échanges y sont constants et parfois étourdissants, mettant à rude épreuve les collaborateurs peu organisés. Loin des méthodes rigides, OpenAI progresse sans roadmap figée : les percées surviennent quand la recherche les révèle, invitant l’équipe à changer de cap dès qu’une meilleure voie s’ouvre. Cela explique la capacité de l’entreprise à, par exemple, proposer un nouveau modèle à la veille du lancement ou à boucler le développement de Codex en sept semaines, avec une équipe resserrée mais focalisée sur l’objectif.
À contre-courant des grands groupes, OpenAI n’utilise quasiment pas l’email. Un ancien ingénieur cite moins de dix messages reçus en un an : la vie interne bat au rythme des notifications Slack, jusqu’à devenir source de distraction pour les non-initiés. Slack Connect permet de fluidifier le dialogue avec les partenaires et les clients, mais sert aussi de forum interne, de banc d’essai et même d’arène d’arbitrage pour les meilleures idées. Les dirigeants eux-mêmes changent de responsabilités au rythme de la croissance, illustrant la flexibilité radicale qui prévaut.
Cette culture s’étend au processus décisionnel : les directions changent fréquemment, dès qu’une information nouvelle ou un test les justifie, sans craindre la remise en question. À cet égard, OpenAI se démarque de ses concurrents grâce à une horizontalité assumée, où la politique interne pèse moins lourd que l’exécution concrète des projets. Face aux pressions des investisseurs et aux tensions avec Microsoft évoquées récemment, cette réactivité constitue à la fois une force et une source de chaos permanent.
Transparence, secret et course à la performance
Le revers de cette médaille reste une grande opacité, même en interne. Certains espaces Slack nécessitent des droits d’accès spécifiques, surtout pour les données les plus sensibles comme les métriques financières. Le bruit médiatique précède parfois l’information officielle, ce qui complexifie la gestion des projets et la cohésion des équipes. L’attention portée aux réseaux sociaux, notamment à X, teinte parfois la dynamique interne et la réactivité extérieure.
La sécurité et l’intégrité des modèles restent pourtant prioritaires : un collectif dédié aux systèmes de sécurité veille à limiter les dérives, tout en maintenant la cadence imposée par la multiplication des expérimentations. Ce pari sur l’agilité, revisité dans les débats autour de nouveaux noms ou de l’ouverture des modèles, oblige OpenAI à jongler entre génie créatif et gestion du chaos.
Parmi les géants du numérique, rares sont ceux à pousser aussi loin l’horizontalité et le mode projet itératif. Là où des firmes comme Google privilégient la coordination par email et les process planifiés, OpenAI parie sur la spontanéité et une communication en temps réel, générant un flux d’idées digne des scènes de discussions des armées de start-up de la Silicon Valley.
Mais ce modèle est-il exportable ? Face aux départs vers les concurrents, aux défis de la croissance et aux pressions économiques, OpenAI devra sans doute ajuster ce savant dosage entre chaos générateur de talent et discipline nécessaire à la pérennité. Pour l’heure, Slack demeure la coulisse de cette aventure, aussi prodigieuse qu’imprévisible.
Source : Windows Central