La start-up bordelaise HyPrSpace prépare le lancement de sa fusée Baguette One depuis la France en 2026. Ce tir suborbital partira d’un site militaire de la Direction générale de l’armement. Il marquera une première pour une entreprise privée dans le spatial français.

HyPrSpace développe un moteur de fusée hybride pour une nouvelle génération de lanceurs, ici Orbital Baguette-1 (OB-1) adapté aux missions orbitales - © HyPrSpace
HyPrSpace développe un moteur de fusée hybride pour une nouvelle génération de lanceurs, ici Orbital Baguette-1 (OB-1) adapté aux missions orbitales - © HyPrSpace
L'info en 3 points
  • HyPrSpace, une start-up bordelaise, prévoit de lancer sa fusée Baguette One depuis un site militaire français en 2026.
  • Le moteur hybride innovant de Baguette One, sans turbopompe, vise à réduire coûts et complexité des lancements.
  • Le projet, soutenu par le CNES et l'ESA, marque une avancée pour le secteur spatial privé en France.

L’entreprise HyPrSpace, fondée en 2019 près de Bordeaux, lancera en 2026 sa fusée Baguette One depuis le territoire français. Ce micro-lanceur doit atteindre 300 kilomètres d’altitude avant de redescendre sous parachutes. Le site retenu sera l’un des trois sites militaires de la DGA : Biscarrosse, Saint-Médard-en-Jalles ou l’île du Levant.

La start-up bordelaise développe un moteur hybride breveté, qui combine carburant solide et oxygène liquide. Ce vol d’essai servira à tester la technologie dans des conditions réelles. Un second modèle, Orbital Baguette One, (vous l'avez ? ) destiné aux missions orbitales, est en préparation.

Une technologie hybride innovante pour simplifier le moteur

HyPrSpace, que Clubic vous avait déjà présenté comme l'une des 200 pépites françaises du « New Space » utilise un moteur hybride conçu pour réduire la complexité et le coût. Le moteur combine un carburant solide à base de polymère recyclé et de l’oxygène liquide. Il ne comporte pas de turbopompe, un élément lourd à fabriquer et à maîtriser. Le flux d’oxygène est contrôlé par des vannes.

Le fondateur Sylvain Bataillard explique : « L’idée est de se passer de turbopompe. Un système extrêmement complexe, difficile à maîtriser et cher ». Le moteur, baptisé Terminator, contient trente fois moins de pièces que les moteurs classiques de même puissance.

HyPrSpace a mené plusieurs essais au sol entre 2021 et 2024. Ces tests ont eu lieu dans les installations de la DGA. « Nous développons quelque chose de nouveau avec une architecture unique, et il y a peu de littérature scientifique sur le sujet », souligne-t-il.

L’entreprise emploie aujourd’hui 90 personnes. Elle a levé 1,1 million d’euros en 2022 puis 35 millions fin 2023. Le projet reçoit le soutien du CNES, de l’Agence spatiale européenne, de la Région Nouvelle-Aquitaine et du programme France 2030.

Le lancement suborbital de Baguette One est prévu au premier semestre 2026 - ©HyPrSpace
Le lancement suborbital de Baguette One est prévu au premier semestre 2026 - ©HyPrSpace

Un lancement inédit sur le sol français encadré par la DGA

Le vol suborbital de Baguette One est prévu en 2026 depuis un site militaire français géré par la DGA. Deux bases se situent en Nouvelle-Aquitaine : Biscarrosse et Saint-Médard-en-Jalles. Le troisième est sur l’île du Levant, près de Hyères dans le Var. La DGA doit trancher entre ces trois sites.

« L’objectif est de monter jusqu’à 300 km d’altitude, puis de redescendre. L’idéal serait de pouvoir récupérer l’étage du lanceur grâce à des parachutes », détaille Sylvain Bataillard.

Ce tir ne transportera aucune charge utile commerciale. Il servira à valider la propulsion en conditions réelles. La récupération d’un étage marquerait un premier pas vers des lancements plus économiques.

Dans l'aérospatial français, d’autres start-up cherchent à développer leurs propres lanceurs. MaiaSpace, filiale d’ArianeGroup, vise un premier tir en 2026. Latitude compte produire une cinquantaine de petits lanceurs par an d’ici 2028. Sirius Space et Dark Space Services projettent aussi des lancements orbitaux dans les prochaines années.

Pour Sylvain Bataillard, « actuellement, si vous voulez mettre un satellite, vous avez deux solutions. Soit demander une place sur la prochaine Ariane 6, mais c’est cher et ça prendra des années, soit aller du côté des Américains ».

Selon Euroconsult, plus de 2 500 lancements suborbitaux ont eu lieu dans le monde entre 2015 et 2024, principalement pour des essais scientifiques. Moins de 5 % ont été réalisés par des entreprises européennes. On espère pouvoir lancer un cocorico dans l'espace.

Source : Sud-Ouest (accès payant)