La Commission européenne hausse le ton contre AliExpress, l'accusant de ne pas suffisamment protéger les consommateurs contre les produits illégaux. Dans le même temps, Bruxelles valide une série d'engagements pris par la plateforme chinoise pour améliorer la sécurité et la transparence.

Le géant du commerce en ligne AliExpress, filiale du groupe Alibaba, se retrouve au cœur d'une procédure formelle initiée par l'Union européenne. L'enjeu est de taille : la conformité avec le Digital Services Act (DSA), le nouveau règlement européen qui impose des règles strictes aux grandes plateformes numériques.
Un avertissement sévère sur la gestion des risques
La Commission européenne a transmis à AliExpress ses conclusions préliminaires, et le constat est sans appel. L'exécutif européen estime que la plateforme a manqué à son obligation d'évaluer et d'atténuer les risques liés à la vente de produits dangereux ou illicites, comme les contrefaçons ou les articles non conformes aux normes de sécurité de l'UE. Cette mise en cause formelle, une première pour l'entreprise dans le cadre du DSA, pourrait déboucher sur une amende considérable, pouvant atteindre jusqu'à 6 % de son chiffre d'affaires annuel mondial.
L'enquête, ouverte en mars 2024, pointe des défaillances systémiques dans les mécanismes de modération d'AliExpress. Bruxelles critique notamment les « ressources limitées » allouées à cette tâche cruciale, rendant les systèmes de contrôle « inefficaces et susceptibles d’être contournés par des vendeurs malveillants ». La Commission reproche également à la plateforme de ne pas appliquer de manière assez stricte sa politique de sanctions à l'encontre des vendeurs qui publient de façon répétée des contenus illégaux.
10 juin 2025 à 17h32
Cette surveillance accrue n'est pas un cas isolé et s'inscrit dans une démarche plus large de régulation du secteur. Elle n'est pas sans rappeler les récentes enquêtes qui ont placé Shein dans le collimateur de l'UE pour des pratiques commerciales jugées trompeuses. La pression réglementaire monte pour tous les géants du commerce en ligne dont le modèle économique repose sur des prix très bas et des volumes d'importation massifs.
Des engagements validés, mais une surveillance renforcée
Malgré ce sévère avertissement, tout n'est pas négatif pour AliExpress. La Commission a simultanément annoncé qu'elle acceptait et rendait juridiquement contraignants une série d'engagements volontaires proposés par la plateforme. Ces mesures visent à corriger plusieurs des lacunes identifiées lors de l'enquête initiale. AliExpress s'est ainsi engagé à améliorer ses systèmes de détection et de signalement des produits illicites, notamment les médicaments, les compléments alimentaires et les contenus pornographiques accessibles aux mineurs.
En rendant ces promesses obligatoires, Bruxelles ferme une partie de son enquête mais place AliExpress sous une surveillance renforcée. La plateforme devra désormais respecter scrupuleusement ses engagements sous peine de sanctions. « Les mesures prises aujourd'hui démontrent la force du DSA pour créer un environnement en ligne plus sûr », a commenté Henna Virkkunen, vice-présidente exécutive pour la Souveraineté technologique, saluant « les engagements d'AliExpress pour devenir une plateforme plus sûre pour les utilisateurs ». La transparence des publicités, les systèmes de recommandation et l'accès aux données pour les chercheurs font également partie des points sur lesquels l'entreprise a fourni des garanties jugées satisfaisantes.
Source : AlternativeTo