Le Sénat a voté à l'unanimité l'interdiction de la promotion de la « fast fashion » par les influenceurs. Une mesure qui vise directement les géants comme Shein et Temu.

Après le gouvernement, ce sont les parlementaires qui tapent fort sur les géants chinois de la fast fashion © Gouvernement
Après le gouvernement, ce sont les parlementaires qui tapent fort sur les géants chinois de la fast fashion © Gouvernement

Les sénateurs français ont tranché ce mardi 10 juin pour ralentir la progression des géants Shein, Temu et AliExpress. La proposition de loi visant à réduire l'impact environnemental de l'industrie textile a été adoptée par tous les sénateurs présents au Palais du Luxembourg, pour réguler un secteur qui brasse 3,3 milliards de vêtements par an en France.

Le texte instaure notamment l'interdiction pour les influenceurs de promouvoir les produits de mode éphémère, une mesure qui cible directement les e-commerçants chinois. La législation prévoit également la modulation des éco-contributions selon l'impact environnemental des vêtements et le renforcement de l'information des consommateurs.

La France riposte (encore) contre les géants de la fast fashion Shein et Temu

En France, on atteint une moyenne de 48 vêtements par habitant, soit une progression d'un milliard d'articles en dix ans seulement. L'industrie textile mondiale représente désormais 10% des émissions de gaz à effet de serre, dépassant l'aviation et le transport maritime réunis. Une machine infernale alimentée par des plateformes comme Shein, qui lance 7 000 nouvelles références quotidiennement.

Ce 10 juin, le Sénat a donc riposté en adoptant la proposition de loi visant à réduire l'impact environnemental de l'industrie textile. Rapportée par la sénatrice de l'Oise Sylvie Valente le Hir, cette législation attaque de face le phénomène de la « mode éphémère » et ses excès consuméristes. C'est un signal politique fort envoyé par les élus, dans un contexte où les entreprises françaises peinent à rivaliser.

Les trois piliers de cette loi dessinent une stratégie claire. Elle entend renforcer l'information des consommateurs, moduler les éco-contributions selon l'impact environnemental, et surtout interdire la publicité pour les produits relevant de la fast fashion. L'idée est de réguler un secteur devenu incontrôlable, particulièrement depuis l'arrivée massive des géants de l'empire du Milieu sur le marché européen.

La pub pour la fast fashion par les influenceurs, c'est fini © frco / Shutterstock.com
La pub pour la fast fashion par les influenceurs, c'est fini © frco / Shutterstock.com

L'interdiction des influenceurs, mesure phare du dispositif

Point très important de cette loi, l'interdiction spécifique de la promotion des produits de mode éphémère par les influenceurs. Ces derniers sont aujourd'hui « l'un des principaux relais » de marques comme Shein ou Temu, selon les sénateurs. Une cible stratégique dans un écosystème où les réseaux sociaux alimentent frénétiquement la surconsommation textile.

La France cherche un équilibre subtil entre régulation et incitation. Plutôt qu'une interdiction totale de la publicité, les sénateurs ont opté pour un encadrement ciblé, imposant notamment une « information synthétique sur l'impact environnemental » dans toute communication commerciale. La DGCCRF (Répression des Fraudes) devrait veiller au grain. Les éco-contributions seront également fléchées vers les installations de recyclage situées en France, ce qui permettra le développement de capacités nationales.

Au mois d'avril, le gouvernement avait déjà frappé fort contre les colis chinois, en annonçant un triplement des contrôles douaniers sur les colis. Reste à voir comment les plateformes concernées adapteront leurs stratégies marketing à ces nouvelles contraintes réglementaires.