Fini la compilation facile pour LineageOS ou GrapheneOS. Avec Android 16, Google ne fournit plus les fichiers clés pour ses Pixel dans l’AOSP. Une décision qui fragilise toute une partie de la communauté Android.

Pour ses Pixels, Google complique les travaux de LineageOS, GrapheneOS et autres ROM Android personnalisées. © Bangla press / Shutterstock
Pour ses Pixels, Google complique les travaux de LineageOS, GrapheneOS et autres ROM Android personnalisées. © Bangla press / Shutterstock
L'info en 3 points
  • Google ne fournit plus les fichiers clés pour les Pixel dans l'AOSP avec Android 16, compliquant le travail des développeurs de ROM alternatives.
  • Les Pixel ne sont plus le modèle de référence pour AOSP, remplacés par Cuttlefish, un appareil Android virtuel.
  • Les développeurs de ROM personnalisées doivent désormais déduire les changements à partir de binaires précompilés, rendant le processus plus complexe.

Depuis des années, les smartphones Pixel faisaient figure d’exception dans l’écosystème Android. Faciles à déverrouiller côté bootloader, bien documentés, et régulièrement mis à jour, ils servaient aussi de base de travail idéale pour les développeurs de ROM alternatives comme LineageOS ou GrapheneOS. Mais avec Android 16, la donne change. Google ne publie plus les fichiers de configuration et les pilotes nécessaires pour adapter AOSP aux Pixel. Une décision stratégique qui complique sérieusement la tâche des développeurs et marque un tournant dans la relation entre Google et sa propre communauté open source.

Les Pixel ne sont plus le modèle de référence pour AOSP

Le code source d’Android 16 a bien été publié dans l’AOSP sous licence Apache 2.0 comme les versions précédentes, mais plusieurs éléments habituellement fournis manquent cette fois à l’appel, dont l’arborescence matérielle des Pixel, les binaires de pilotes propriétaires associés et l’historique complet des modifications du noyau Linux, réduit à un seul commit.

Des éléments pourtant essentiels pour compiler une version fonctionnelle d’Android à destination d’un modèle spécifique. Officiellement, Google justifie ce retrait par un changement d’approche : les Pixel ne sont plus le matériel de référence pour AOSP. L’entreprise mise désormais sur Cuttlefish, un appareil Android virtuel qui s’exécute sur PC, censé offrir un environnement plus neutre, plus flexible et indépendant de toute plateforme matérielle, y compris celle de Google.

« Certains spéculent sur l'abandon d'AOSP. Soyons clairs : AOSP ne disparaîtra pas. AOSP a été conçu comme une plateforme ouverte pour les fabricants de matériel, les fournisseurs de SoC et les différentes architectures d’instruction », a tenté de rassurer Seang Chau, vice-président et directeur général de la plateforme Android. Avant de préciser quand même : « AOSP a besoin d’un appareil de référence flexible, configurable et abordable – indépendant de tout matériel spécifique, y compris ceux de Google. »

L’entreprise continuera également de maintenir les images système génériques (GSI) à destination des fabricants et des développeurs tiers.

En soi, la logique se tient. Cuttlefish peut évoluer sans dépendre d’un fournisseur de puces ou de pilotes, et reste accessible à toute la communauté. Mais dans les faits, cette décision prive aussi les développeurs d’un point d’appui précieux, les Pixel ayant longtemps servi de base stable, documentée et facilement exploitable.

Un coup dur pour les développeurs de ROM personnalisées

Du côté des projets communautaires, le ton est plus amer. Nolen Johnson, contributeur historique de LineageOS, déplore que le travail sur les smartphones Pixel devienne « pénible » à l'avenir. Jusqu’ici, il suffisait en effet de récupérer les configurations publiées par Google, de les modifier, puis de compiler. Désormais, les développeurs devront repartir des fichiers d’Android 15 et tenter de déduire, chaque mois, les changements à appliquer à partir de binaires précompilés.

L’absence d’historique détaillé du noyau prive également la communauté d’un outil indispensable à l’analyse des correctifs de sécurité, à l’identification des bugs et à la transposition de certaines modifications sur d’autres appareils. Par là même, sans accès aux binaires des pilotes propriétaires, la stabilité et la compatibilité peuvent vite devenir aléatoires.

Alors certes, Google n’a jamais été tenue de publier ces fichiers. Mais pendant des années, elle l’a fait, précisément parce que les Pixel faisaient office de vitrine technique pour AOSP. Ce changement de politique ne signe pas la fin du projet open source, mais il redéfinit clairement les règles du jeu. Dorénavant, développer une ROM personnalisée ne sera plus une formalité, mais un chantier de plus, comme sur le reste du parc Android.

Quels sont les meilleurs smartphones Android ?
À découvrir
Quels sont les meilleurs smartphones Android ?

05 février 2025 à 11h23

Comparatif