Le Parlement britannique a adopté le projet de loi sur les données sans l'amendement réclamé par les artistes. Sir Elton John, Dua Lipa et Sir Paul McCartney voulaient obliger les entreprises tech à déclarer leur usage d'œuvres protégées pour entraîner leurs IA.

Dua Lipa, représentée ici en cire au musée de Madame Tussaud (New Yorkk), n'est pas restée de marbre quand laPPL sans l'amendement qu'elle et ses colègues artistes demandaient concernant les droits d'auteurs et l'IA -  - ©John Arehart / Shutterstock
Dua Lipa, représentée ici en cire au musée de Madame Tussaud (New Yorkk), n'est pas restée de marbre quand laPPL sans l'amendement qu'elle et ses colègues artistes demandaient concernant les droits d'auteurs et l'IA - - ©John Arehart / Shutterstock
L'info en 3 points
  • Le Parlement britannique a adopté une loi sur les données sans l'amendement réclamé par des artistes comme Elton John, qui voulaient que les entreprises tech déclarent l'utilisation d'œuvres protégées pour entraîner leurs IA.
  • Les artistes craignent que leurs œuvres soient utilisées gratuitement par les géants de la tech, menaçant l'industrie créative britannique évaluée à 124 milliards de livres sterling.
  • Le gouvernement a privilégié la compétitivité technologique, craignant que l'amendement freine le secteur de l'IA, tout en promettant une consultation future sur le droit d'auteur.

Le gouvernement britannique a finalement eu le dernier mot. Après un mois de va-et-vient entre la Chambre des communes et la Chambre des lords, le projet de loi « Données (utilisation et accès) » est passé sans l'amendement défendu par une coalition d'artistes de renom. Sir Elton John, Sir Paul McCartney, Dua Lipa et leurs soutiens parlementaires réclamaient une obligation pour les entreprises technologiques de révéler leur utilisation de contenus protégés par le droit d'auteur lors de l'entraînement de leurs outils d'intelligence artificielle.

Cette bataille législative opposait deux visions du développement technologique britannique. D'un côté, les créateurs britanniques craignaient de voir leurs œuvres utilisées gratuitement par les géants de la tech pour former des IA capables de les imiter. De l'autre, le gouvernement privilégiait la compétitivité du Royaume-Uni dans la course mondiale à l'IA.

Les artistes britanniques redoutaient un « vol à grande échelle »

Sir Elton John a utilisé des mots très durs auprès de la BBC. Le chanteur a qualifié la situation de « vol, [de] larcin à grande échelle ». Selon lui et ses alliés, les entreprises technologiques auraient eu « carte blanche » pour piller le patrimoine créatif britannique sans compensation. Ces contenus serviraient ensuite à entraîner des IA capables de reproduire le style des artistes humains, mettant potentiellement ces derniers au chômage.

En mai dernier, comme on vous le racontait sur Clubic, celui qui jouait du piano debout il n'avait pas été moins tendre avec ce projet qui entendait assouplir les règles en matière d'utilisation des créations originales dans le but d'entraîner les IA. Il avait alors rué dans les brancards gouvernementaux et carrément comparé l'initiative à un « vol criminel ».

Rarement avait-on vu autant de stars britanniques s'unir sur un sujet politique aussi technique. Leur combat n'avait qu'un but, celui de protéger une industrie créative évaluée à 124 milliards de livres sterling et employant 2,4 millions de personnes au Royaume-Uni. La baronne Kidron, cinéaste à l'origine de l'amendement, continue de défendre cette position. Elle considère l'adoption du projet de loi comme « une victoire à la Pyrrhus » pour le gouvernement.

Sir Elton John s'était déjà vertement exprimé contre ce projet gouvernemental sur l'IA et le droit d'auteur - ©Drop of Light / Shutterstock

Le gouvernement privilégie la compétitivité technologique

Les autorités britanniques ont justifié leur refus par des arguments économiques. Elles craignaient qu'un tel amendement « étouffe le secteur de l'IA » et laisse le Royaume-Uni « à la traîne dans ce secteur lucratif et en plein essor ». On voit bien que la perfide Albion se rebiffe et donne la priorité à la compétitivité face aux développeurs d'IA américains qui dominent actuellement le marché.

Le ministère des Sciences, de l'Innovation et de la Technologie (DSIT) a d'ailleurs salué l'adoption du projet de loi. « Ce projet de loi vise à utiliser les données pour développer l'économie et améliorer la vie des gens, de la santé aux infrastructures, et nous pouvons désormais nous atteler à cette tâche », a déclaré un porte-parole. Le gouvernement promet par ailleurs une consultation séparée sur le droit d'auteur et prépare un projet de loi spécifique sur l'IA.

Owen Meredith, directeur général de la News Media Association, a prévenu que la bataille continue. Selon lui, le projet de loi envoie un « message clair » montrant que « le Parlement et les 2,4 millions de travailleurs créatifs du Royaume-Uni se battront sans relâche pour garantir que notre loi sur le droit d'auteur, de renommée mondiale, soit appliquée ». La baronne Dido Harding a été encore plus directe à la Chambre des Lords. « On nous répète sans cesse que l'IA va tout changer, ce qui, je le crains, signifie que nous en discuterons lors des débats sur chaque projet de loi. Nous finirons par l'emporter ».

Il faut dire que le projet de loi adopté contient d'autres mesures importantes. Il introduit de nouvelles règles sur l'accès aux données d'enfants décédés pour leurs parents endeuillés. Il facilite aussi le partage de données patients entre les fiducies du NHS. Une cartographie 3D souterraine des canalisations et câbles britanniques devrait améliorer l'efficacité des travaux routiers.

Source : BBC