Sodern va, dès le mois prochain, commercialiser Astradia, un viseur d'étoiles capable de naviguer de jour comme de nuit, sans GPS. La start-up française compte sur cette technologie pour sécuriser l'aéronautique civile et militaire.

Voici le viseur diurne de Sodern, capable de fonctionner de jour, comme de nuit. © Sodern / Clubic
Voici le viseur diurne de Sodern, capable de fonctionner de jour, comme de nuit. © Sodern / Clubic

L'ère du GPS tout-puissant touche-t-elle à sa fin ? On s'avance un peu, mais Sodern semble le croire. La start-up française, filiale d'ArianeGroup, va commercialiser son viseur d'étoiles baptisé Astradia. Ce dernier, qui est capable de fonctionner en plein jour, pourrait bien changer la donne dans un secteur aéronautique de plus en plus préoccupé par la vulnérabilité des systèmes satellitaires traditionnels. Une petite révolution made in France, donc.

Astradia remplace le GPS, jugé trop vulnérable, par la navigation stellaire

Nos systèmes de navigation actuels sont un peu devenus des colosses aux pieds d'argile, voilà le constat fait par Sodern. GPS, Galileo et les autres systèmes de géolocalisation satellitaires peuvent être aussi bien brouillés, piratés ou tout simplement indisponibles au moment crucial. Avec Astradia, la start-up française nous propose une alternative diurne audacieuse, en scrutant directement la voûte céleste, même en pleine journée donc.

Vous allez comprendre que cette prouesse technique n'est pas née de nulle part. Sodern capitalise sur des décennies d'expertise spatiale et plusieurs milliers de viseurs d'étoiles déjà déployés dans l'espace. Les algorithmes de détection stellaire, rodés par l'expérience spatiale, trouvent aujourd'hui une nouvelle application dans notre atmosphère terrestre.

Le principe est, de notre point de vue, plutôt ingénieux. Couplé à une centrale inertielle, Astradia fournit une mesure d'attitude absolue qui corrige en permanence les dérives naturelles des capteurs inertiels. Cette synergie « inertie-viseur » délivre chaque seconde des mesures très précises, de l'ordre de quelques secondes d'arc, soit l'équivalent d'un mètre à 70 kilomètres de distance. De quoi faire pâlir d'envie bien des systèmes conventionnels, vous en conviendrez.

Un système qui n'émet pas d'ondes et peut résister aux brouilleurs

Pesant moins de trois kilos et du haut de ses modestes dimensions (176 x 185 x 207 mm), Astradia se glisse facilement dans tous types d'aéronefs. Sa miniaturisation lui ouvre des perspectives inédites, que ce soit à bord de drones de surveillance ou d'avions de ligne, en passant par les applications militaires les plus sensibles.

L'avantage stratégique devient d'un seul coup considérablement, puisque contrairement aux systèmes GPS, Astradia n'émet aucune onde, de quoi garantir la discrétion totale du porteur, face aux brouilleurs par exemple. Une caractéristique qui intéressera autant les forces armées que les opérateurs civils soucieux de cybersécurité. Le système fonctionne en plus partout sur Terre, océans compris, sans nécessiter de mise à jour cartographique.

La commercialisation du viseur d'étoiles interviendra au mois de juin, en marge du Salon du Bourget, au tarif d'environ 250 000 euros hors taxes pièce. Un investissement conséquent, certes, mais justifié par les enjeux de sécurité croissants. Peut-être Sodern marquera-t-elle un tournant historique pour la navigation aéronautique.